Sept actions transversales pour décarboner la santé
Afin de guider les différents systèmes de santé nationaux vers la neutralité carbone d’ici 2050, l’organisation internationale Health care without harm a publié une feuille de route. Celle-ci propose trois voies, reliées entre elles par sept actions, pour parvenir à cette décarbonation.
Si la santé a une empreinte climatique moins élevé que d’autres secteurs comme l’agriculture, le bâtiment ou les transports, elle représente tout de même 4,4 % des émissions mondiales nettes de CO2, soit près de 2 gigatonnes par an. 84 % de ces dernières proviendraient de l’utilisation des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) pour alimenter les hôpitaux, assurer les déplacements liés aux soins de santé et la fabrication et le transport des produits de santé. Au vu de la croissance de ce secteur, les émissions liées aux activités de santé pourraient, sans action de décarbonation, tripler à l’horizon 2050 et dépasser les 6 Gt de CO2. Même si les Etats réussissaient à respecter les engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris – ce qui semble pour l’instant mal engagé –, l’empreinte climatique annuelle augmenterait encore pour atteindre 3 Gt de CO2 d’ici le milieu du siècle. Face à ce constat, l’organisation internationale Health care without harm, en collaboration avec le bureau d’études britannique Arup, a publié une feuille de route pour la décarbonation de la santé. Ce rapport détaille les émissions des gaz à effet de serre (GES) de 68 pays et examine les mesures que ces systèmes de santé nationaux pourraient prendre pour viser la neutralité carbone.
Un enjeu de 44,8 Gt de CO2
La feuille de route identifie trois voies de décarbonation interdépendantes que le secteur doit emprunter. La première se focalise sur la décarbonation de la prestation, des installations et du fonctionnement des soins de santé, la deuxième sur la chaîne d’approvisionnement et la dernière centre son action sur la réduction des émissions dans l’économie et la société au sens large. Ces trois voies complémentaires sont reliées entre elles par sept actions transversales à fort impact, notamment l’alimentation des installations par une électricité 100 % renouvelable, l’investissement dans des bâtiments et des infrastructures à zéro émission ou encore le recours à des transports durables. La fabrication de produits pharmaceutiques à faible teneur en carbone est également indispensable. Une plus grande efficacité du système de santé doit enfin être recherchée, « notamment en éliminant les pratiques inefficaces et inutiles, en établissant un lien entre la réduction des émissions de carbone et la qualité des soins, et en renforçant la résilience » cite l’association dans son rapport.
La mise en oeuvre de ces sept actions permettrait de réduire en cumulée les émissions du secteur de 44,8 Gt sur 36 ans. Pour l’organisation Health care without harm, ce sont les pays dont l’empreinte GES du secteur de la santé est la plus importante, qui devront produire le plus d’efforts. Parallèlement, les pays moins responsables, à revenu faible ou intermédiaire, pourront continuer à développer leurs infrastructures de santé tout en suivant une trajectoire plus souple pour atteindre des émissions nulles. Cependant, ces pays « auront besoin du soutien des économies développées pour accéder aux solutions nécessaires à cette transition », estime Sonia Roschnik, directrice de la politique climatique internationale à Health care without harm, et co-auteure de la feuille de route.