Un ancien immeuble de bureaux passe de l’amiante au bas-carbone
LCDP et Aire nouvelle ont signé un protocole de partenariat pour valoriser l’ancien site de la Carsat Bourgogne-Franche-Comté. La rénovation, accompagnée de la construction de nouveaux bâtiments, se veut exemplaire en termes de responsabilité environnementale et de sobriété énergétique.
Repenser entièrement un ancien site administratif pour le rendre plus en phase avec les objectifs environne mentaux actuels : c’est l’objectif que se sont fixés les promoteurs immobiliers LCDP et Aire nouvelle* qui ont signé en début d’année un accord de partenariat. Aidés par le cabinet d’architecture Archigroup, ils comptent rénover entièrement l’ancien site de la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) de Bourgogne-Franche-Comté située dans la zone d’activités de Saint-Apollinaire, dans la banlieue de Dijon. L’administration ayant quitté le lieu en 2016 pour investir un nouveau siège. Le bâtiment en béton de 18000 m² construit dans les années quatre-vingt va être totalement remanié. « Nous mettrons l’accent sur les matériaux biosourcés et la production d’énergies renouvelables », pointe Rémi Lesage, responsable de programme chez Aire Nouvelle.
Économies et autoconsommation
L’ancien bâtiment administratif de cinq étages, rebaptisé Tellus, va d’abord être curé et désamianté. Il accueillera un espace de coworking, un restaurant d’entreprise, un amphithéâtre de 200 places, une salle de sport, des chambres pour accueillir des jeunes en formation et des espaces de bureaux aux trois derniers niveaux. Il sera entièrement isolé. « Nous allons l’isoler par l’intérieur car ses façades sont difficiles à traiter. Les parties autour des fenêtres, qui n’étaient pas isolées, vont l’être pour éviter les déperditions énergétiques et restreindre les ponts thermiques. Les fenêtres vont aussi être changées pour les rendre plus performantes », précise Rémi Lesage. Elles seront labellisées Alu+C-: au moins 30 % de l’aluminium qui les compose sera issu de la filière recyclage. Quant aux isolants, ils seront issus de matériaux recyclés ou biosourcés. « Pour Tellus, nous visons le label HQE niveau excellent », poursuit Rémi Lesage. Tout comme pour les nouveaux bâtiments construits.
En effet, le programme ne repose pas seulement sur cette rénovation. Un immeuble de bureaux de 6 000 m² va être construit en bois et une crèche de 700 m² en bois et en paille locale. En outre, pour remplacer le parking de 400 places qui sera entièrement végétalisé et transformé en parc, un parking silo en bois va être érigé. Il sera équipé de borne de recharges ultra-rapides pour voitures et vélos électriques. L’électricité sera en grande partie générée sur place grâce à des panneaux photovoltaïques qui seront installés sur tous les toits du programme immobilier. Elle sera autoconsommée et revendue s’il y a des surplus.
Chaleur fatale
Les porteurs de projets souhaitent aussi produire leur propre chaleur. Au départ, c’est la géothermie qui avait été envisagée mais elle aurait nécessité des forages très profonds car la nappe de moyenne profondeur n’est pas adaptée. Ces opérations coutent cher et sont peu viables pour alimenter seulement quelques bâtiments. « Une géothermie est envisageable mais nous avons besoin qu’un de nos voisins soit intéressé à intégrer le réseau comme solution de production de chaleur », résume Rémi Lesage.
Pour autant, il n’est pas définitivement abandonné. Les porteurs de projet ont donc décidé de se fournir en chaleur autrement. C’est finalement grâce à un datacenter installé prochainement dans les sous-sols de Tellus que le site sera chauffé. La chaleur fatale de l’équipement sera récupérée grâce à un échangeur et injectée dans un réseau local qui alimentera l’ensemble des bâtiments du site. « Nous utiliserons aussi cette chaleur l’été pour alimenter les cuisines du restaurant d’entreprise et l’eau chaude sanitaire des chambres », précise Rémi Lesage. Une chaudière gaz classique sera aussi sollicitée en complément, notamment lorsque les hivers seront rigoureux.
Hydrogène à l’étude
En cas de coupure électrique, le datacenter disposera d’un groupe électrogène de secours. En général, ces appareils fonctionnent au gazole. Les porteurs de projets aimeraient le remplacer par de l’hydrogène. « Nous souhaitons proposer cette solution au gestionnaire du datacenter. Il y a une centrale de production destinés aux véhicules (bus, camions-bennes) à quatre kilomètres », souligne Rémi Lesage. Une zone pour accueillir les semi-remorques transportant de l’hydrogène est donc prévue. Le permis de construire du projet est déposé depuis avril dernier. Cette année est consacrée aux études. Le chantier débutera au printemps 2022 et devrait durer 18 mois.
* Aire Nouvelle est une filiale d’Equans, la nouvelle entreprise qui regroupe la majorité des activités de services du Groupe Engie. Equans devrait être revendue d’ici quelques mois, l’énergéticien préférant se focaliser sur les énergies renouvelables et les infrastructures.