Climat : des territoires peu intégrés aux stratégies nationales
Pour la troisième année consécutive, l’Observatoire Climate Chance publie son Bilan mondial de l’action climat des territoires. Celui-ci permet de décrypter le rôle des territoires, dont les actions pourtant réelles, sont encore trop négligées dans les stratégies nationales des pays, quelque soit le continent.
Si les contributions renouvelées des États à l’Accord de Paris sont encore très loin de suffire à limiter le réchauffement à 1,5 °C voire 2 °C d’ici 2100, de nombreux territoires s’efforcent de mettre en oeuvre des démarches pour favoriser la transition énergétique et avancer vers une société bas-carbone. Publiée par l’Observatoire Climate Chance, la 3e édition du Bilan mondial de l’action climat des territoires présente un panorama de ces diverses initiatives, engagées par les villes et les régions du monde entier, pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Ce décryptage des actions menées et des résultats obtenus à l’échelle locale permet de tirer plusieurs grands enseignements. Tout d’abord, la mobilisation des terri toires et la structuration de leur action climat se poursuit, et ce malgré le contexte sanitaire actuel. Les villes signataires de la Convention mondiale des maires, environ 10 500 en 2021, représentent aujourd’hui près de 14 % de la population mondiale, contre 11 % en 2019. « La dynamique est particulièrement forte en Amérique latine et dans les Caraïbes, où plus de 100 villes ont rejoint l’initiative depuis 2019 pour un total de plus de 519 signataires et 31 % de la population. À l’inverse, en Asie les villes signataires ne représentent que 8 % de la population du continent », souligne ce troisième bilan. Il est toutefois difficile de tirer des conclusions sur l’efficacité des actions mises en place en raison du suivi peu consolidé de l’impact des politiques climat locales, excepté en Europe. La consolidation des données de 1 800 villes et 90 millions d’habitants démontre en effet une réduction de 25% de leurs émissions de GES entre 2005 et 2017, surpassant l’objectif 2020 des États européens. Et si toutes s’appuient sur une participation active des citoyens, les petites villes recourent davantage aux leviers internes (marchés publics, demande d’énergie), quand celles les plus peuplées privilégient la réglementation et les outils financiers.
Un soutien disparate des États
Du point de vue de la gouvernance, Climate Chance constate que peu de pays font état de mécanismes de gouvernance intégrant les gouvernements locaux, sauf en Amérique latine. Seulement 10% des pays auraient ainsi intégré leurs objectifs climats nationaux dans les politiques climat locales et régionales et dans leurs budgets. Pour les systèmes de gouvernance climat étudiés, notamment ceux en Allemagne, en France ou encore au Brésil, peu de villes sont soumises à des obligations climat. « Leurs actions reposent par conséquent sur le soutien disparate des États. L’harmonisation limitée des méthodes de suivi explique en partie la faible intégration du potentiel des villes dans les stratégies nationales », analyse l’observatoire. Ce dernier a enfin mis en avant une appropriation accrue des Objectifs du développement durable (ODD) par les territoires, afin notamment « d’amortir les chocs socio-économiques des politiques climat ». Sur les 34 réseaux de collectivités issus de 28 pays européens interrogés, 82% connaissent les ODD et y font régulièrement référence dans les activités, contre 31% l’année précédente.