Troyes: l’université de technologie fait sa transition

15 06 2021
Olivier Mary
© JP Gilson, Service Communication UTT
Les émissions annuelles de carbone de l’UTT sur le poste énergie atteignent 545 t eqCO2 en 2021.

Le campus de l’université de technologie de Troyes s’est lancé depuis plusieurs années dans sa transition énergétique. Il s’est raccordé à un réseau de chaleur et a installé un éclairage à LED dans les salles de cours. Des ombrières de parking vont aussi être construites, et les bâtiments vont être rénovés.

L’ université de technologie de Troyes (UTT) s’est engagée dans un plan environnemental ambitieux. En 2015, l’établissement qui compte un peu plus de 3 000 étudiants a mis en place un plan baptisé « UTT 2030 » mettant particulièrement en avant les transitions environnementale, numérique et énergétique. Sa démarche globale de soutenabilité intègre un projet d’autosuffisance énergétique du campus en combinant réseau de chaleur biomasse, énergie solaire, méthanisation mais aussi l’efficacité énergétique. Au départ, l’école, créée en 1996, se chauffait exclusivement au gaz grâce à deux chaudières de 1,4 MW chacune produisant 1,9 GWh/an. Désormais un réseau de chaleur les a remplacées.

Développer les EnR

Lors de travaux d’agrandissement réalisés en 2006 et 2015, l’UTT s’est raccordée en effet au réseau de chaleur des Chartreux. Depuis le 4 janvier 2021, tous ses bâtiments sont alimentés par cette installation gérée par la société d’économie mixte (SEM) Énergie à RosièresPrès- Troyes, qui délivre une eau à 90 °C. Ce réseau d’une longueur de dix kilomètres a permis de mettre à l’arrêt les deux chaudières gaz de l’UTT. Cependant, ce réseau n’est pas entièrement renouvelable. « Il est alimenté à 68 % en énergie renouvelable. La ressource est composée de bois et de paille qui proviennent du département de l’Aube », explique Youcef Bouzidi, chargé de mission pour la transition énergétique du site UTT. Deux chaudières Compte-R alimentent le réseau. La première, d’une capacité de 4,5 MW, brûle 10 000 tonnes de plaquettes forestières par an. La seconde, d’une puissance de 3,3 MW, engloutit 4 000 tonnes de paille chaque année, ce qui représente l’équivalent de 10 000 bottes. Trois chaudières mixtes gaz/fioul domestique sont utilisées en appoint, et la chaufferie du Centre hospitalier de Troyes peut les suppléer en cas d’incident technique. Ce raccordement a été financé à hauteur de 120 000 euros HT par le Fonds européen de développement régional (Feder), le conseil départemental de l’Aube et l’Ademe via le fonds chaleur. Il a permis de réduire de 35% les émissions annuelles de carbone de l’UTT sur le poste énergie : elles sont passées de 830 tonnes équivalent CO2 à 545 t eqC02.

chaudières
Une sous-station du réseau de
chaleur qui est alimentée en
énergie renouvelable à hauteur de 68 %.


Mais l’université ne compte pas s’arrêter à cette étape. Dès l’année prochaine, une centrale solaire thermique d’une puissance de 343 kW sera construite et raccordée au réseau. Elle permettra de produire 205 MWh de chaleur supplémentaire qui sera injectée pendant les deux mois d’été. À cette période, la chaufferie biomasse est à l’arrêt, et les besoins en eau chaude sanitaire de l’ensemble des bâtiments reliés au réseau du quartier sont assurés par les chaudières gaz et fioul.
L’UTT prévoit aussi de rafraîchir un premier bâtiment grâce à une machine à absorption dès 2023. Cela pourrait être élargi à l’ensemble du site si le système fonctionne bien. Toujours d’ici deux ans, l’établissement souhaite implanter un mini-méthaniseur urbain pour valoriser les déchets alimentaires du restaurant universitaire du site et de ceux situés aux alentours. Ce mini-méthaniseur produira de l’énergie par cogénération.

Générer de l’électricité

Enfin, l’UTT entend générer de l’électricité renouvelable. « Nous allons installer des ombrières équipées de panneaux photovoltaïques car il est impossible de les mettre sur les toits de l’établissement. 984 modules PV d’une puissance de 300 kWc seront montés sur les ombrières au-dessus du parking du personnel sur une surface 2 100 m². Ils produiront 305 MWh/an », précise Youcef Bouzidi. Le financement sera assuré par un tiers-investisseur. « Nous avons signé un bail de douze ans dans lequel on s’engage à racheter l’intégralité de cette électricité. Puis nous deviendrons propriétaires de l’installation à l’issue de cette période », ajoute le chargé de mission pour la transition énergétique. En outre, deux bornes de recharge de véhicules électriques seront mises à disposition des collaborateurs. L’UTT ne se contente pas de verdir son énergie. Elle souhaite aussi l’économiser. Dans cette optique, l’établissement a basculé en début d’année l’ensemble de ses salles de cours en éclairage LED. La puissance installée est ainsi passée de 89,5 kW à 32 kW, permettant de réaliser 66% d’économies d’électricité liées à l’éclairage. Les luminaires sont capables d’adapter leur intensité en fonction de la luminosité ambiante. Une deuxième phase est en cours pour équiper la bibliothèque universitaire et les bureaux du personnel. Cette opération d’un montant de 168 000 € HT a été réalisée grâce au soutien financier du conseil départemental de l’Aube.

Isolation et zonage des bâtiments

Pour économiser davantage, deux nouvelles étapes sont en préparation. La première consistera à zoner le chauffage dans les bâtiments d’enseignement. Le confort thermique sera amélioré en partageant les zones nord et sud. Le chauffage sera diminué automatiquement dans les salles situées sur la façade sud s’il y a du soleil puisqu’elles peuvent se chauffer en grande partie grâce au rayonnement solaire. Le chauffage sera aussi sectorisé par étage et par bâtiment pour chauffer à la carte dans chaque zone et non sur l’ensemble du campus. Enfin, des travaux d’isolation de grande ampleur vont démarrer. L’UTT a longtemps attendu avant de lancer ce chantier. « Isoler ces bâtiments est compliqué car ils comportent de nombreux ponts thermiques et cela coûte donc très cher », reconnaît Youcef Bouzidi. C’est grâce au plan de relance que le projet a pu voir le jour. 10 740 m² de façades seront rénovées. De plus, 7 500 m² de plafonds seront isolés grâce à des matériaux biosourcés. Ces travaux devraient réduire la consommation de chauffage de 20% et la consommation électrique (chauffages d’appoint et climatisation) de 5 %.

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