Oscar vient en aide aux artisans
Le programme Oscar doit aider les artisans de la rénovation à s’emparer du dispositif des CEE et notamment leur faciliter la construction des dossiers. Mis en place par l’ATEE, il sera concrètement opérationnel au début de l’année prochaine et permettra aussi de tester la dématérialisation à grande échelle.
Un nouveau programme vient d’être lancé pour former 6000 référents sur les aides à la rénovation. Baptisé Oscar (Optimisation et simplification des CEE pour les artisans de la rénovation) et porté par l’ATEE, il est né du constat que le dispositif des CEE échappe souvent aux artisans de la rénovation. Ces professionnels trouvent fréquemment les CEE trop compliqués et estiment que cela leur prend trop de temps. Ils peinent donc à valoriser le dispositif dans leurs chantiers. D’autant plus que 90% des entreprises regroupent moins de dix salariés et ne disposent pas de spécialistes du sujet au sein de leurs effectifs, contrairement à de plus grandes entreprises qui produisent massivement des CEE car elles ont construit leur offre commerciale autour du dispositif.
La Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) a donc souhaité mettre en place un programme qui viendrait faire un travail d’appui des artisans dans la réalisation des dossiers CEE sur tout le territoire métropolitain et en Corse. C’est finalement l’ATEE, forte de son expérience de formation dans le cadre du programme Prorefei, qui a été choisie par la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) pour porter ce projet. Il s’est alors étendu au-delà de la simple formation des artisans aux CEE vers la simplification et la dématérialisation du dispositif. D’autant plus que beaucoup artisans sont très à l’aise avec les outils numériques et mobiles.
6 000 référents aides à la rénovation formés
« La problématique est que la population à former est extrêmement diffuse. 400 000 entreprises sont répertoriées dans le secteur du bâtiment et elles sont souvent très localisées. Nous avons vite compris que nous ne pourrions pas nous adresser directement à cette multitude d’entreprises. L’idée est donc de s’appuyer sur des intermédiaires » explique Marc Gendron, délégué général du Club C2E de l’ATEE. Le premier volet, le plus important, porte donc sur la formation de 6 000 référents aides à la rénovation (RAR). Ces derniers devront informer et accompagner les artisans pour qu’ils utilisent mieux les CEE, et comprennent davantage leur articulation avec les aides de l’État, tout en travaillant en parallèle avec la filière sur une intégration simplifiée des aides à la rénovation énergétique des bâtiments dans les offres des artisans. « Ils devront expliquer rapidement aux artisans comment ils peuvent réaliser des dossiers, leur démontrer l’intérêt de le faire et leur proposer un accompagnement pour qu’ils montent eux-mêmes leurs premiers dossiers. L’expérience montre qu’une fois qu’ils ont complété un dossier, ils recommencent en général », détaille Marc Gendron.
Formation et communication
Les RAR seront issus du réseau de la Capeb et de la Fédération française du bâtiment (FFB), deux organisations qui sont souvent bien implantées dans tous les départements et régions et qui sont déjà chargées d’apporter un appui juridique ou technique à leurs adhérents. Les réseaux des distributeurs et de négoce de matériaux et équipements, en contact très étroits avec les entreprises du bâtiment, représentent une deuxième cible. Enfin, les conseillers Faire (Faciliter, accompagner et informer pour la rénovation énergétique) qui sont en relation avec les artisans, seront aussi formés. Compte tenu de la grande hétérogénéité des profils des professionnels (isolation, chauffage, etc.), il faudra décliner des discours différents à même de tous les intéresser. Oscar mettra donc en œuvre un ensemble de formations adaptées mais qui reposeront sur un socle commun. Outre la formation, le programme comprend deux autres volets. L’un est consacré à la communication autour du projet. « Ce volet est très important car il va falloir passer des messages très forts sur les différentes strates de l’écosystème pour tous les acteurs. Il faudra aussi adapter notre jargon pour qu’il soit compréhensible par tous », insiste Marc Gendron. L’autre volet concerna les systèmes d’informations, avec notamment la création d’un site ressource en ligne. Les appels d’offres sur les trois grands lots ont déjà été lancés.
Accompagner la transformation des CEE
En plus de son aspect formateur, le programme Oscar sera aussi un laboratoire pour tester des évolutions qui pourront ensuite se généraliser. La dématérialisation des CEE sera au centre de cette préoccupation. « Nous pourrions prendre une région, des artisans, des obligés et le PNCEE et tenter d’aller ensemble au bout d’une dématérialisation totale des dossiers du chantier jusqu’aux contrôles, de manière à voir si nous pouvons faire bouger les lignes et sortir du ’’tout papier’’ qui ne convient absolument pas aux artisans », précise Marc Gendron. Enfin, un indicateur de type NPS (Net promoter score) sera mis en place. Cet outil simple permettra de mesurer l’intention de recommandation des artisans à partir de la simple question : sur une échelle de 0 à 10, quelle est la probabilité que vous recommandiez ce produit ou ce service à un ami ? Des enquêtes sur la perception des CEE seront réalisées tous les six mois sur le même panel pour voir si le score évolue dans le bon sens.
Oscar disposera d’un budget de 2 256 GWh cumac jusqu’au 31 décembre 2024 et nécessitera une enveloppe de 15,7 millions d’euros. L’ATEE a lancé un appel à financement qui s’est clôturé le 10 septembre. Six obligés-délégataires ont été choisis. Ils se répartiront sur trois tranches (1504, 452 et 300 GWh cumac). Une convention sera signée par le ministère, l’Ademe, l’ATEE, la Capeb, la FFB, trois fédérations de distributeursFédération des distributeurs de matériaux de construction (FDMC), Fédération française des négociants en appareils sanitaires, chauffage, climatisation et canalisations (FNAS), Fédération des distributeurs de matériel électrique (FDME) et les six financeurs. Les formations débuteront à la fin du premier trimestre 2022.