Grenoble: un cas d’école !

21 05 2021
© Ville de Grenoble
École Clémenceau à grenoble avant le chantier de rénovation

Mené à l’été 2020, un important travail de rénovation urbaine a été réalisé sur deux des cours d’école du groupe scolaire Clemenceau, à Grenoble. Remplacement de 30 % des surfaces bitumés par des revêtement perméables, plantation d’arbres ou encore création d’un jardin de pluie. Ces solutions visent à participer à la lutte contre le phénomène d’îlots de chaleur urbain.

« Il faut désormais faire preuve de résilience face au changement climatique », annonce Laurent Martinella, chef de projet au service aménagement des espaces publics des ville et métropole de Grenoble. Il faut dire que les prévisions établies par Météo France à l’horizon 2050 ne sont guère réjouissantes pour ce territoire. La température moyenne, actuellement à 19,5 °C, pourrait augmenter entre 1,4 °C et 2,7 °C. Les précipitations moyennes (établies à 258 mm) pourraient diminuer de 6 à 10 %, et les épisodes caniculaires (température supérieure à 35 °C) devraient se renforcer : jusqu’à 43 jours contre trois actuellement. Une trajectoire climatique inquiétante qui est devenue un enjeu de santé publique pour la préfecture de l’Isère. « Les politiques publiques d’aménagement de la ville intègrent désormais des solutions fondées sur la nature », complète le chef de projet, qui a travaillé sur le réaménagement des trois cours d’école du groupe scolaire Clemenceau. Soit 5 000 m2 où évoluent 280 élèves de la 6e à la terminale.
Les objectifs ? « Réduire l’apparition des ilots de chaleur constatés dans les cours d’écoles entièrement bitumées grâce à une revégétalisation des espaces, à l’installation de revêtements perméables et enfin, grâce à un travail sur le cheminement de l’eau, explique Laurent Martinella, et sans oublier la vision pédagogique du projet : reconnecter les enfants à la nature. »

Sous l’enrobé, les remblais

Avec un budget s’élevant à 385 000 euros, pour un coût au mètre carré de 80 euros, le chantier a été financé en partie par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse (AERMC). Privilégiant une approche pragmatique plutôt que dogmatique, l’enrobée n’a pas été banni des cours. « Il reste un revêtement peu coûteux », résume l’expert. Les travaux au sol se sont concentrés sur les cours 2 et 3 avec le remplacement de 30 % des surfaces d’enrobée (les plus dégradées) par des sols perméables : stabilisé ordinaire (semiperméable), zones de pelouses ou de pavés drainants et enfin, zones de copeaux de bois. En parallèle, un important travail de replantation a été mené, avec l’ajout de nouveaux arbres sur les pourtours des cours d’école « pour optimiser l’ombrage des bâtiments » et au centre pour ombrager les zones de jeux. Les pieds des arbres déjà présents ont aussi été débitumés.
 

Ecole Clemenceau après travaux
Les travaux de perméabilisation des cours du groupe scolaire Clemenceau ont permis d’augmenter la part de surfaces végétalisées de 7 % à 18 %, et la capacité d’infiltration des sols de 22 % à 87 %. © Ville de Grenoble

Quant aux terrassiers, ils ont été confrontés à des sols de mauvaise qualité… dont ils ont tiré parti. « À l’origine, beaucoup de remblais ont été amenés pour couvrir la rivière passant sous l’école. La fertilité des sols a dû être améliorée avec l’ajout de terre mais dans une logique de valorisation des matériaux, nous avons réemployé les gravats d’enrobés pour remettre à niveau les terrains », se félicite le chef de projet. Et pour que ces travaux soient en phase avec la trajectoire climatique qui se dessine à Grenoble, de nouvelles essences de végétaux ont été sélectionnées. « Certaines espèces indigènes comme le frêne ne survivent plus en milieu urbain », confirme Laurent Martinella. Des espèces plus horticoles qui présentent un intérêt éducatif fort (feuillages colorés pour connecter les enfants à la nature) ont été privilégiées comme le chêne, le prunus ou encore le tilleul.

Favoriser l’évapotranspiration

La gestion du cycle de l’eau a été intégralement repensée. Les aménageurs ont souhaité récupérer un maximum d’eau de pluie des toitures. Certaines gouttières des bâtiments ont donc été déconnectées du réseau d’assainissement : l’eau se déverse désormais dans un jardin de pluie, spécialement créé pour l’occasion, qui est alimenté également par l’eau des caniveaux installés dans les cours. Grâce à l’évapotranspiration, le jardin participe à réguler le climat de la cour. Enfin, le jardin fait partie du projet pédagogique global : il permet aux enfants d’observer un milieu naturel reconstitué, avec une végétation humide. Des temps calmes, « qu’il est aussi important de préserver dans une cour d’école », conclut Laurent Martinella.

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