Les territoires bretons s’engagent dans l’hydrogène

09 11 2021
Clément Cygler
Energy Observer

Que ce soit pour des usages maritimes ou terrestres, la Région Bretagne veut accompagner et structurer sa filière hydrogène locale. Portés par des acteurs publics et privés, de nombreux projets sont en cours et visent la création d’écosystèmes couvrant toute la chaîne de valeur de l’hydrogène.

À l’image des régions Occitanie et Auvergne- Rhône-Alpes, la Bretagne veut se faire une place dans le marché de l’hydrogène renouvelable. Celui-ci, considéré comme un vecteur d’avenir pour la transition énergétique, répond à de nombreux enjeux, tels que le stockage de l’électricité d’origine renouvelable ou la décarbonation de l’industrie et de la mobilité. Depuis plusieurs années, le territoire breton s’efforce de structurer et développer sa filière industrielle locale, composée majoritairement de petites et moyennes entreprises. Pour favoriser le déploiement de l’hydrogène renouvelable, une feuille de route 2030 a été définie fin octobre 2020, avec un plan d’actions se déclinant en trois axes. Le premier vise à développer les premières boucles locales pour amorcer l’usage de l’hydrogène, et le deuxième à positionner la filière bretonne dans l’excellence et l’innovation, et le dernier à mener un plan structurant d’investissements collectifs en Bretagne. Dans ce but, des appels à projets « Boucles territoriales hydrogène renouvelable »Une première session fin 2020 et une deuxième en mars 2021 ont été lancés et seront renouvelés chaque année jusqu’en 2023 afin d’accompagner et structurer la filière. « L’objectif de la région est d’avoir huit boucles terrestres locales d’hydrogène renouvelable et bas carbone ainsi que trois écosystèmes portuaires et maritimes d’ici 2030. Aujourd’hui, on a déjà plus d’une dizaine de collectivités dynamiques mais toutes ne sont pas au même niveau de maturité et d’avancement de projets », indique Philippe des RobertLes citations sont extraites des webinaires des 28 septembre et 6 octobre 2021, organisés par BDI, chef de mission hydrogène renouvelable à Bretagne développement Innovation (BDI), citant notamment des villes comme Lorient, Vannes ou encore Redon qui présentent des dynamiques fortes et un investissement solide d’acteurs publics et privés.

Bretagne Développement Innovation

Écosystèmes hydrogène

Sur le territoire de Redon- Agglomération, la collectivité et l’industriel H2X Ecosystems sont actuellement en train de créer un écosystème autour de ce vecteur énergétique, associant une production d’hydrogène à partir d’énergies renouvelables et des usages de mobilité décarbonée. « Notre idée est de proposer un écosystème hydrogène en repensant en circuit court l’intégralité de la production et de la consommation sur un territoire, c’est-à-dire produire de l’énergie en même temps que les usages », précise Stéphane Paul, président de H2X Ecosystems, « l’important est de pouvoir maîtriser toute la chaîne de valeur ». Le modèle consiste donc à développer un service qu’une société de territoire pourra ensuite gérer. Dans le cas de Redon, les communes concernées, par l’intermédiaire de trois société économie mixte (Sem), ont créé la société Mhoove pour piloter le projet. L’hydrogène produit par électrolyse de l’eau sera dans un premier temps utilisé pour l’alimentation de véhicules en autopartage et en transport à la demande (TAD), avant de le déployer sur les flottes des services techniques (bennes à ordures, transport scolaire…). Les véhicules en libre service et en TAD seront fabriqués directement à Redon, à partir d’une technologie développée par la start-up Gazelle Tech. Ce modèle hybride hydrogène/solaire de quatre places devrait avoir une autonomie d’environ 500 km avec 1 kg d’hydrogène, auquel s’ajoute une autonomie complémentaire de 40 km grâce au solaire.

Générateur hydrogène

En plus des solutions de mobilité hydrogène, H2X Ecosystems a également mis au point d’autres équipements, notamment le H2XG350. Ce générateur électrique à hydrogène de forte puissance (350 kW) est capable d’alimenter des zones industrielles et des sites isolés, tout en réduisant les émissions de CO2 et sonores par rapport aux groupes électrogènes classiques. Les calories issues du générateur peuvent même être récupérées pour chauffer un réseau d’eau ou des bâtiments. Un premier démonstrateur sera déployé et évalué en mars 2022 dans le cadre du Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc. Il est cofinancé par la Région Bretagne, par le biais du plan France Relance, mais aussi par le Fonds européen de développement régional (Feder). Enedis a par ailleurs signé en septembre dernier un accord de partenariat avec H2X Ecosystems pour également tester ce générateur dans diff érentes configurations sur le réseau public de distribution. Le H2X-G350 pourra notamment être connecté au réseau public de distribution pour fournir une alimentation électrique provisoire en période de travaux ou d’incident.

Navires hydrogène

Outre les applications terrestres, la Bretagne est également fortement intéressée par les usages maritimes, en raison bien évidemment des spécificités de son territoire. « La Bretagne veut être une région leader dans la construction et la conversion de bateaux hydrogène. Deux (Energy Observer et Porrima, ex PlanetSolar) font déjà le tour du monde, et une vingtaine de projets de ce type sont en cours sur notre territoire », souligne Philippe des Robert, qui insiste « sur le levier important de la commande publique ». Ces projets pourront en plus compter sur le soutien de la feuille de route, en particulier de l’axe 3. À Lorient-Agglomération, la collectivité avait fait la promesse de se lancer dans l’hydrogène mi-2020. Tout un travail a été ainsi engagé sur l’écosystème territorial et ses différentes mailles : infrastructures, production d’hydrogène vert, usages mais aussi R&D, formation ou encore certification de marins sur l’hydrogène embarqué. « Le principe est de partir sur la notion d’écosystème territorial. Il faut trouver des partenaires en capacité de produire de l’hydrogène renouvelable (Lhyfe), de le distribuer (Morbihan énergies), et enfin de l’utiliser (Lorient-Agglomération) », détaille Bruno Paris. La collectivité qui a été retenue après le premier tour de sélection de l’appel à projets de l’Ademe « Transformation d’un bateau électrique », espère mettre en service au second semestre 2023 ses premiers bateaux hydrogène. Deux projets sont en cours : un de création d’un bateau neuf pour un coût de 5 millions d’euros et un de rétrofit d’un bateau existant pour 2 M€.
Dans la baie du Morbihan, le projet Hylias (HYdrogen for Land, Integrated renewables And Sea) vise également à lancer un navire hydrogène pour assurer le transport de passagers du Morbihan en 2023. Ce projet de bateau de 24 mètres de longueur capable de transporter 170 passagers est porté par le CIAM (Collaborative Integration for Alternative Motorization), qui regroupe notamment Europe Technologies, Amo Facili et le Vannetais Alca Torda. « Les études de détail ont été rendues, et si un financement est trouvé, la phase d’exécution pourra débuter. Ce type de bateau correspond à deux ou trois fois le prix d’un navire conventionnel diesel mais à cela, il faut également ajouter l’infrastructure d’avitaillement », pointe Olivier Ticos, co-fondateur d’Alca Torda, « d’où la nécessité de travailler avec Morbihan énergies sur l’ensemble de la chaine de valeur énergétique. »

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