Une unité de méthanisation axée sur les biodéchets
CVE et Île-de-France Énergies ont inauguré une unité de méthanisation à Moret-Loing-et-Orvanne, en Seine et Marne. Spécificité de cette installation, elle valorise 50 % de biodéchets locaux issus de la restauration et de l’agroalimentaire, ainsi que des fumiers équins. Elle injecte 250 Nm³ de biométhane par heure dans le réseau de gaz.
Située à quelques kilomètres au sud de la forêt de Fontainebleau, l’unité de méthanisation de Moret-Loing-et-Orvanne injecte depuis peu dans le réseau de gaz naturel de GRDF. L’installation portée par CVE et Île-de-France Énergies est née d’abord du besoin de traiter les fumiers équins produits dans le secteur. « Ils ont longtemps eu des débouchés dans les champignonnières d’Île-de-France mais cette filière étant en déclin, les centres équestres ne savaient plus trop quoi en faire », explique Raphaël Claustre, directeur général d’Île-de-France Énergies. Baptisée Equimeth, elle a la particularité de valoriser des intrants très différents provenant d’un rayon de soixante kilomètres : fumiers de cheval, restes de restaurants collectifs, déchets agroalimentaires, issues de céréales, etc. En tout, 25 000 tonnes de matières organiques seront transformées chaque année en biogaz, puis en bio- méthane, dont 50 % de biodéchets.
Déchets solides et liquides
À l’entrée du site, les intrants sont d’abord pesés sur un pont puis sont acheminés pour être entreposés. L’unité, qui reçoit à la fois des déchets liquides et solides, dispose d’espaces de stockage en extérieur et en intérieur adaptés à chaque intrant. Une grande vis transporte les matières solides avant qu’elles ne soient incorporées. Les déchets liquides ne passent pas par cet équipement.
Amenés sous la forme d’une soupe pâteuse issue de déchets de la restauration collective et d’enseignes de distribution de grandes ou moyennes surfaces, ils sont directement injectés grâce à un système de pompage. « Le procédé se déroule donc en circuit fermé pour que les déchets ne soient jamais en contact direct avec l’air extérieur », détaille Pierre de Froidefond, co-président et fondateur de CVE. Les intrants, solides ou liquides, peuvent en outre être hygiénisés sur place. Ils sont ensuite introduits dans un digesteur et un post-digesteur de 4 250 m³ chacun. Une fois le biogaz produit, il est purifié. 250 Nm³ par heure de bio- méthane sont injectés dans le réseau. Ce gaz alimentera les communes de Moret-Loing-et-Orvanne, Saint- Mammès, Thomery, Champagne-sur- Seine, Avon et Fontainebleau, à hauteur de 15 % de la consommation en gaz de leurs habitants.
Retour au sol
« Le digestat issu du processus de méthanisation sera épandu chez vingt agriculteurs partenaires basés en Seine-et-Marne, qui versent une contribution pour financer le service de transport et d’épandage », précise Pierre de Froidefond. Il est stocké dans une cuve de 7 260 m³ . 1 000 à 1 500 hectares par an bénéficieront de cet engrais. Le projet a nécessité un investissement de 12 millions d’euros. Il a été subventionné à hauteur de 900 000 euros par la région Île-de- France qui est par ailleurs entrée au capital du projet par l’intermédiaire d’Île-de-France Énergie. Elle possède 15 % du capital. L’Ademe et le fonds européen Fesi-Feder ont ajouté respectivement 680 000 et 640 000 euros. Cette installation, outre la problématique de l’utilisation des fumiers équins, répond à l’évolution de la réglementation qui impose depuis 2016 aux producteurs de déchets organiques générant plus de dix tonnes par an de les trier à la source et d’assurer leur retour au sol. Les unités destinées à valoriser ces déchets devraient d’ailleurs se multiplier dans les années à venir. En effet, pour valoriser l’ensemble des biodéchets générés dans la région, une vingtaine de sites identiques à Equimeth devraient être construits.