L’économie circulaire, un maillon essentiel du renouvellement urbain

15 07 2021
Clément Cygler
Bellastock
À Stains, la Fabrique au Clos n’est pas seulement un chantier expérimental, mais également un lieu de convivialité et de sensibilisation sur les démarches associant économie circulaire et urbanisme..

L’importance des chantiers de renouvellement urbain menés actuellement a mis en évidence le nécessaire recours à l’économie circulaire pour limiter les impacts liés à la démolition et à la construction de milliers de bâtiments. En Seine-Saint-Denis, Plaine Commune a lancé plusieurs actions afin de mieux s’appuyer sur cette démarche d’économie circulaire appliquée à l’urbanisme.

110 000 logements à démolir, 100 000 à construire, 150 000 à rénover ! Le Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU) prévoit d’ici 2030 la transformation profonde de plus de 450 quartiers prioritaires de la politique de la ville en intervenant fortement sur l’habitat et les équipements publics. Pour minimiser l’impact environnemental du renouvellement urbain, mais également pour répondre aux enjeux sociaux et économiques de ces quartiers, l’économie circulaire apparaît comme une solution incontournable. « Avec les 110 000 démolitions, le gisement de matériaux qu’il faudra valoriser sera important. Il faut donc se saisir dès maintenant et collectivement de ces opportunités, de l’ampleur de ces projets urbains pour faire de l’économie circulaire en encourageant la déconstruction sélective et en favorisant le réemploi », indique Jean-Benoît Cariou, chargé de mission Innovation et Transition Écologique à l’Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru) qui encadre le NPNRU. Depuis 2014 et le lancement du nouveau programme, de nombreux appels à projets et à manifestation d’intérêt ont été lancés par l’Anru mais également par l’Ademe afin de mobiliser les collectivités sur cet enjeu.

Accompagner les acteurs

En Seine-Saint-Denis, Plaine Commune qui réunit neuf communes*, a souhaité s’engager et s’appuyer très tôt dans cette démarche liant économie circulaire et urbanisme. Et pour cause, cet établissement public territorial qui pilote 26 projets de rénovations urbaines (NPNRU), verra 40% de son territoire se transformer ces prochaines décennies. Dès 2015, une première étude portant sur le « Métabolisme urbain » a été menée pour visualiser les flux entrants et sortants de matériaux, suivie du lancement d’un plan d’actions opérationnelles en 2017. « Cette démarche d’économie circulaire permet la soutenabilité de notre modèle d’aménagement actuel. Il faut considérer les bâtiments, non comme des sources de déchets mais comme une mine urbaine dans laquelle on peut piocher pour reconstruire le territoire », précise Justine Emringer, cheffe de projet Métabolisme urbain à Plaine Commune. Outre les bénéfices classiques du réemploi (atténuation de l’impact, limitation des déchets), il y a également un enjeu important dans ces quartiers d’amélioration de l’attractivité, de dynamisme économique et de développement des filières locales. Plusieurs axes de travail ont ainsi été explorés ces dernières années, notamment la recherche de synergies interchantiers à partir de 30 sites pilotes, la mise en place de filières locales de réemploi et l’identification d’espaces de stockage, de tri et de valorisation.
Le rôle de la collectivité est également d’accompagner la montée en compétences des acteurs. « On fait signer à nos partenaires des chartes Économie circulaire avec des exigences assez simples mais systématisées sur tous les chantiers des territoires pour un effet de masse et de volume », détaille Justine Emringer. Des diagnostics ressources et déchets sont organisés sur tous les chantiers de démolition, une démarche de recherche de réemploi et de recyclage est également exigée. Plaine Commune impose dans les constructions neuves d’avoir 1 % de réemploi et de réutilisation et un minimum de 5 % de matières recyclées dans le béton utilisé. « Ces proportions peuvent apparaître bien faibles, mais au vu du nombre de chantiers et de leurs importances, le volume devient conséquent et cela permet à la filière de se structurer », estime la cheffe de projet.

La Fabrique au Clos

Fabrique au clos 2
Fabrique au Clos © Bellastock

Le travail et les réflexions de Plaine Commune ont débouché sur la réalisation de plusieurs projets innovants d’économie circulaire, notamment ceux du Clos Saint-Lazare à Stains. Sur ce quartier prioritaire, 128 démolitions sont prévues. En 2016, lors de la démolition d’une tour de onze étages, un premier diagnostic ressource a mis en évidence un potentiel de réemploi, notamment du béton. Fort de ce constat, le bailleur Seine-Saint-Denis Habitat et Plaine Commune, en partenariat avec l’entreprise Bellastock, société coopérative d’intérêt collectif d’architectes, ont lancé une phase d’expérimentation portant sur la valorisation de ce matériau. Cette dernière a donné naissance à la « Fabrique au Clos » dont le projet s’implante sur une friche de 900 m² appartenant à SSDH et vacante depuis qu’une tour y a été démolie. Ce site sert à la fois de recyclerie (stockage de matériaux issus de la démolition), de site d’expérimentation de prototypes en matériaux de réemploi pour les futurs espaces urbains et les bâtiments du quartier. Plusieurs prototypes de réemploi à partir de béton ont été créés, notamment des maçonneries paysagères, des revêtement de sols, et même des locaux non chauffés.

Cette Fabrique au Clos n’est pas seulement un équipement de chantier expérimental, mais également un lieu de convivialité, d’espace de formation, et de sensibilisation sur les actions menées. En profitant des nouveaux matériaux issus des démolitions de 2020-2021, de nouveaux chantiers d’insertion plus conséquents vont ainsi être réalisés, avec l’objectif notamment de valider la maîtrise de procédés constructifs de type dallage et pavage pour des aménagements de voiries. Des opérations en conditions réelles de chantier sont par ailleurs envisagées sur la période 2021-2024 dans les quartiers du Clos Saint-Lazare afin de capitaliser sur les projets réalisés et pérenniser la filière locale de réemploi.

* Aubervilliers, Épinay-sur-Seine, L’Île-Saint- Denis, La Courneuve, Pierrefitte-sur-Seine, Saint-Denis, Saint-Ouen-sur-Seine, Stains et Villetaneuse.

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