60 % des besoins de chaleur industrielle pourraient être électrifiés en Europe
Selon un rapport du Regulatory Assistance Project (RAP), la majorité des besoins en chaleur du secteur industriel européen seraient électrifiables dès aujourd’hui grâce à des technologies existantes. Le tout à des coûts maîtrisés. Toutefois, de nombreux obstacles freinent cette transition.
L’industrie représente 20 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Vieux Continent. Ce pourcentage est principalement dû à la combustion d’hydrocarbures destinée à générer la chaleur, indispensable à de nombreux processus industriels (transformation des aliments, fabrication du papier, production de produits chimiques, d’acier ou de ciment, etc.). L’Europe a bien du mal à décarboner ce procédé industriel. Depuis dix ans, ses rejets n’ont baissé que de 8 % et seulement 3 % de ses besoins en chaleur étaient électrifiés en 2020, selon un rapport du Regulatory Assistance Project (RAP). Un chiffre très faible alors que 37 % de la demande en calories du secteur porte sur des températures inférieures à 200 °C qui restent assez simples à décarboner via l’électricité. Pourtant, des solutions techniques sont d’ores et déjà disponibles. Les adopter peut offrir, en dehors de gains environnementaux, une productivité, un contrôle des processus, une sécurité et une flexibilité accrus.
Ces technologies sont très diverses. Certaines sont matures et déjà largement utilisées, telles que les chaudières électriques, les pompes à chaleur (PAC) et le chauffage par résistance. D’autres restent émergentes, comme les torches à plasma et le chauffage par ondes de choc. L’électrification des procédés à basse et moyenne température est susceptible de se développer plus rapidement que celle des procédés à haute température. En effet, les solutions sont facilement disponibles, les coûts d’investissement initiaux sont plus faibles et les économies d’énergie — en particulier avec les PAC — sont plus importantes. Le déploiement des chaudières pourrait être rapidement étendu, mais compte tenu de leur efficacité inférieure à celle des PAC, elles seraient de préférence utilisées à des fins de flexibilité et en combinaison avec des systèmes de stockage thermique. L’intégration des PAC pourrait de son côté nécessiter une plus grande adaptation des procédés.
Des freins à lever
Malgré ses nombreux avantages, l’électrification peine toujours à se faire une place dans l’industrie. Et cela pour plusieurs raisons. D’abord, le secteur comprend une grande diversité d’entreprises, de produits et de process confrontés à des obstacles bien différents, certains d’entre eux très spécifiques. Le rapport identifie également des freins économiques associés aux coûts d’investissement et d’exploitation, aux risques et aux rendements attendus. Il pointe aussi certaines lacunes en termes d’infrastructures. Il faut notamment bénéficier de connexions au réseau électrique qui fournissent une capacité adéquate. Enfin, les solutions ne sont pas toujours adaptées aux besoins en haute température. « L’accélération de l’électrification nécessitera une combinaison d’approches pour s’attaquer de manière globale à ces obstacles », estime le rapport.
Pour lever ces verrous, les auteurs listent cinq propositions. Ils estiment tout d’abord qu’il faut fixer des objectifs par le biais de réglementations et de normes. De plus, ils préconisent d’améliorer les conditions économiques grâce à la tarification de l’énergie et du carbone, à des incitations fiscales et à un soutien ciblé. Ils suggèrent aussi de répondre aux besoins en infrastructures en optimisant le réseau. Par ailleurs, ils proposent de combler le déficit de connaissances en diffusant davantage les informations ayant attrait à ces solutions. Enfin, ils suggèrent de surmonter les obstacles technologiques en soutenant la recherche et le développement. Actuellement, les réductions de GES dans l’industrie restent trop lentes pour atteindre une diminution de 90 % d’ici 2040 et la neutralité carbone dix ans plus tard…