Face aux évolutions en matière de soutien économique et de réglementation, la filière biogaz se montre inquiète. La bonne dynamique observée jusque-là pourrait être freinée, et ce, malgré les résultats intéressants des expérimentations menées sur le rebours ou le stockage du biogaz. L’objectif de la filière est par ailleurs de parvenir à diminuer les coûts de production et d’épuration du biométhane afin d’offrir davantage de compétitivité à cette énergie. Une compétitivité économique qui pourrait être améliorée si les externalités positives du biogaz étaient prises en compte.
À côté de la méthanisation, la filière pyrogazéification continue à se développer et à se structurer, avec notamment l’annonce de la mise en service de deux nouvelles unités prévue en 2023.
Édito
Clément CyglerUne stratégie d’un autre siècle
Lors de l’assemblée générale de Total le 28 mai dernier, les actionnaires devaient se prononcer sur la stratégie de transition du groupe pétrolier vers la neutralité carbone d’ici à 2050 et sur ses objectifs en la matière à horizon 2030. Mauvais timing pour Total qui risque désormais de rencontrer davantage d’oppositions que traditionnellement. Car si les propositions d’objectifs montrent certes de légers efforts planifiés, elles sont en contradiction avec les conclusions d’un rapport de… l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Celle-ci appelle, et ce pour la première fois de façon officielle, à ne plus investir dans de nouvelles installations pétrolières et gazières pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. « Au-delà des projets déjà engagés à partir de 2021, aucun nouveau gisement de pétrole et de gaz n’est approuvé dans notre trajectoire », indique même l’AIE. Problème… Total prévoit d’augmenter sa production de gaz de 30 % et d’encore flécher 80 % de ses investissements vers le pétrole et le gaz à horizon 2030.
Deux trajectoires diamétralement opposées qui posent question sur le sérieux de l’élaboration de la stratégie de Total ou plus vraisemblablement sur sa volonté de modifier ses actifs au profit des énergies renouvelables. Plusieurs actionnaires ont appelé à voter contre dans les médias mais restent très minoritaires. Rappelons qu’en 2020, une résolution proposant de modifier les statuts du groupe pour l’engager davantage dans la transition énergétique avait été rejetée à plus de 80 %… Il est pourtant regrettable de ne pas suivre les préceptes de ces « écolos extrémistes » que sont les experts de l’AIE !