La transition énergétique n’a pas eu lieu
Le nouveau rapport de REN21 montre une croissance record pour atteindre des scénarios zéro émission en 2030 et 2050 des énergies renouvelables dans le monde. Pour autant, la part de ces sources de production stagne à cause d’une nouvelle hausse de l’utilisation des combustibles fossiles.
Pour la dix-septième année consécutive, le think-tank Renewable Energy Policy Network for the 21st Century (REN21) publie son rapport sur la situation mondiale des énergies renouvelables*. Son constat est clair : malgré un certain progrès, la transition énergétique n’a globalement pas lieu. La part des EnR dans la consommation finale d’énergie stagne (11,7 % en 2019 contre 8,7 % dix ans plus tôt) et le système énergétique reste très largement carboné. Pour la production d’électricité, l’année 2021 a vu une augmentation record des capacités renouvelables de 314,5 GW, notamment grâce à des cadres réglementaires et politiques favorables et à une baisse rapide des coûts. Le solaire photovoltaïque a représenté plus de la moitié des ajouts (environ 175 GW) et l’éolien 102 GW supplémentaires. Dans le même temps, seuls 26 GW de capacité hydroélectrique ont été mis en service. Malgré ces progrès, la production renouvelable, qui a crû de 7 793TWh, n’a pas permis de répondre à l’augmentation de 6 % de la consommation totale, relancée après la pandémie de Covid-19.
Les EnR peinent à s’imposer
Pour chauffer et refroidir les bâtiments, l’énergie reste également très carbonée. Les énergies renouvelables ne progressent que lentement dans le secteur. En 2019, elles représentaient 14,7 % de sa consommation finale. Dans les transports, la part d’EnR était de 3,7 % en 2019, contre 2,4 % dix ans plus tôt. « L’absence de progrès est particulièrement inquiétante car [ce secteur] représente presqu’un tiers de la consommation mondiale d’énergie », regrette les experts de REN21. L’aviation, le transport maritime et le transport long-courrier restent notamment difficiles à décarboner. La transformation de ces secteurs n’interviendra pas à court ou moyen terme car elle nécessite des investissements importants dans de nouvelles technologies et infrastructures. À l’inverse, le marché des véhicules électriques explose: 6,6 millions d’unités ont été vendues en 2021, soit une augmentation de 109 % par rapport à l’année précédente. Ce record est à relativiser car les véhicules électriques ne représentent au final qu’environ 1 % de la flotte mondiale. En outre, ces ventes sont plombées par la popularité croissante des SUV qui représentent plus de la moitié des modèles achetés. Or, ils sont souvent lourds et consomment donc beaucoup d’électricité.
Les énergies fossiles toujours subventionnées
Alors que la Russie menace d’interrompre ses livraisons de gaz et de pétrole, de nombreux pays, notamment en Europe, revoient leurs objectifs et préconisent de nombreuses mesures pour accélérer la transition énergétique. Mais dans le même temps, de nouvelles subventions aux combustibles fossiles ont été actées. « Les entreprises du charbon, du pétrole et du gaz naturel ont été les principales bénéficiaires de la crise énergétique et des mesures prises par les gouvernements, augmentant à la fois leurs profits et leur influence », regrette REN21. Le rapport montre que malgré les engagements en faveur du climat, les aides à la production et à la consommation de combustibles fossiles restent le premier choix des gouvernements pour atténuer les effets de la crise énergétique. Entre 2018 et 2020, ils ont dépensé 18 000 milliards de dollars pour soutenir cette filière. Certains États, comme l’Inde, en ont même profité pour baisser leurs aides aux renouvelables… « Au lieu de mettre le développement des énergies renouvelables en suspens, les gouvernements devraient financer directement l’installation à domicile de sources d’énergie renouvelable pour les clients vulnérables au lieu de subventionner les combustibles fossiles pour réduire les factures d’énergie. Cela peut sembler un investissement énorme, mais au bout du compte, cela reviendra moins cher », conclut Rana Adib, directrice exécutive de REN21.
* Renewable energy data in perspective