Projet Hercule : la contestation ne faiblit pas
Nouvel épisode dans les négociations du projet Hercule qui devient le projet Grand EDF, sans issue à ce jour.
Depuis deux ans, le projet Hercule suscite une opposition quasi unanime. Il prévoit de scinder le Groupe EDF en trois entités pour régler ses problèmes chroniques de dettes et se conformer à la libre concurrence plébiscitée par la Commission européenne (voir Énergie Plus n° 660). En dehors des députés de la majorité et du P-DG, Jean-Bernard Lévy, l’ensemble des parlementaires d’opposition et des syndicats de l’entreprise publique s’y opposent (NME-CGT, CFE Énergies, FCE-CFDT et FO Énergie et Mines). Une pétition en ligne a recueilli plus de 100 000 signatures. Le gouvernement a fini par reculer en abandonnant ce projet mais au final, seul son nom a changé : on ne parle désormais plus d’Hercule mais de Grand EDF.
Après une première réunion qui s’est tenue le 6 avril dernier, les fédérations ont été reçues à plusieurs reprises par le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Lemaire. Mais selon le membre du gouvernement, le projet n’est plus de son ressort. Le président de la République se chargerait lui-même du dossier. Par conséquent, l’interfédérale vient d’écrire à Emmanuel Macron pour lui demander de renoncer à sa réforme. Selon les opposants : « Le gouvernement n’a toujours pas éclairci les nombreuses zones d’ombre liées aux négociations toujours en cours avec la Commission européenne […] sur des points aussi essentiels que les modalités précises du nouveau mode de rémunération du parc nucléaire destiné à remplacer le dispositif aussi mortifère qu’inique qu’est l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (AReNH), l’avenir du parc hydroélectrique ou le maintien des synergies opérationnelles entre EDF, son parc nucléaire et son parc hydroélectrique. »
Pour les représentants des salariés de l’entreprise, la fin de ces synergies signifierait la désintégration du groupe. Ils s’inquiètent aussi du sort d’Enedis. Ils exigent donc que la filiale d’EDF reste totalement publique comme l’exige le code de l’Énergie. Malgré leur opposition au projet, les syndicats sont bien conscients des difficultés de leur entreprise et que le statu quo n’est pas une solution viable. Ils demandent donc de réévaluer le prix de l’AReNH à un montant permettant la couverture des coûts de production d’EDF. En outre, ils exigent la recapitalisation du groupe en s’appuyant sur la promesse faite par Bruno Lemaire le 6 avril dernier : lors de cette réunion, le ministre avait évoqué une enveloppe de 10 milliards d’euros.