Profeel, la boîte à outils de la rénovation énergétique
Porté par l’Agence Qualité Construction et le Centre scientifique et technique du bâtiment, le programme Profeel 2 rassemble de nombreux projets ayant donné naissance à une multitude d’outils innovants. Le but : accélérer et fiabiliser les rénovations énergétiques.
Œuvrant à une dynamique d’accélération des projets de rénovation énergétique, Profeel ne cesse de s ’enrichir année après année. Lancé en 2019 et prolongé début 2022 pour trois ans supplémentaires, ce programme est avant tout une démarche collective, réunissant seize organisations professionnelles pour outiller les acteurs du bâtiment sur le marché de la rénovation énergétique. « Notre objectif collectif est d’accompagner les professionnels de la filière, en se concentrant notamment sur deux gros enjeux : accentuer le volume d’opérations en favorisant le déclenchement de travaux et améliorer la qualité des travaux engagés », indique Julien Thomas, directeur de projet à l’Agence Qualité Construction (AQC) et pilote du programme Profeel.
Lors de Profeel 1, neuf premiers projets ont été menés, ce qui a permis de faire émerger toute une collection d’outils. Ceux-ci sont mis gratuitement à disposition principalement des artisans, architectes, bureaux d’études, entreprises du bâtiment mais également des collectivités territoriales et des particuliers. Cette boîte à outils couvre ainsi de nombreux sujets liés à la rénovation énergétique, sous une grande variété de formats (services web, référentiels techniques, fiches pratiques, protocoles de mesures, etc.). L’application numérique pour les professionnels Pac-Réno, par exemple, facilite le dimensionnement et le choix des pompes à chaleur lors d’une opération de rénovation d’habitat individuel, tandis que le service public en ligne de sensibilisation pour les particuliers Go’Rénove donne accès à de nombreuses informations. En termes de diffusion, les retours et bilans de Profeel 1 sont encourageants, avec notamment plus de 120 000 vues des supports audiovisuels ou encore 12 000 utilisateurs pour les applications conçues.
Diffuser et améliorer
L’un des enjeux de Profeel 2 est désormais de faire connaître et de diff user toute cette collection d’outils. C’est l’axe central du projet Réno’Box qui, à travers une plateforme web, rassemblera l’ensemble des ressources existantes développées dans le cadre du programme ainsi que dans d’autres démarches pilotées par la filière. « Cette plateforme va faciliter l’accès des professionnels à l’ensemble des ressources gratuites existantes », souligne Julien Thomas. Une première version de la plateforme sera disponible à l’automne 2023, actualisée régulièrement pour suivre la temporalité du programme.
Autres axes de Réno’Box, l’amélioration des outils développés, en particulier les trois applications plébiscitées (Pac- Réno, Conduits-Réno et Check’Réno*), et le développement de nouveaux, priorisés par les différentes organisations professionnelles. « La première source de remontée d’informations sur l’identification des sujets à traiter vient des adhérents des organisations professionnelles », note le pilote de Profeel, ajoutant que « les contrôles CEE seront aussi une manne d’informations importante pour corriger des non conformités récurrentes sur lesquelles des actions de sensibilisation d’outillage et d’accompagnement des professionnels seraient nécessaires ».
Poursuite de la saison 1
Plusieurs projets de Profeel 1 continuent dans ce volet 2. C’est notamment le cas de Go’Rénove, et de Sereine. Ce dernier avait permis de définir une méthode pour évaluer la performance énergétique de l’enveloppe d’une maison individuelle, rénovée ou neuve. L’objectif de Sereine 2 sera de déployer cette méthode sur 240 maisons (170 rénovées et 70 neuves), de l’optimiser encore si besoin, et surtout de parvenir à une solution d’évaluation similaire pour le logement collectif. « À l’échelle mondiale, il n’y a pas d’autres méthodes déployables ayant de tels niveaux de fiabilité et de transparence, ce qui représente une grande avancée. Il reste cependant à optimiser certains aspects et à développer une méthode pour le collectif », estime Julien Thomas.
Dans Profeel 2, le projet RénoStandard, porté par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), revient sous le nom de Restore. Celui-ci vise toujours à accompagner l’émergence de solutions innovantes de rénovation globale qui ont des caractères de réplicabilité. Un appel à manifestation d’intérêt sera lancé cet été pour tester avec des groupements de constructeurs de nouvelles solutions, à l’image de la préfabrication.
Nouvelles thématiques couvertes
Profeel 2 élargit également son champ d’intervention à de nouveaux enjeux et à des problématiques non couvertes jusque-là par le programme. Le projet Rénoptim ambitionne ainsi d’outiller les bailleurs sociaux et gestionnaires de logements collectifs afin de mieux intégrer le confort d’été dans les stratégies de rénovation, tout en freinant la consommation de climatisation. Enfin, le projet Interfaces se concentre, comme son nom l’indique, sur une problématique récurrente dans les interventions sur le secteur diffus et individuel. Ces interfaces, qu’elles soient techniques ou organisationnelles, sont en effet des sources de non-qualité dans les opérations de rénovation multi-lots. « Le projet vise ainsi à fournir des solutions techniques clés en main pour la prise en compte et le traitement de ces interfaces », précise le responsable de l’AQC. Des solutions qui devront notamment aider à optimiser la coordination entre les différentes étapes et entre les métiers. Celle-ci est indispensable pour parvenir aux performances énergétiques attendues !
Quartet pour un déploiement de la méthode QSE
Lors de Profeel 1 (2019-2021), le projet de recherche « Qualité sanitaire et énergétique » (QSE) avait notamment abouti à l’élaboration d’une méthode simple d’évaluation de la performance globale « énergie-santé-confort » des rénovations. Cette méthode QSE avait été testée avant et après travaux sur une vingtaine de bâtiments abritant des logements, des écoles et des bureaux. Pour cette seconde saison (2022-2024), le projet Quartet va accompagner la filière dans le déploiement de la solution d’évaluation, capitaliser les données relatives à la performance énergie-santé-confort, et faire évoluer la démarche en fonction des retours d’expérience des opérateurs. « Cela part du constat qu’en ne se focalisant que sur la réduction de consommation d’énergie, certaines rénovations de bâtiments ont engendré une dégradation des conditions sanitaires », pointe Driss Samri, directeur de la direction Santé-Confort du CSTB, qui pilote le projet. L’amélioration de l’étanchéité de l’enveloppe du bâtiment peut par exemple avoir pour conséquence un manque de renouvellement d’air et donc une dégradation de la qualité de l’air intérieur si aucun système de ventilation n’est prévu. Cela peut conduire à une accumulation de l’humidité qui favorise ensuite le développement des moisissures. « Ainsi, une approche globale qui concilie qualité des environnements intérieurs et performance énergétique est absolument ce qu’il nous faut viser pour sécuriser les baisses de consommation énergétique », appuie Driss Samri. Principalement destinée aux maîtres d’ouvrage, aux gestionnaires de parcs de bâtiments, aux bailleurs sociaux et potentiellement aux particuliers, la méthode QSE présente plusieurs intérêts. Avant les travaux de rénovation, elle permet de caractériser l’état initial du bâtiment, d’identifier les éventuels besoins en matière de qualité de l’air intérieur et de confort d’ambiance. Déployée avant puis après les travaux, elle aide à objectiver l’impact de l’opération sur la performance globale.