Givors : un réseau moins carboné et plus efficace
D’abord alimenté au fioul et au gaz naturel, le réseau de chaleur de Givors se décarbone. Dans un premier temps, il est passé au biogaz via des garanties d’origine, puis une chaufferie biomasse de 4,2 MW y a été installée. Elle est couplée à un récupérateur de chaleur sur les fumées et à un stockage de chaleur par hydro-accumulation.
Mis en service en 1970, le réseau de chaleur de Givors a suivi la trajectoire de nombreuses installations similaires. Initialement alimenté par du fioul et du gaz naturel, il s’est progressivement décarboné. En 2017, sa gestion est confiée au groupe Idex dans le cadre d’une délégation de service public qui durera jusqu’en 2042. L’entreprise a fait dans un premier temps évoluer son bouquet énergétique avec un approvisionnement à hauteur de 55 % en biogaz. Il n’est pas produit sur place par une unité de méthanisation, mais est obtenu grâce à des garanties d’origines. « Idex a repris l’exploitation avec l’idée d’étendre le réseau et de moderniser sa production de chaleur en la décarbonant : une nouvelle chaufferie biomasse d’une puissance de 4,2 MW a été donc été installée », explique Jérémy Neveu, directeur technique d’Idex pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. Après deux années de travaux, la chaufferie inaugurée l’année dernière couvre environ 80 % des besoins de l’installation.
Plus d’efficacité
L’intégralité de la production de chaleur a été rénovée. Les chaudières gaz ont été remplacées, pour un usage d’appoint. Celle au fioul a été définitivement démontée. Toutes les pompes de distribution et les réseaux hydrauliques ont été changés, ainsi que l’ensemble des sous-stations existantes. Seuls les murs ont été conservés. La chaudière biomasse a été couplée à un récupérateur de chaleur sur les fumées qui a été associé à une pompe à chaleur afin d’améliorer le rendement.
Le réseau est à présent à 74 % renouvelable et permet d’éviter l’émission de 4 300 tonnes de CO2 par an. Un stockage de chaleur par hydro-accumulation a été installé. « Nous avons mis en place deux cuves de 45 m3 chacune, précise Jérémy Neveu. Elles permettent de faire fonctionner la chaudière bois pendant l’été. Il faut savoir que les besoins du réseau diminuent très fortement pendant la période estivale. Cela empêche de faire marcher la chaudière bois sans provoquer son usure prématurée, voire une casse éventuelle. » Le stockage de chaleur vient soit emmagasiner l’énergie quand la production de la chaufferie bois est supérieure aux besoins du réseau, soit réinjecter quand la production est insuffisante pour fournir les besoins du réseau. « De cette façon, l’installation fonctionne en continu avec un rendement amélioré », ajoute le directeur technique de l’Idex.
Intrants régionaux
Un système de traitement des fumées a été mis en place. Il est constitué d’un dépoussiéreur et d’un filtre à manche. « Nous l’avons dimensionné pour limiter les rejets à 10 mg/Nm3. La réglementation nous imposait un maximum de 30 mg. Lors de la dernière campagne de mesure effectuée, l’installation ne rejetait pas plus de 5 mg », se félicite le directeur technique d’Idex. Le bois utilisé pour alimenter la chaufferie provient de forêts situées dans un rayon maximal de 100 kilomètres mais également de produits d’emballage en fi n de vie (palettes, cagettes, etc.). La proportion brûlée est de 60 % de plaquettes forestières et de 40 % de bois sorti du statut de déchet.
Au-delà de sa décarbonation, le réseau a aussi été étendu : il est passé de 2 km à 9 km. Environ, 2 700 équivalents logements (habitations, écoles, piscine, complexes sportifs, bâtiments administratifs de la ville) sont désormais chauffés grâce à cette installation. Dès la première année d’exploitation, les abonnés ont profité d’une baisse de leur facture de près de 14 %. Idex a investi environ 11 millions d’euros pour l’intégralité du projet. Le groupe a touché une subvention de 3,5 M€ de l’Ademe dans le cadre du Fonds chaleur.