Éolien en mer : les difficultés s’amoncèlent
Alors que chez ses voisins, les parcs éoliens en mer se multiplient, la France ne compte qu’un seul appareil en fonctionnement et neuf projets en cours. Pourtant, elle possède la deuxième plus grande zone maritime au monde, qui lui donne théoriquement un potentiel énergétique global d’environ 30 GW. Et les évènements récents autour de la filière ne vont pas dans le bon sens.
Le 14 juin et le 28 juillet, la fuite d’une centaine de litres d’huile par le navire foreur du futur champ offshore de Saint-Brieuc (Bretagne) a fait polémique. Le 27 août, le comité des pêches des Côtes d’Armor a déposé une plainte pour rejet de substance polluante. Dans un courrier adressé au préfet maritime de l’Atlantique, les avocats demandent l’immobilisation du bateau qui, selon eux, a été autorisé le 18 août à reprendre le forage. En outre, les pêcheurs ont déposé une autre plainte contre l’ensemble du projet pour pollution et atteintes à l’environnement. Les avocats dénoncent l’absence de concertation préalable des associations de protection de l’environnement, l’inachèvement des études d’impact ainsi qu’un manque de suivi des éventuelles nuisances depuis le début du chantier. Malgré les polémiques, la France veut poursuivre le développement de la filière pour combler son retard.
Le premier ministre Jean Castex a donc annoncé le 28 août un nouveau chantier au large de la Normandie, aux côtés du projet existant près de Barfleur. Afin de limiter les inquiétudes, il a assuré que ce nouveau projet inclurait « un nouvel observatoire national de l’éolien en mer » pour « mettre à disposition de tous la synthèse des connaissances scientifiques disponibles sur les effets des parcs éoliens en mer sur la biodiversité ». Les recours à répétition contre les projets contribuent à allonger leur durée. En France, ils devraient durer plus de dix ans contre à peine six en moyenne aux Pays-Bas. Les technologies prévues au départ peuvent donc devenir obsolètes. C’est le cas pour le projet Île d’Yeu-Noirmoutier.
Face aux évolutions des fondations d’éoliennes, le porteur de projet a été forcé de changer de technologie. Il abandonne donc les fondations de type jacket pour une technologie monopieu. À ce rythme, la France aura bien de la peine à rattraper ces voisins : 19 % de la production d’électricité des Pays-Bas, et 11,5 % au Royaume-Uni proviennent déjà de l’éolien en mer posé.