L'impact environnemental des datacenters : un pari perdu d'avance ?
Classés « électro-intensifs », les datacenters ont amélioré leur efficacité énergétique ces vingt dernières années. Mais alors que les services numériques ne cessent de se développer, le secteur doit relever le défi, plus large, de son impact environnemental.
La hausse des prix des énergies frappe durement les opérateurs de datacenters en France. Ces sites sont gourmands en kilowattheures pour faire tourner leurs serveurs informatiques, mais aussi leurs systèmes de refroidissement indispensables au bon fonctionnement de ces installations. En réponse au plan national de sobriété énergétique, France Datacenter a proposé de limiter début octobre le recours à la climatisation dans les centres de données, « si l’infrastructure le permet ». Selon cette association représentant les acteurs économiques de la filière, le passage de 21 à 23°C diminuerait la consommation d’énergie de l’ordre de 7 à 10 %. Une manière aussi de réduire la facture de ces installations électro-intensives. Certes, la profession bénéficie du mécanisme d’accès réglementé à l’électricité nucléaire historique (Arenh) permettant d’acheter à EDF une certaine quantité d’électricité nucléaire à prix fixe. Mais ce tarif doit augmenter de 15 % l’année prochaine…
En janvier 2022, la France comptait 264 datacenters selon le portail Statista, un chiffre qui ne comprend pas les salles informatiques propres aux administrations et aux entreprises. Le contexte de flambée des cours des énergies, mais aussi des matières premières incite plus que jamais leurs exploitants à se pencher sur leur efficacité énergétique. « La filière planche sur le sujet depuis plusieurs années, comme en témoigne le Livret des bonnes pratiques environnementales publié par France Datacenter. Par ailleurs, la consommation électrique des datacenters a plutôt tendance à se stabiliser malgré l’accroissement du nombre de serveurs. C’est le résultat de l’amélioration des performances des systèmes informatiques et des efforts des hébergeurs », insiste Géraldine Camara, déléguée générale de France Datacenter.
Inauguré le 6 octobre, le dixième centre de données francilien de l’américain Equinix incarne cette révolution vertueuse : la chaleur produite par le système de refroidissement de ses 5 500 m² sera réinjectée dans le réseau de chauffage urbain de la ville de Saint-Denis, permettant d’alimenter l’équivalent de 1 600 logements. Mais d’autres projets, aux proportions gigantesques inquiètent. Ainsi, CloudHQ, un autre fournisseur américain, compte mettre en service dans les années à venir dans l’Essonne l’une des plus grosses infrastructures françaises. Ses 48 salles informatiques (66 000 m²) nécessiteront 114 groupes électrogènes et 36 cuves de fioul… Pour inciter les exploitants de ces usines informatiques à améliorer leur bilan électrique, la question des indicateurs est primordiale. Le PUE (power usage effectiveness) est le premier paramètre mis en place par le secteur. Celui-ci mesure le ratio entre l’énergie totale consommée par les centres de données et l’énergie nécessaire au fonctionnement de ses équipements informatiques.
2 à 3 % de l’électricité mondiale
Les datacenters représentent 2 à 3 % de l’électricité consommée dans le monde et 0,4 à 0,75 % des émissions de CO2, selon le consortium international Uptime Institute. En France, un récent rapport de l’Ademe et de l’ Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) estime que le numérique est responsable de 2,5 % de l’empreinte carbone de la France et de 10 % de sa consommation électrique. Le document précise que les datacenters génèrent 4 à 20 % des impacts environnementaux, devant les réseaux (de 4 à 13 %), mais loin derrière les terminaux (écrans et téléviseurs) qui concentrent l’essentiel.
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