L’Agence Parisienne du Climat : dix ans plus tard, quel bilan ?
Flavio Coddou et Fieldwork architectureEn dix ans, cette association indépendante fondée pour accompagner le plan climat air énergie territorial de la capitale, a diversifié ses actions et renforcé ses équipes. Explications.
Déjà 5 700 copropriétés, soit 200 000 logements, accompagnées dans leur rénovation, quelles qu’elles soient… C’est le bilan énoncé par l’Agence Parisienne du Climat (APC) à l’occasion de ses dix ans. Depuis 2011, cette association indépendante créée à l’initiative de la Ville de Paris, avec l’appui de l’Ademe, pour accompagner le plan climat air énergie territorial (PCAET) de la capitale, s’est agrandie et diversifiée. Aujourd’hui, elle emploie 36 personnes et bénéficie d’un budget de 3,4 millions d’euros. En une décennie, l’APC est ainsi devenue la porte d’entrée à Paris des projets de rénovation globale des copropriétés, qui représentent 80 % des logements de la capitale…
En effet, selon ses chiffres, 95 % des réfections de copropriétés parisiennes ont été réalisées avec son aide. Et le travail n’est pas terminé puisqu’elle n’aurait pour l’instant établi de lien qu’avec 15 % des 44 000 présentes sur le territoire. Puisque les 2 000 rénovations de logements annuelles effectuées en 2020 devront être multipliées par 20 dès 2030, comme l’a voté le conseil de Paris en juillet dernier, sa présence devrait ainsi monter en puissance.
Pour inciter les copropriétaires à passer à l’action, l’APC a fondé CoachCopro en 2013. Selon elle, cette plateforme gratuite est aujourd’hui utilisée par 70 % du parc des copropriétés français. Pour rénover leur immeuble, ces dernières bénéficient d’un premier niveau de conseil technique, juridique et financier ou encore d’une orientation vers des professionnels qualifiés. Dans un second temps, elles peuvent profiter d’Éco-rénovons Paris+, un accompagnement lancé en 2018, gratuit également, et encore plus poussé. Avec lui, les copropriétaires peuvent mobiliser des subventions de la Ville ou de Agence nationale de l’habitat (Anah) pour leurs audits et rénovations.
Les données pour prioriser
Sur ces questions, l’APC relève des données utiles pour orienter la stratégie de la métropole. Ainsi, un observatoire a été créé pour analyser les éléments récoltés par CoachCopro. Le tout est visualisé dans l’outil EnerSIG, développé pour l’occasion avec la Ville de Paris et l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur). L’association peut ainsi prioriser ses actions comme elle l’a fait avec ses études, en mars 2019, sur les 30 000 logements toujours chauffés au fioul, ou en janvier 2021, sur les copropriétés les plus stratégiques pour implanter des infrastructures de recharges de véhicules électriques (Irve). Avec ce second projet, l’agence s’était aperçue que cibler 4 % du parc permettrait de toucher 47 % des stationnements privés de la capitale.
L’APC analyse également les données météorologiques sur le temps long, en collaboration avec Météo France. Ainsi, elle documente le climat parisien avec des infographies animées et diffuse des prévisions. Et justement, pour s’adapter à ces changements, l’association apporte sa pierre à l’édifice. Politiquement déjà. En tant qu’experts extérieurs, ses membres ont contribué aux travaux préparatoires de la révision du plan local d’urbanisme bioclimatique, au schéma directeur de l’énergie ou encore au plan de lutte contre la précarité énergétique.
Sur le terrain ensuite, l’association expérimente. Elle a par exemple déployé des éco-gestionnaires dans trois quartiers parisiens pour envisager des solution locales comme la création d’un réseau de soutien en cas d’événement climatique extrême à l’Îlot 13 (XIIIe arrondissement) ou une réflexion autour de l’utilisation des toitures…
À Aubervilliers, elle a soutenu le projet “lisière de tierce forêt” en 2019 qui visait à transformer un parking extérieur en lieu de vie et îlot de fraîcheur… Pour favoriser l’échange de ces solutions entre collectivités, l’APC a lancé la plateforme AdaptaVille l’an passé. Cette dernière répertorie celles qui ont fait leurs preuves dans des villes denses, après avoir été sélectionnées par un collège d’experts. On y trouve par exemple l’utilisation de béton de bois à Toulon ou encore l’installation de voiles d’ombrage au Futuroscope, avec à chaque fois les bénéfices, les limites et le coût de l’action.
Enfin, l’association œuvre pour l’engagement des citoyens dans la transition. Pour cela, outre l’organisation de son “Forum Habiter Durable”, dont la 9e édition se tiendra le 12 avril prochain, elle anime le défi Déclics dont l’objectif est d’accompagner une centaine de foyers parisiens à réduire de 10 % leurs consommations d’eau et d’énergie, afin de « rendre le sujet de la transition écologique ludique et désirable », comme l’expose Karine Bidart, directrice générale de l’APC.