The Mobility House

Numéro 739

15 04 2025

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Dans le numéro d’avril, Énergie Plus revient sur le vehicle-to-grid. Perçu comme un complément au pilotage des recharges électriques, le vehicle-to-grid est censé offrir un nouveau levier de flexibilité au réseau. Un à un, des freins à son déploiement se lèvent. Mais quelle place le système électrique lui accordera-t-il vraiment ? Énergie Plus revient par ailleurs dans sa rubrique Collectivités sur le système géothermique intégré au métro de Rennes et le programme de recherche Thermetrennes qui vise à fournir un retour d’expérience pour aider à la démocratisation de ce type de projet. Enfin, la rubrique Énergie & Climat met en avant l’inauguration d'un datacenter nouvelle génération à Meudon (Hauts-de-Seine). Ce site doit in fine alimenter, via la chaleur fatale de son process, un réseau de chaleur collectif exploité par Engie Solutions.

La flexibilisation de la demande : un enjeu à ne pas négliger et des particuliers à ne pas oublier

L’Ademe estime dans son étude Transition(s) 2050 que la part des énergies variables (éolien, solaire, hydraulique au fil de l’eau, etc.), non pilotables, qui représente à l’heure actuelle environ 5% de la consommation d’énergie primaire atteindra d’ici 25 ans entre 35 et 46%.
Dans un contexte de large diffusion des énergies renouvelables, l’Ademe décrit également un scénario extrême où les besoins en capacité de production à haute flexibilité tripleraient à l’horizon 2050 (jusqu’à 12 GW de centrales d’équilibrage et 30 GW de stockage stationnaire seraient nécessaires en supplément) si la demande demeure insuffisamment flexible.

Le scénario « A - Référence » du bilan prévisionnel 2023 -2035 de RTE établit une liste des capacités effaçables selon les heures de la journée :

• Les ballons d’eau chaude ;

• Le pilotage de la recharge de la mobilité lourde (flotte de bus et de camions) ;

• Le pilotage de la recharge des véhicules électriques légers ;

• Les effacements/modulations des bâtiments (radiateurs, climatiseurs, etc.)

• Les effacements industriels ;

• Les électrolyseurs flexibles et ceux effaçables ponctuellement.

Le potentiel de ces solutions est considérable. À titre d’illustration, RTE considère dans son scénario « A – Référence » qu’entre 2030 et 2035 la capacité maximale déplaçable pourrait atteindre de 20 GW à 27 GW à 14 heures et la capacité maximale effaçable de 15 GW à 27 GW à 19 heures.
Ces données prennent tout leur relief quand on les compare avec la puissance électrique installée dans notre pays qui est actuellement d’environ 150 GW.
Les industriels, les acteurs du tertiaire et ceux de la mobilité lourde seront faciles à intéresser aux enjeux de flexibilisation de leur consommation. Quand la réglementation ne les y pousse pas, les modèles d’affaires existent déjà et devraient pouvoir encore être optimisés. Les résultats en matière de flexibilité des consommations sont à portée de main.
En revanche deux chantiers restent ouverts.
Celui des électrolyseurs est principalement de nature technologique que ce soit en vue du stockage géologique de l’hydrogène ou de sa conversion en méthane. L’adoption de ces solutions de flexibilité dépendra de leur coût à l’avenir. Celui des particuliers est en revanche de nature commerciale et réglementaire comme le montre bien ce numéro d’Énergie Plus consacré au Vehicle-to-Grid. Des algorithmes de pilotage des usages destinés aux particuliers (chauffage, recharge du véhicule électrique…) existent, mais pour généraliser leur adoption, il est nécessaire non seulement d’augmenter l’incitation économique à les utiliser, mais aussi de proposer à l’usager des orchestrateurs efficaces afin que ces différents pilotages soient cohérents à la fois pour son confort et pour une optimisation de sa facture.
L’enjeu dépasse ici le strict potentiel de flexibilité, même s’il est loin d’être négligeable. Il s’agit de montrer à l’usager que ses besoins sont vraiment pris en compte.