La tour Fugue file vers la transition énergétique

03 11 2022
Léa Surmaire
Soliha Grand Paris

Les 108 mètres de cette tour de l’est parisien vont bénéficier d’une rénovation énergétique et de travaux de réhabilitation pour près de 11 millions d’euros.

Marteaux et perceuses résonneront encore un peu aux Orgues de Flandres (XIXe arrondissement). Le 29 mars dernier, les 198 copropriétaires de la tour Fugue, le deuxième plus grand immeuble d’habitation de Paris, ont voté pour sa réhabilitation. Ainsi, ils suivent ceux des cinq autres bâtiments de ce quartier construit entre 1973 et 1980 par l’architecte Martin Van Treeck sur une ancienne cité ouvrière. En parallèle, pour la réfection de ses abords, l’ensemble bénéficie d’un programme national pour la rénovation urbaine (PNRU).

Quels travaux ?

L’objectif ? 50 % d’économie d’énergie pour un budget de près de 11 millions d’euros. Le chantier est complexe : l’isolation va être refaite par l’extérieur sur cette immense tour où fusent les reliefs et les toits-terrasses. La rénovation énergétique compte pour 80 % de l’investissement. Pour recouvrir la laine de roche existante, des bardages métalliques thermolaqués masqueront les pans lisses comme les pans texturés. « Nous avons besoin de grandes quantités de matériaux peu utilisés d’habitude. Les discussions ont été très compliquées, alors qu’avec le Covid-19 certaines usines ont freiné leur production », contextualise Raphaël Claustre, directeur général chez Île-de-France Énergies, l’assistant à maîtrise d’ouvrage.

Au programme également : réfection de l’étanchéité de certaines toitures, remplacement de l’ensemble des fenêtres donnant sur le bardage, des baies de loggias de plus de dix ans et des caissons de ventilation, puis optimisation de la régulation et de l’entretien du réseau de chaleur urbain. Le bâtiment sera également mis aux normes concernant l’accès pour les personnes à mobilité réduite et la sécurité incendie.

Qui paye la facture ?

Pour réduire leurs apports financiers, les 198 copropriétaires sont accompagnés par IDF Énergies et Soliha Grand Paris. Dans le cadre du dispositif « Opération d’amélioration de l’habitat dégradé » (OAHD) mis en place par la Ville de Paris, les subventions devraient couvrir une bonne moitié de la somme. L’Agence nationale de l’habitat (Anah) et la municipalité devraient en effet verser environ 6 millions d’euros. La copropriété devrait également toucher près de 700 000 € dans le cadre de MaPrimeRénov’ Copropriétés et de la prime basse consommation, mais aussi plus de 600 000 € de subventions individuelles pour l’ensemble des ménages à bas revenus.

Comme ces subventions n’arriveront pas avant la fin des travaux, IDF Énergies propose des prêts d’avance, avec intérêt. Reste à charge donc : environ 4 M€. Cette somme sera étalée pour les ménages qui le souhaitent grâce à deux prêts collectifs à adhésion individuelle proposés par IDF Énergies. Le premier est à taux 0 dans la limite de 50 000 € et non solidaire. Le deuxième, avec intérêt, s’étale sur vingt ans.

Chaque ménage peut emprunter la somme qu’il préfère. Pour moins de 21 000 €, la capacité de remboursement n’est pas scrutée. Il faut seulement avoir été constant dans le règlement des charges de copropriété et ne pas être en interdit bancaire. Les travaux commenceront en juillet 2023, après une phase de préparation. Le chantier devrait durer deux ans, sans que le calendrier exact n’ait été voté pour l’instant. Les occupants resteront dans leur logement.

Et pour un propriétaire, c’est combien ?
Avec l’immensité de ces chiffres, difficile de se faire une idée du coût concret pour une famille. Pour ce faire, voici la situation du propriétaire d’un T4 dans la tour. Ses revenus sont « modestes », précise Raphaël Claustre. Avec des travaux privatifs choisis, comme l’installation de volets roulants par exemple, sa part de rénovation s’élève à 67 000 €, dont 44 000 € de subventions. Sur les 23 000 € qu’il lui reste à charge, il remboursera 102 € par mois, pendant vingt ans. À noter qu’il payera 38 € de moins de gaz et/ou d’électricité qu’à l’ordinaire grâce aux économies d’énergies attendues. « Si les prix de l’énergie augmentent encore, ces économies seront d’autant plus importantes », précise le directeur général d’Île de France Énergies. « Durant nos permanences, à ma connaissance, aucun ménage ne nous a présenté de grandes difficultés pour suivre la copropriété », indique Adelia Moualek, chargée d’études et d’opérations pour Soliha.

 

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