L’avenir des groupes électrogènes passe par l’hydrogène
Pour remplacer les générateurs diesel bruyants et polluants, de plus en plus d’acteurs de la construction, du spectacle ou de la gestion de réseaux électriques commencent à se tourner vers des groupes électrogènes à hydrogène équipés de piles à combustible. Ce marché balbutiant doit encore se structurer mais entrevoit un potentiel considérable.
Lors du festival WeLoveGreen qui s’est tenu dans le bois de Vincennes du 2 au 5 juin, les spectateurs ont pu profiter de concerts alimentés par de l’électricité bas carbone. Traditionnellement, les événements éphémères qui ne peuvent pas se relier au réseau électrique ont pris l’habitude de recourir à des groupes électrogènes brulant du diesel. Cette solution polluante et bruyante a été abandonnée par les organisateurs au profit de panneaux photovoltaïques associés à des batteries, de générateurs alimentés par de biocarburants composés à 100 % de colza français ou par de l’hydrogène issu d’électrolyse. Les effets de lumières et la sonorisation du festival de musique étaient donc assurés par un générateur équipé d’une pile à combustible (PAC) de 20 kW. Avec, à la clé, un meilleur bilan carbone et moins de bruit autour des scènes.
Ces générateurs se développent aussi sur d’autres marchés. « En France, outre l’évènementiel, le bâtiment est un débouché important. Une de nos machines est également en test chez Enedis pour alimenter les usagers lors des travaux de maintenance sur le réseau électrique », explique Thibault Tallieu, directeur Marketing et Communication chez EODev. Cette technologie peut aussi servir de solution de secours pour pallier aux défaillances des réseaux. Aux États-Unis notamment, où ils sont souvent vétustes, elle peut être utilisée dans ce but. D’autant plus que lors des fortes chaleurs, les exploitants coupent parfois le courant pour éviter des incendies dans les transformateurs. Ces équipements peuvent également remplacer le diesel dans des systèmes de secours pour les hôpitaux, les gendarmeries, les casernes de pompiers, les datacenters ou le secteur de l’alimentaire pour la réfrigération.
Mais ces applications ne semblent pas forcément adaptées à un pays comme la France où le réseau est stable, les coupures rares, et où les solutions de backup ne tournent que quelques heures par an. Dans ces conditions, la pollution émise par un générateur diesel reste assez limitée. Enfin, les générateurs à hydrogène présentent un intérêt pour les sites qui ne sont pas du tout reliés au réseau comme des refuges en montagne. Un système exploité par EDF Systèmes énergétiques insulaires est par exemple installé dans le cirque de Mafate, sur l’île de la Réunion.
Un contexte favorable
Les premières entreprises se sont positionnées sur le secteur dès 2016. Depuis, le contexte est devenu de plus en plus favorable à son essor. « En 2018, un plan de 100 millions d’euros a été mis en oeuvre par le Gouvernement pour développer la filière hydrogène. En 2020, un second plan de 7,2 milliards a été annoncé. Cela a créé un engouement autour de l’hydrogène et a incité de nouveaux acteurs à s’intéresser notamment aux piles à combustible », relate Rémi Courbun, chargé de mission chez France Hydrogène. Dans le même temps, la législation a évolué pour réduire les émissions de polluants dans les zones urbaines.
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