Pour WWF, un tiers de l’énergie de 2050 proviendra de la biomasse

18 02 2022
Simon Philippe
Kletr/AdobeStock

En partenariat avec Solagro, WWF France a réalisé une étude prospective sur la consommation énergétique de biomasse par la France à l’horizon 2050. Résultat : 30 % des besoins pourraient être couverts par cette solution, la moitié provenant de l’agriculture, l’autre des forêts.

La biomasse est la plus ancienne source d’énergie utilisée par l’homme. Aujourd’hui, elle est l’énergie renouvelable la plus utilisée en France, et peut-être sera-t-elle l’une des solutions dans la lutte contre le réchauffement climatique. Pour valider cette hypothèse, la branche française de WWF, en partenariat avec l’association Solagro, a lancé en 2020 une étude pour estimer la quantité de biomasse mobilisable pour l’énergie en France métropolitaine à l’horizon 2050. « À travers cette nouvelle étude, le WWF France met en évidence que les gisements de biomasse agricole et forestière pourraient couvrir environ 30 % de la consommation énergétique finale de la France en 2050, soit environ 270 TWh/ an », décrivent les auteurs. En effet, d’après la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), la consommation énergétique devrait chuter à 930 TWh/an à cette période.

L’agriculture comme levier

« L’évolution des systèmes agricoles permet de dégager un volume de biomasse utilisable pour l’énergie correspondant à presque 15 % de la consommation énergétique de la France en 2050 », estime ce rapport. Pour arriver à ce nombre, l’étude s’est d’abord appuyée sur les estimations des besoins alimentaires des Français en 2050, réalisées dans le cadre du scénario « Pulse Fiction » de WWF et Solagro. En garantissant l’accès à une alimentation répondant à des besoins nutritionnels, tant en qualité qu’en quantité, « entre 45et 50 mégatonnes de biomasse (matière sèche) [sera] mobilisable par an, soit environ un tiers du surplus produit ».

Cette hausse sera rendue possible grâce aux modifications des habitudes agricoles : baisse de la consommation de produits d’origine animale, évolution vers des élevages extensifs, passage à une agriculture biologique et de conservation. Ces changements permettent ainsi de dégager de la matière des ressources fourragères, du fumier, des résidus de culture et des déchets de l’industrie agroalimentaire.

De plus, s’il suit ce scénario, le secteur agricole devrait diminuer de 55 % ces émissions de gaz à effet de serre et de 45 % sa consommation d’énergie annuelle. Aujourd’hui, l’alimentation en France représente 24 % des émissions de GES. Au total, entre 120 et 130 TWh/an serait ainsi utilisable pour d’autres usages en 2050. « La biomasse serait principalement fléchée vers le développement d’unités de méthanisation, pour 100 à 110 TWh/an », indique l’étude. Une autre partie de 15 TWh/an sera quant à elle destinée aux biocarburants de seconde génération, « principalement utilisés par le secteur aéronautique qui peine à trouver des alternatives aux carburants fossiles ».

S’appuyer sur les forêts

L’autre moitié de l’énergie de biomasse serait issue de la gestion durable des forêts et de la revalorisation de certaines filières. Le rapport prévoit dans un premier temps, la sauvegarde de 25 % de la surface forestière du territoire qui « est laissée en libre évolution pérenne ». Pourtant, les taux de prélèvements restent relativement les mêmes, avec une qualité d’exploitation relevée. En effet, « 50 % des volumes de bois d’oeuvre sont d’origine feuillue, soit le triple du volume actuel », prévoit l’étude.

Aussi, une modification de certains secteurs industriels est jugée nécessaire, que ce soit au niveau des exportations et des importations de bois qui doivent être diminuées, la substitution du plastique par du carton et papier ou encore la formation des menuisiers et des architectes à l’utilisation de feuillu dans le bâtiment. « En 2050, le volume de bois attribué à des usages énergétiques serait de 52 millions de mètres cubes équivalent bois rond par an (13,2 Mm3 proviennent directement d’une exploitation en forêt dédiée à l’énergie ; 31,8 des connexes des industries du bois et du papier-carton, et 7 du bois récolté hors forêt). » En conclusion, le rapport précise que, évidemment, la valorisation de la biomasse en énergie ne doit pas se faire au détriment des contraintes alimentaires et des territoires, ni de la biodiversité.

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