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La décarbonation du secteur industriel est devenue un enjeu prioritaire, notamment dans ce contexte d’envolée des prix des énergies fossiles. Elle repose sur plusieurs grands piliers que sont l’efficacité énergétique, la récupération et la valorisation de chaleur fatale et renouvelable, l’électrification des procédés et la substitution des énergies fossiles par de la biomasse. Ce concept assez large nécessite ainsi de réfléchir attentivement aux stratégies à mettre en place et aux objectifs à se fixer (page 18).
Pour aider les salariés à prendre en main ce sujet complexe et technique, une formation alliant théorie et pratique est dispensée dans le cadre du programme Prorefei (page 22). À Châteauroux, la verrerie Pyrex s’est par exemple lancée dans une démarche d’électrification de son four depuis plusieurs années (page 20).
Les industriels de l’agro-alimentaire sont également très moteurs sur ces démarches comme en témoignent les actions menées par la Lampaulaise de Salaison (page 24), la fromagerie Milleret (page 26) ou encore la brasserie Licorne (page 28). Le secteur tertiaire est lui aussi concerné par cet enjeu de décarbonation. La patinoire de la communauté urbaine de Caen-la-mer a récemment renouvelé ses installations de réfrigération avec à la clé des économies d’énergie et d’émissions polluantes (page 31). Enfin, il est possible de créer un datacenter à énergie positif, un modèle à répliquer (page 32).
Édito
Clément CyglerTaxer les super-profits ?
En 2021, le prix du gaz en France avait augmenté de 41 %, celui de l’essence de 21 % et celui de l’électricité de 4 %. Cette tendance de maintien à un coût très élevé, notamment pour le gaz, et possiblement d’une nouvelle hausse, devrait se poursuivre pendant au moins une année en raison des tensions d’approvisionnement résultant de la guerre en Ukraine menée par la Russie. Les bénéfices des mesures portées par la nouvelle stratégie énergétique de la Commission européenne pour accélérer le développement des énergies renouvelables électriques et économiser à court terme 200 TWh de gaz, ne seront en outre pas immédiats.
Face à cette situation, le Gouvernement a mis en place des stratégies dont le coût est estimé à près de 26 milliards d’euros en 2022 : 10 Md€ pour le plafonnement du prix du gaz ; 10 Md€ pour le plafonnement des tarifs réglementés de l’électricité, 2,8 Md€ pour la ristourne de 15 centimes par litre de carburant ou encore 3 Md€ pour l’indemnité inflation. Grâce notamment à la hausse de recettes fiscales résultant de celle des prix des énergies, 13 Md€ de recettes publiques supplémentaires seraient ainsi directement mobilisables.
Pour financer une partie du reste, la Commission européenne et l’OCDE ont incité leurs États membres à mettre en place des taxes exceptionnelles sur les super-profits des entreprises énergétiques. « À l’heure où l’on demande des efforts aux ménages, il est temps de mettre aussi les grandes entreprises énergétiques à contribution, en taxant leurs super-profits. Non seulement leurs ventes contribuent au changement climatique et nous fragilisent face à la Russie, mais ces entreprises sont paradoxalement celles qui bénéficient le plus des prix élevés des énergies. Cette taxe permettrait de financer les actions de transition énergétique et de soutien aux ménages impactés », estime Anne Bringault, coordinatrice des programmes au Réseau Action Climat. Pour l’instant, seul l’Espagne a déjà mis en place cette mesure. Espérons que la France suive !