Quand le solaire soutient le stockage
La jeune société Ze Energy se positionne comme développeur de projets de stockage stationnaire. Mais pour rentabiliser ses batteries, elle les associe à des centrales photovoltaïques.
Solaire et stockage font la paire. Fondée en 2019, Ze Energy va construire en 2021 une centrale qu’elle présente comme la première réalisation hybride solaire et stockage à avoir été retenue dans le cadre d’un appel d’offres en France continentale, hors Corse et Outre-mer donc. Baptisé “PV Eole 06”, ce projet comportera une installation photovoltaïque de 18 MW ainsi que des batteries lithium-ion pour une capacité de 7,5 MW, capable de stocker 1 h à 2 h de production. L’ensemble sera installé sur une ancienne carrière de granulats à Gièvres, dans le Loir-et-Cher. Déposé l’été dernier en réponse à un appel d’offres de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), ce projet a été sélectionné en octobre.
Développer le stockage de façon rentable
« Le rôle de Ze Energy est de se demander comment développer le stockage de façon rentable en France. La solution est de le coupler au solaire », défend Mathieu Lassagne, PDG de l’entreprise. Un projet hybride comme celui-ci représente un investissement de 15 à 20 millions d’euros. Les batteries vont certes surenchérir l’installation par rapport à une centrale solaire seule, « mais certains frais fixes sont mutualisés entre le photovoltaïque et le stockage, signale le dirigeant. Et le stockage augmente le chiffre d’affaires. » Les batteries donnent en effet accès à d’autres sources de revenus sur le marché de l’électricité : mécanisme de capacité, réserve primaire ou secondaire…
Stocker l’électricité solaire, l’injecter ou au contraire soutirer des électrons au réseau : « Nous avons conçu une plateforme pour optimiser les arbitrages au cours de la journée en fonction du contexte de marché et de la météo. » Ce modèle a permis à Ze Energy d’être sélectionnée par la CRE pour son projet hybride à Gièvres avec un tarif de l’électricité solaire « inférieur à 50 €/MWh, pratiquement à 48 €/MWh », chiffre le PDG. L’installation, qui bénéficiera du complément de rémunération, sera équipée de compteurs pour s’assurer que seuls les électrons solaires profiteront de ce soutien. Et non pas, par exemple, ceux que Ze Energy soutirera au réseau pour recharger les batteries.
Un modèle à répliquer
Pour être exact, PV Eole 06 ne sera en fait pas la première installation hybride de Ze Energy. Le développeur a travaillé en France sur deux autres projets. D’abord, à l’automne dernier, il a intégré des batteries à une centrale existante, en service depuis 2018. Le développeur exploite désormais cette installation équipée de stockage et la détient à parts égales avec le fournisseur d’énergie local de la Vienne Sorégies.
Par ailleurs, il construit aussi une centrale hybride à Mennetou dans le Loir-et-Cher. D’une capacité solaire de 8 MW, cette centrale baptisée “PV Eole 03” entrera en service à l’automne prochain. Seulement, quand elle a été sélectionnée par la CRE, PV Eole 3 ne prévoyait pas de stockage. Il s’agissait simplement d’un projet photovoltaïque. Ze Energy l’a racheté au bureau d’études Erea et la décision a été prise d’ajouter des batteries. Elles ont notamment permis de réduire les coûts de raccordement, faute de quoi le projet n’aurait peut-être pas abouti. Ce qui fait dire à Ze Energy que PV Eole 06 Gièvres – même s’il n’est pas formellement son premier projet hybride – est le premier à avoir été sélectionné comme tel par la CRE. Le développeur y voit un signe de reconnaissance et compte répliquer ce modèle. Il vient par exemple d’être retenu en Italie pour deux autres projets. Il lorgne aussi sur l’Allemagne et le Royaume-Uni. Au total, Ze Energy revendique un portefeuille de projets de 170 MW en solaire et 65 MW en batteries.