Premier anniversaire du « Pacte Lille Bas Carbone »
À la croisée des politiques d’urbanisme et du climat, le « Pacte Lille Bas Carbone » vise à déployer à grande échelle des solutions concrètes et réalisables pour faciliter l’adaptation au changement climatique. Zoom sur cette démarche volontaire qui souhaiterait devenir réglementaire !
155 signataires, 31 permis de construire déposés et près de 70 projets accompagnés ! Tel est le bilan de la première année d’existence du « Pacte Lille Bas Carbone ». Lancé en juin 2021 par la Ville de Lille et les communes de Lomme et Hellemmes, ce Pacte est une démarche d’urbanisme négociée, coconstruite de manière collégiale pendant deux ans, dans l’optique d’une généralisation d’actes concrets et favorables au climat. Cette démarche s’applique à chaque projet, qu’il soit public ou privé, en définissant des règles partagées pour le territoire. Plus d’une centaine d’exigences opérationnelles ont été établies, autour de six grandes priorités : Énergie et eau ; Matériaux bas carbone et Économie circulaire ; Nature, biodiversité et agriculture urbaine ; Adaptation au changement climatique; Mobilité durable ; Bien-être.
Exigences « socle » et « avancées »
Ces exigences sont réparties selon deux niveaux. Le premier, appelé Socle, correspond à un ensemble d’actions éprouvées et considérées comme indispensables pour répondre aux enjeux d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Privilégier le raccordement au réseau de chaleur urbain, réorganiser le réemploi à l’échelle de l’opération (terres, gravats, matériaux, etc.), réaliser un diagnostic écologique du site ou un schéma des mobilités sont quelques exemples d’obligations que les signataires doivent inclure de manière systématique à toutes les opérations résidentielles et tertiaires. Ces exigences se veulent en outre priorisées (en fonction de leur impact environnemental et de leur coût), réalisables techniquement et économiquement, et enfin évaluables.
Elles sont complétées par des exigences dites avancées, pour des actions plus poussées comme la couverture d’au moins 60% des consommations par des énergies renouvelables et de récupération ou bien la réalisation de simulation thermique dynamique lors de l’élaboration du projet. « Si quelques exigences portent sur les phases travaux ou exploitation, la très grande majorité concerne la phase de conception car la performance environnementale et énergétique d’un projet se joue dès cette étape », a précisé Marine Laborde, chargée de mission ville bas carbone à Lille, lors d’un atelier organisé aux Assises européennes de la transition énergétique*.
Malgré son caractère volontaire, le « Pacte Lille Bas Carbone » a réuni de très nombreux acteurs du territoire. En juin 2022, 155 professionnels s’étaient déjà engagés dans l’initiative. « Quasiment tous les promoteurs et les bailleurs ainsi que l’intégralité des aménageurs nous ont rejoint, ce qui permet désormais d’appliquer la démarche à pratiquement toutes les grandes opérations de construction et de rénovation actuellement menées », s’est réjouie Marine Laborde.
Montée en compétences collective
Pour faciliter le déploiement des projets, la Ville de Lille a développé des outils pratiques, notamment une rubrique internet dédiée. Le « Référentiel Lille Bas Carbone » y est disponible, détaille les exigences et de nombreux exemples. Quatre ateliers ayant réuni près de 300 participants, ont également été organisés sur différents thèmes (réseau de chaleur urbain ; construction en bois; gestion durable et intégrée des eaux pluviales ; orientation énergétique). Ces rencontres, en présence d’experts techniques et maîtres d’ouvrage, permettent notamment un partage de retours d’expériences ou la présentation de financements mobilisables afin d’aider à une montée en compétences collective.
Enfin, un partenariat de recherche avec le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et Efficacity a récemment été lancé pour concevoir un outil de pilotage continu de la ville durable et bas carbone. Celui-ci offrira la possibilité d’évaluer l’efficience du « Pacte Lille Bas Carbone » dans la lutte contre le changement climatique. « Notre ambition est de passer au fil du temps d’une démarche volontaire à des éléments plus réglementaires. On essaie de voir si certaines de nos exigences peuvent intégrer le règlement du plan local d’urbanisme (PLU) qui est en train d’être révisé. Les discussions sont en cours avec les élus de la Métropole européenne de Lille qui possède la compétence urbanisme », a conclu Marine Laborde.
* Atelier « L’urbanisme négocié au service de la ville bas carbone », le 1er juin 2022, à Genève