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L'enquête du 681e numéro d'Énergie Plus porte sur un terme de plus en plus présent dans les discours politiques et pourtant sans définition bien précise : la sobriété. Une nouvelle approche du développement durable, à ne pas confondre avec l'efficacité, que certaines communes, comme Montpellier, mettent au coeur de leur stratégie d'économie d'énergie. Autre moment fort de votre magazine, la sortie de la deuxième partie du rapport du Giec, portant sur l'adaptation au changement climatique. Sans grande surprise, ce dernier dépeint un tableau plus sombre que lors de sa dernière édition en 2014. Finalement, sur les berges du Rhône, l'expérimentation d'une nouvelle EnR s'organise. La start-up bretonne Sweetch Energy, accompagnée par la Compagnie nationale du Rhône, a annoncé le lancement d'un pilote industriel utilisant l'osmotique pour produire de l'électricité.
Édito
Clément CyglerUne résilience énergétique vite attendue
Alors que l’Europe est confrontée à une hausse importante des prix de l’énergie depuis près d’une année, la guerre en Ukraine a renforcé ce problème et les incertitudes inhérentes. « L’invasion du pays par la Russie a aggravé la situation liée à la sécurité d’approvisionnement et fait grimper les prix de l’énergie à des niveaux sans précédent », a ainsi averti Kadri Simson, commissaire en charge de l’énergie à la Commission européenne. L’Union européenne importe en effet 90 % de sa consommation de gaz, dont 45 % depuis la Russie, à des niveaux variables d’un État membre à l’autre.
Si la France est relativement peu dépendante avec seulement 17 % de gaz russe importé, d’autres pays comme l’Allemagne ou la Slovaquie le sont beaucoup plus. Il faut également rappeler que la Russie est le premier exportateur de pétrole brut vers l’Europe. S’affranchir totalement des ressources fossiles russes semble donc difficilement réalisable. Toutefois, l’invasion de l’Ukraine a rendu concrète la nécessité d’accélérer la transition vers des énergies vertes. La Commission européenne a donc proposé le 8 mars des mesures et une ébauche de plan visant à rendre l’Europe indépendante des combustibles fossiles russes avant 2030, en particulier pour le gaz. Baptisé « REPowerEU », ce plan devrait permettre d’augmenter la résilience du système énergétique du Vieux Continent.
Deux grands axes d’actions ont été proposés, notamment la diversification de l’approvisionnement en gaz, grâce à une augmentation des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) et un accroissement des volumes de production et d’importation de biométhane et d’hydrogène. Réduire notre dépense au gaz russe nécessite également de diminuer plus rapidement l’utilisation de combustibles fossiles dans les bâtiments et l’industrie, en renforçant l’efficacité énergétique, l’électrification des process et le recours aux énergies renouvelables. « Nous avons les moyens de nous passer immédiatement de ce pétrole et de ce gaz (russes), désormais tachés du sang des Ukrainiens. Cela coûtera d’autant moins cher à l’Europe que nous remplacerons ces énergies sales par de la sobriété de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables », a ainsi indiqué Thomas Pellerin-Carlin, directeur du centre énergie de l’Institut Jacques-Delors.