Corsica Sole soutient le réseau Corse
Le réseau électrique corse dépend pour beaucoup de deux centrales thermiques très polluantes et couteuses. Développer la production renouvelable et le stockage d’électricité est une solution pour le sécuriser à moindre coût. Positionnée sur ces technologies, Corsica Sole est désormais le deuxième producteur de l’île.
Le 12 août dernier, les clients corses d’EDF reçoivent tous des sms les incitant à modérer leur consommation d’électricité. L’entreprise publique, en situation de monopole dans l’île, craint un blackout. Une canicule a entrainé l’utilisation massive de climatiseurs. Avec une fréquentation touristique importante, la consommation d’électricité sur l’ensemble du territoire atteint des pics historiques dépassant les 400 MW aux heures de pointe. Cet épisode montre une fois de plus la faiblesse du réseau corse. Déconnecté de celui du continent, il est principalement alimenté par deux centrales thermiques à fioul près de Bastia et Ajaccio, gérées par l’opérateur historique. Le reste de la production d’EDF (28 %) provient de barrages hydrauliques. Conscients des limites du réseau insulaire, une programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) de la Corse, couvrant la période 2016- 2023, a été publiée. Elle prévoit d’installer 93 MW supplémentaires de capacité renouvelable d’ici 2023.
Photovoltaïque et stockage
L’entreprise Corsica Sole, créée en 2009, s’est développée dans ce contexte. Elle exploite déjà une cinquantaine de centrales photovoltaïques sur l’île. Une vingtaine d’entre elles sont de petites installations montées sur des hangars agricoles, mais les plus puissantes frôlent les 5 MW. En 2018, Corsica Sole devient le deuxième producteur d’énergie en Corse derrière EDF lorsqu’elle inaugure quatre centrales totalisant 13 MWc à la suite d’un appel d’offres dédié aux zones non interconnectées (ZNI), lancé en 2016 par la Commission de régulation de l’énergie (CRE). L’électricité produite est revendue à EDF, seule entreprise autorisée à la distribuer sur l’île. Les parcs ont la particularité d’être couplés à 20 MWh de stockage. En effet, la CRE impose aux porteurs de projets de centrales dans les ZNI de les associer à des batteries. C’est Tesla qui les fournit à Corsica Sole.
Ces installations permettent de produire de l’électricité à un coût de 6 centimes le kilowattheure contre 40 centimes pour les centrales à fioul. Pour augmenter sa production, la centrale de Giurone est équipée de panneaux photovoltaïques montés sur des trackers. Ils tournent tout au long de la journée pour suivre la trajectoire du soleil, ce qui augmente leur production d’environ 10 % par rapport à des installations fixes. Après avoir pris de l’expérience sur ces quatre parcs, Corsica Sole a décidé d’investir 7 millions d’euros pour déployer, à Prato, une centrale exclusivement dévolue au stockage des électrons. Depuis juin dernier, elle emmagasine jusqu’à 10 MWh chaque jour et réinjecte dans le réseau lorsqu’il en a le plus besoin. L’objectif est de stocker au moment où les EnR présentes sur l’île produisent au maximum (en particulier entre 12 h et 14 h) et de relâcher lors du pic de consommation entre 19 h et 21 h.
Outre ce report de charge, l’installation assure un service de régulation de fréquence pour le compte d’EDF. Pendant 25 ans, Corsica Sole sera rémunérée chaque jour par l’entreprise publique pour ce service qui contribue à stabiliser le réseau. « C’est un outil très intéressant pour EDF, d’autant plus qu’il est financé sur des fonds privés », estime Michael Coudyser, directeur général de Corsica Sole. Comme sur ses parcs photovoltaïques, ce sont des batteries automobiles fournies par Tesla qui ont été installées. « Nous avons développé un partenariat avec Tesla qui s’est engagé à régler tout problème sur ses batteries pendant 25 ans et qui s’occupera de leur recyclage et de leur démantèlement », précise Michael Coudyser. Corsica Sole planche déjà une centrale identique : elle sera mise en service prochainement à la Réunion, une île confrontée aux mêmes défis énergétiques que la Corse.