« La crise ukrainienne pourrait accélérer les EnR européennes », estime Emmanuel Grand
L’invasion de l’Ukraine par la Russie se poursuit déstabilisant toujours plus les marchés de l’énergie. Emmanuel Grand, économiste spécialisé dans le secteur de l’énergie du cabinet de conseil FTI Consulting, revient pour Énergie Plus sur les conséquences de cette guerre, qui pourrait permettre à l’Europe de déployer plus rapidement le renouvelable, avec potentiellement plus de difficultés.
Quel est le contexte actuel du marché du gaz en Europe, en particulier depuis l’invasion russe de l’Ukraine ?
Emmanuel Grand : Je pense qu’on ne peut pas faire l’économie de regarder ce qui s’est passé en 2021 pour comprendre le marché et le niveau des prix aujourd’hui. Il y a eu l’année dernière une reprise de la demande importante en Asie, avec un fort dynamisme de la demande chinoise, et un retour aux consommations pré-pandémique en Europe et aux États-Unis. Alors que le prix du gaz n’avait jamais atteint 40 € du mégawattheure depuis 15 ans, cela fait six mois qu’il évolue entre environ 80 et 200 €/MWh.
Aujourd’hui, le gaz russe continue de couler vers l’Europe, mais l’anticipation d’une coupure potentielle pèse sur le marché. Il y a une forme de spéculation qui se met en place car avoir du gaz maintenant et le mettre en stock semble plus sûr que d’attendre une livraison dans quelques mois. Parallèlement, le projet européen REPowerEU vise à réduire drastiquement la dépendance du continent au gaz russe. Or, la Russie est l’un des plus gros producteurs mondiaux de gaz, et la majorité de ses exports sont envoyés à l’Europe par gazoducs. S’il n’a plus de débouchés au bout du gazoduc, ce gaz russe ne va pas pouvoir trouver rapidement d’autre client, il ne sera donc pas exploité à son plein potentiel. Cela risque de retirer une offre importante du marché mondial entraînant un déséquilibre et une montée des prix.
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