Certification ISO 50001 : un outil pour structurer sa transition

14 10 2024
Clément Cygler
panuwat /Adobe Stock

Engager l’entreprise dans la transition, réaliser des économies dans la durée, se conformer aux contraintes réglementaires ou encore piloter des actions de sobriété sont les principaux éléments moteurs dans la mise en place d’un système de management de l’énergie certifié ISO 50001.

Au début de l’été, l’Afnor a publié les conclusions d’une analyse des pratiques de management de l’énergie. Menée en collaboration avec le cabinet Time to Be, cette étude a intégré 486 organismes, certifiés ISO 50001 ou non, tous secteurs d’activité et profils de consommation d’énergie confondus. Elle a également permis d’actualiser les données des éditions précédentes, parues respectivement en 2015, 2017 et 2019.

La crise sanitaire du Covid-19 est ensuite passée par là, et quelques années de plus ont encore été nécessaires avant que ne soit réengagé ce travail fin 2023. « Il nous a également paru pertinent d’attendre car plusieurs évolutions réglementaires avaient eu lieu », indique Claire Delabre Chagué, responsable du département Afnor Énergies Ingénierie.

En décembre 2018, la directive relative à l’efficacité énergétique avait en effet été modifiée dans le cadre du paquet « Une énergie propre pour tous les Européens », afin de renforcer les objectifs en matière d’efficacité énergétique en s’appuyant sur le rôle essentiel du système de management de l’énergie (norme ISO 50001). « Il fallait donc laisser un peu de temps aux acteurs et au marché de s’approprier la norme et les nouvelles contraintes à venir », précise-t-elle.

Désormais, les entreprises ayant une consommation énergétique annuelle supérieure à 2,7 GWh au cours des trois dernières années ont l’obligation de réaliser un audit énergétique, à l’exception de celles qui ont mis en place un système de gestion de l’énergie. De plus, à partir d’octobre 2027, un système de management de l’énergie devra être mis en œuvre par toutes les entreprises dont la consommation énergétique annuelle totale est supérieure à 23,6 GWh au cours des trois dernières années. Pour l’Afnor, il était donc important de relancer cette étude pour évaluer déjà la compréhension de ces nouveaux enjeux et obligations.

Outil stratégique

Plusieurs grands messages clés ont pu être tirés de cette analyse. En premier lieu, la certifi cation ISO 50001 est un élément important pour maîtriser l’énergie en interne. « En 2024, elle est aussi reconnue comme un outil structurant pour opérer sa stratégie de transition énergétique », soulignent les auteurs. C’est d’ailleurs devenu la motivation principale dans la mise en place d’un système de management de l’énergie, alors qu’en 2019, l’élément moteur était avant tout la nécessité de se conformer à la réglementation. « On a dépassé le stade du bâton pour les industriels, et la pression vient désormais davantage de la chaîne d’approvisionnement », estime Claire Delabre Chagué.

La recherche d’économies financières passe également devant les contraintes réglementaires : 83 % des certifiés ISO 50001 insistent sur la nécessité de faire des économies dans la durée. « Avec la hausse des prix de l’énergie, c’est un argument essentiel à ne pas omettre », note l’Afnor.

Pour les répondants, l’ISO 50001 est également considérée comme un instrument de pilotage s’intégrant à la stratégie globale de l’entreprise, dans un esprit d’efficacité mais aussi de sobriété énergétiques. En effet, si la certification n’a qu’une seule vraie finalité – l’efficacité énergétique –, elle peut aussi participer à cette recherche de sobriété qui n’a cessé d’être demandée par les pouvoirs publics ces deux dernières années. Pour 96 % des répondants, le premier bénéfice d’un système de management de l’énergie ISO 50001 est ainsi d’avoir un outil pour piloter les actions de sobriété.

La certification apparaît également essentielle pour les industriels multisites. Sur les 124 entreprises certifi ées du panel interrogé, 60 % voit dans un système de management le moyen de piloter de façon méthodique, rationnelle et centralisée la problématique énergie sur l’ensemble de leurs sites. « Ce n’est pas tant le benchmark entre sites qui compte, mais davantage la mutualisation de l’effort de déploiement pour les grands industriels », précise Claire Delabre Chagué.

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Sources : Time to Be, Afnor

Tout cela n’est toutefois possible qu’avec l’implication totale de la direction et la mise en place d’une équipe énergie dédiée. Le système de management de l’énergie nécessite de l’amélioration continue, ce qui implique d’instrumenter son process et ses équipements afin de suivre leurs consommations. « Il faut d’abord mesurer pour pouvoir améliorer ! », conclut la responsable de l’Afnor.

Des freins techniques et financiers pour le tertiaire
Avec la parution du décret Tertiaire du 23 juillet 2019, les acteurs de ce secteur vont devoir réaliser des économies d’énergie par paliers réguliers. Cependant, si la certification ISO 50001 et la notion d’amélioration continue semblent bien appréhendées par l’industrie, ce n’est pas encore le cas dans le tertiaire, alors même qu’il est sur des obligations de résultats. Parmi les freins notables : les contraintes techniques liées à la vétusté des bâtiments, la gestion des comportements, la résistance au changement et surtout le manque de financement ainsi que les coûts initiaux élevés.

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