Pour renouveler ses groupes électrogènes, Enedis mise sur les batteries
Pour remplacer son parc de groupes électrogènes diesel, Enedis se penche sur les batteries. En plus d’avoir zéro émission directe et d’être plus agréable pour les riverains, ces technologies s’accordent parfaitement aux énergies renouvelables.
Enedis s’est engagé dans une démarche de restriction d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Cette entreprise, chargée de la gestion et de l’aménagement de 95 % du réseau de distribution d’électricité en France, cherche à réduire 20 % de ces émissions d’ici 2025. Un défi que la filiale d’EDF souhaite relever par différentes approches, dont le changement de ces groupes électrogènes. « L’ambition est de remplacer les groupes électrogènes classiques au diesel par des solutions zéro émission directe, sans dégrader le niveau de service apporté, décrit Sébastien Cantet, chargé du projet chez Enedis. Les groupes électrogènes ne participent que pour une petite partie du CO2 émis mais il s’agit aussi de contrer des effets néfastes des versions actuelles : le bruit et les odeurs notamment. »
Trois quarts des usages couverts
Typiquement les groupes électrogènes sont utilisés pour deux raisons par Enedis. D’abord, lors d’événements climatiques où il y a des incidents, ils servent de secours. « Ils peuvent alimenter des poches de réseaux qui auraient été coupés du circuit habituel à cause de la chute d’un arbre par exemple », illustre Sébastien Cantet. Ensuite, ils sont utilisés dans le cas de travaux programmés ou de maintenance sur le réseau. « Aujourd’hui, on voit qu’avec les groupes électrogènes zéro émission que nous testons, nous devrions couvrir les trois-quarts des travaux programmés. On n’arrivera pas à couvrir 100 % de nos usages, notamment dans le cas de gros incidents climatiques où l’on a besoin de groupes électrogènes sur plusieurs semaines. Là, les groupes diesel conventionnels seront encore nécessaires. »
Différentes approches
Pour remplacer ces groupes électrogènes, Enedis travaille sur plusieurs options. L’entreprise est actuellement dans une phase d’expérimentation. L’objectif est de tester différentes technologies sur le terrain afin de voir si elles fonctionnent avec les contraintes de l’entreprise, en vue de l’industrialisation. « Notre premier modèle est une batterie nickel-sodium de 60 kW qui est en expérimentation dans le Sud de la France depuis l’été dernier », précise le directeur du projet. Ce groupe électrogène a été construit avec l’aide de l’industriel Schneider.
Un second modèle lithium-ion d’une puissance de 400 kW, pour deux heures d’utilisation à puissance maximale, aura aussi le droit à une utilisation sur le terrain, dans la région Centre-Val-de-Loire, d’ici à la fin du semestre. « Un troisième modèle [lithiumion aussi], créé avec un autre constructeur, sera aussi testé avant la fin du mois dans la région Pays de la Loire. Il produit 160 kW pour trois heures d’autonomie à pleine puissance. Il peut être déposé directement sur les chantiers même si pour les premières utilisations, nous le laisserons sur un porteur. C’est une version intermédiaire entre les deux autres. »
L’encombrement est une des difficultés que rencontre le gestionnaire de réseau, mais il parie sur l’évolution des technologies pour pallier ce manque de maturité. « Et quand on voit l’évolution des technologies des batteries sur les dernières années, on peut être confiant », souligne Sébastien Cantet. La durée limitée des batteries et l’impossibilité de les réalimenter directement lors de leur utilisation restent les plus grands inconvénients des technologies développées. Ainsi Enedis travaille aussi sur des piles à combustible hydrogène qui, dans une certaine limite, pourront être rechargées directement sur les chantiers. « De plus, cette technologie est couplée à une batterie, explique le responsable du projet. Donc, comme dans le cas de nos autres prototypes, elles auront l’avantage de pouvoir réguler le réseau, notamment en présence de sources d’énergie renouvelable. Lorsqu’une surcharge de réseau arrive, les batteries peuvent l’utiliser pour se recharger au contraire des groupes diesel. Cela permet de tirer profit des EnR connectées au réseau. »