Une application pour estimer le potentiel de séquestration des forêts

07 12 2022
Olivier Mary
Adobe stock

Kanop développe une solution pour mesurer par satellite l’impact climatique des projets forestiers. Elle repose à la fois sur des images à haute définition et l’intelligence artificielle. Elle est actuellement en phase de test auprès de cinq bêta-testeurs.

Pour réduire les quantités de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère, les entreprises doivent réduire leurs émissions. Mais cela ne suffira pas. Il faudra donc compter sur des solutions de stockage artificielles (CCS) et naturelles. Parmi ces solutions, il est possible de développer de meilleures pratiques agricoles mais aussi de planter des arbres. Ces solutions fondées sur la nature ont un potentiel de séquestration compris entre 5 et 11,7 gigatonnes de CO2 par an. « Toutefois, aujourd’hui, il y a un problème majeur sur la mesure de l’impact réel des projets de séquestrations. Cela engendre un manque de confiance qui entraine un déficit d’investissement sur ces projets », explique Romain Fau, PDG et cofondateur de Kanop. Cette start-up créée en juin 2021 propose aux forestiers une solution capable de chiffrer avec précision l’impact climatique de leurs parcelles.

Données satellites et IA

Le principe de la solution mise en œuvre par Kanop est de mesurer automatiquement le potentiel de séquestration d’une forêt à la demande d’un client et de quantifier avec précision les services écosystémiques rendus : carbone séquestré, indice de préservation de la biodiversité, etc. Pour chiffrer ce potentiel, il faut notamment mesurer la hauteur, le diamètre mais aussi déterminer l’essence de chaque arbre poussant sur la parcelle. « Cela oblige normalement à se rendre sur le terrain pour procéder à des échantillons mais cette méthode n’est pas très précise. Il est aussi possible d’utiliser des photographies prises par des drones mais cela nécessite une logistique lourde. Nous essayons de répondre à ces problématiques en utilisant des images satellites et de l’intelligence artificielle », résume Romain Fau.

Jumeau numérique

Kanop utilise deux types d’images. Les “optiques” sont basées sur le rayonnement solaire renvoyé par les végétaux et les “radars” sont générées grâce à des microondes émises par les satellites et qui sont renvoyées vers eux. Ces deux technologies sont complémentaires pour construire le « jumeau numérique » des projets, c’est à dire une image de très haute résolution où un pixel représente dans la réalité un carré de trente centimètres sur trente. Les essences sont reconnaissables grâce aux images optiques alors que la hauteur est plus facilement mesurable avec le radar. La start-up peut alors identifier chaque arbre et ses caractéristiques. Toutefois, ces images seules ne suffisent pas : il faut également calibrer des modèles. « Nous utilisons donc des données de terrain fournies par nos partenaires ou en open-data pour “entraîner” des algorithmes et obtenir des résultats précis dans les zones où nous ne bénéficions d’aucune donnée de terrain » précise le PDG de Kanop.

Ensuite, l’intelligence artificielle applique les modèles adéquats sur les images pour fournir aux clients les indicateurs souhaités. Depuis le mois d’octobre, l’application proposée par Kanop est sortie dans une première version après des mois de tests menés en interne. Cinq clients bêta-testeurs participent à améliorer la solution, qui sera par la suite officiellement mise sur le marché, d’abord dans une version complète puis dans une version allégée, moins précise, mais moins chère. Avant cela, l’entreprise, soutenue par les incubateurs AgroParisTech et CentraleSupélec, prévoit de mener une levée de fonds l’été prochain. Les clients visés par Kanop sont les entreprises implantées sur les marchés de la compensation carbone, les développeurs de projets en amont comme Reforest’Action, voire les gestionnaires de forêts plus traditionnels privés ou publics. La taille du marché de la mesure d’impact est évaluée à environ 3 milliards d’euros à l’horizon 2030.

Un nouveau matériau pour surveiller les rejets de gaz radioactifs

24 02 2025
Olivier Mary

Des scientifiques ont mis au point un matériau qui permet de mesurer en temps réel et avec une excellente sensibilité des gaz radioactifs, tels que le tritium, le krypton 85 et le carbone 14. Le tout à des coûts maîtrisés.

Lire la suite

La SNBC et la PPE en concertation

18 02 2025
Olivier Mary

Les troisièmes éditions de la stratégie nationale bas carbone et de la programmation pluriannuelle de l’énergie sont en consultation. Avec le plan national d’adaptation au changement climatique, ces documents constituent la stratégie française pour l’énergie et le climat.

Lire la suite

Les premiers contrats CPB arrivent malgré quelques incertitudes

11 02 2025
Caroline Kim-Morange

Mi-2024 ont été publiés les textes donnant naissance au mécanisme de certificats de production de biogaz. La filière est en pleine ébullition : les producteurs et les fournisseurs négocient les premiers contrats, les acteurs convertissent certaines installations de cogénération ou en crééent de nouvelles. Le point sur les espoirs, les craintes et les propositions d’amélioration…

Lire la suite