L'air du port de Sète scruté
Le port de Sète-Frontignan et Atmo Occitanie ont mis en place un dispositif d’évaluation de la qualité de l’air aux environs de la zone portuaire. il réalise un inventaire des émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre ainsi que des modélisations de la qualité de l’air. Les résultats ont été publiés dans un rapport.
Le port de Sète est le deuxième port français de Méditerranée. Il regroupe des activités de transport de personnes et de fret. Chaque année, 250 000 voyageurs et 4,8 millions de tonnes de marchandises y transitent. Géré par la Région Occitanie via Port Sud de France, il s’est engagé dans une politique de réduction de ses émissions de polluants. En collaboration avec Atmo Occitanie, des dispositifs de surveillance de la qualité de l’air ont été mis en place au sein du port afin de mieux cerner les leviers à activer. Les résultats ont été publiés dans un rapport, qui conclut que les infrastructures portuaires ont un impact majeur sur la dégradation de la qualité de l’air au sein de l’agglomération.
Des taux parfois élevés
La zone portuaire regroupe plusieurs secteurs émetteurs : trafic maritime, ferroviaire et routier ; manutention et stockage ; industrie. Les moteurs des bateaux représentent la quasi-totalité du dioxyde de soufre (SO2) émis dans la zone, 88 % des oxydes d’azote (NOx), et un peu moins de la moitié des particules fines PM2.5 et des gaz à effet de serre (GES). La majorité des émissions, quel que soit le polluant considéré, provient des rouliers et ferries. « Sur l’année de mesure, des pics de concentration plus importants qu’en fond urbain montpelliérain sont observés au niveau du quai D du Port », révèle l’étude, surtout pour les oxydes d’azote et les particules ultrafines lors des heures de présence de ferries. La manutention et le stockage, en particulier du vrac agroalimentaire, émettent 57 % des particules PM10 de la zone, et entraînent des valeurs supérieures au seuil limite annuel fixé à 40 µg/m3. « Port Sud de France indique que la génération de particules en suspension sur le terminal vraquier concerne essentiellement les déchargements des tourteaux de soja et de colza », explique Atmo Occitanie.
Le stockage à l’air libre du coke de pétrole et du charbon criblé au niveau du terminal vraquier est cent fois moins émissif. L’utilisation de grues, d’engins ou de véhicules pour la manutention des marchandises est aussi polluante, générant l’ensemble des molécules étudiées mais dans des proportions plus raisonnables. L’industrie contribue à hauteur de 25 % pour les PM10 et 11 % pour les NOx. L’impact des transports routiers et ferroviaires est anecdotique. Au total, l’ensemble des activités portuaires génèrent de 12 % à 85 % des émissions totales de Sète Agglopôle Méditerranée selon le polluant considéré. Les conditions météorologiques, surtout la tramontane, limitent ce phénomène en dispersant ces molécules vers la mer.
Solutions envisagées
Ces chiffres donnent à Port Sud de France des pistes pour moins polluer. Le gestionnaire de Sète-Frontignan va travailler en priorité sur les sources d’émission les plus importantes. Il envisage d’électrifier certains quais afin que les navires n’utilisent plus leurs moteurs diesel auxiliaires pour générer de l’électricité lors des escales. Cela permettra de réduire les rejets de CO2 de 4 800 tonnes par an, ceux de NOx de 51 t et ceux de méthane de 6 t. La mise en service est prévue le 1er décembre. Le port prévoit également d’installer une trémie dépoussiérante au niveau du terminal vraquier. Ses actions s’inscrivent dans son projet stratégique 2021-2025 orienté vers la décarbonation progressive de ses activités. Sur la caractérisation des émissions, les travaux se poursuivent pour affiner les résultats. Des cartographies de concentration des polluants sont actuellement réalisées selon différentes conditions météorologiques afin d’évaluer plus précisément l’impact de ces dernières sur leur dispersion.