L’AIE appelle à la neutralité carbone en 2050
L’Agence internationale de l’énergie a publié le 18 mai dernier son rapport “Net Zero by 2050: A roadmap for the global energy system”, qui appelle notamment à ne plus investir dans de nouveaux projets d’énergie fossile.
Cette feuille de route est la continuité du travail mené lors du sommet international virtuel du 31 mars dernier consacré à l’objectif de zéro émission pour la COP-26 qui se tiendra du 1er au 12 novembre prochain à Glasgow. Rappelons succinctement que ce sommet visait à donner une impulsion mondiale à l’adoption et à la mise en oeuvre d’objectifs « zéro émission nette » par les États afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), et ce, conformément aux objectifs de l’Accord de Paris. Enfin, l’objet de ce sommet était de renforcer la coopération des gouvernements nationaux pour traduire ces ambitions en actions concrètes, notamment dans le domaine de la production et de la consommation d’énergie. Cette étude vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Or, depuis des années, de nombreuses actions sont menées en faveur de cette limitation du réchauffe ment, non seulement par les militants mais tout un pan de la société (entreprises, chercheurs, investisseurs, diplomates…).
Les hydrocarbures enfin délaissés
La nouveauté aujourd’hui, c’est que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a fait un grand pas en avant en concluant dans ce scénario qu’il n’est pas nécessaire d’investir dans de nouvelles sources d’hydrocarbures. En clair, cela signifie ne plus autoriser dès cette année l’exploitation de nouveaux champs gaziers et pétroliers ni de mine de charbon bien entendu. Une grande page de l’histoire des énergies se tourne ! Cette feuille de route constitue une bonne base de travail mais l’effort doit se poursuivre. Par exemple, ce nouveau scénario doit faire la part belle au potentiel des énergies renouvelables, en particulier solaire et éolienne. Ce rapport a immédiatement suscité des réactions chez les acteurs du secteur. « Nous nous réjouissons de voir les modélisateurs énergétiques les plus influents au monde étayer la nécessité d’arrêter d’autoriser et de financer de nouveaux projets d’extraction d’énergies fossiles. […] L’AIE doit également corriger les défauts de ce rapport en donnant la priorité aux technologies véritablement propres, et en plaçant ce scénario amélioré au coeur du World Energy Outlook », analyse Romain Ioualalen, chargé de campagne Oil Change International.
Ce compte rendu de 223 pages est divisé en quatre chapitres. Le premier rappelle les engagements pour tenir la valeur de la neutralité carbone (+1,5 °C) ; les second et troisième chapitres « Le chemin global pour la neutralité carbone » reprennent les chiffres des consommations et des fournitures d’énergies secteur par secteur. Le quatrième et dernier chapitre donne des clés pour une plus large implication des gouvernements, des citoyens et des industriels au niveau économique. La partie « Résumé pour les décideurs » est fort intéressante (page 13) car elle fait la part belle aux actions prioritaires à mener. « Faisons des années 2020 la décennie de l’expansion de l’énergie propre », « Nous connaissons toutes les technologies permettant de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et les politiques publiques qui permettent de les déployer ont déjà fait leurs preuves », énonce le rapport. Dans cette partie sont listées sept actions prioritaires afin de mener de bonnes politiques publiques nécessaires à l’atteinte de la neutralité carbone en 2050.