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Souligné par de nombreux et récents rapports, le stockage d’électricité paraît indispensable pour répondre aux besoins accrus de flexibilité des réseaux électriques et d’intégration des énergies renouvelables (page 18). Le marché du stockage commence ainsi à se développer, porté notamment par le segment de l’électromobilité (page 28). En Europe, quelques gigafactories ont déjà vu le jour, et de nombreuses sont en cours de construction (page 20). Le recours au stockage peut également être pertinent pour stabiliser la fréquence du réseau électrique à moindre coût (page 22), ou pour décarboner certaines activités nécessitant encore des groupes électrogènes diesel (page 23). La R&D dans ce secteur reste toujours en pleine ébullition afin de concevoir des dispositifs les plus performants, à l’image du système de stockage de l’électricité sous-marin de Segula Technologies (page 24). Enfin, la technologie vehicule-to-grid pourrait contribuer à ajuster en temps réel l’équilibre production-consommation. RTE a en effet confirmé ce potentiel en autorisant la participation de véhicules électriques du parc à la réserve primaire (page 26).
Édito
Clément CyglerUn risque de pénurie avéré
Le développement des applications de stockage stationnaire et de la mobilité électrique va engendrer un besoin conséquent de production de batteries. La question de l’accès aux matières premières pour leur fabrication se pose et est même de plus en plus pressante. Selon le rapport « Sécurisation de l’approvisionnement en matière premières minérales » de l’industriel Philippe Varin, remis au Gouvernement français mi-janvier, l’Europe ne produira pas plus de 30 % de ses besoins en minerais stratégiques pour les batteries électriques en 2030. Lithium, cobalt ou nickel devront donc être importés massivement pour répondre à ces nouveaux besoins. Et au vu des nombreuses annonces de projets de gigafactories en Europe – une petite quarantaine prévue –, le risque de pénurie en minerais pourrait même être renforcé dans un avenir proche. Suite aux conclusions de ce rapport, le Gouvernement français a souhaité rapidement réagir et a défini plusieurs propositions d’actions. Parmi celles-ci, le lancement des travaux préparatoires à la constitution d’un fonds d’investissements dans les métaux stratégiques pour la transition énergétique, la constitution d’un observatoire des minerais critiques ou encore l’élaboration d’une feuille de route technologique, partagée entre les industriels et la recherche publique, relative aux métaux des prochaines générations de batteries. Le plan d’investissement France 2030 mobilisera par ailleurs une enveloppe de 1 milliard d’euros (500 millions d’euros d’aides d’État et 500 millions d’euros de fonds propres) « pour renforcer la résilience du tissu industriel sur les chaînes d’approvisionnement en métaux ». Cette somme permettra entre autres de financer l’ouverture d’un premier appel à projets ciblé sur les minerais à destination des filières industrielles stratégiques. Mais est-ce que cela sera suffisant pour combler le retard de la France, et plus largement de l’Europe, par rapport à des pays comme la Chine ? Rien n’est moins sûr !