La communauté des référents énergie souffle sa première bougie

17 11 2021
Philippe Bohlinger
Gris Group
L'ATEE s'apprête à tester des rencontres territoriales entre référents énergie, complémentaires aux webinaires.

Initiée il y a un an par l’ATEE, la communauté des référents énergie a pour vocation de susciter la montée en compétence des salariés en charge de l’efficacité énergétique dans l’industrie et le tertiaire. Avec plus de 200 inscrits, elle constitue le prolongement naturel du programme Prorefei chargé de la formation de ces référents énergies depuis 2015.

Ils sont responsables HQSE ou occupent des fonctions techniques en maintenance, production ou travaux neufs. Certains exercent dans les services transverses : achats, ressources humaines, services financiers, etc. Ces professionnels ont en commun leur casquette de « référent énergie » en entreprise. À terme, ils devraient être plus de 3 000 répartis dans toute la France. Leurs fonctions apparaissent de plus en plus essentielles dans la marche vers la neutralité carbone, un horizon fixé en France à 2050. Tous ont été formés via le programme « Référent énergie dans l’industrie et le tertiaire complexe » (Prorefei) piloté par l’ATEE. Lancée officiellement le 17 novembre 2020, la communauté des référents énergie constitue le prolongement naturel de ce programme de formation. Elle entend favoriser la montée en compétences des salariés chargés de l’efficacité énergétique et des stratégies de décarbonation. Un an après son lancement par l’ATEE, la communauté compte plus de 200 inscrits : référents énergie, entreprises et stagiaires Prorefei.

Plateforme collaborative

La communauté des référents énergie s’est construite autour d’un premier pilier, une plateforme collaborative en ligne dotée d’un large éventail de services. Elle comprend plusieurs outils de simulation, donne accès à des guides techniques ainsi qu’à de nombreux retours d’expériences classés par régions, par mots-clés et surtout par types d’énergies. Des modules de formation y sont accessibles sous différents formats : tutoriels, Mooc, mais aussi webinaires animés par des professionnels de la maîtrise de l’énergie. Une veille réglementaire et technologique a été ajoutée à la demande des référents énergie. Enfin, un forum de questions-réponses vise à encourager les échanges. De quoi susciter l’auto-formation en continu des professionnels de l’énergie.

Et de leur donner les moyens de convaincre leur direction que transition énergétique est synonyme de meilleur rendement global des équipements industriels et bâtiments tertiaires, mais aussi d’une meilleure image de l’entreprise. Jean-Marc Piatek, chef du département maitrise de l’énergie à l’ATEE est responsable de la communauté de référents énergie. Il met notamment l’accent sur les simulateurs proposés via la « boite à outils » de la plateforme. « Le simulateur Energie-Sim a été conçu pour permettre au responsable énergie de simuler la mise en oeuvre d’un plan de performance énergétique. Cet outil gratuit aide à être opérationnel rapidement en vue de présenter des chiffres à sa direction. C’est une première approche, nuance Jean-Marc Piatek. Cela n’empêchera pas l’entreprise de se doter par la suite d’une solution logicielle plus pointue. Un autre outil Energie-Check-SME se présente sous forme de check-list. Il vise à réaliser une auto-évaluation de la démarche de management de l’énergie en place dans une entreprise.

Rencontres en régions

Dans cette même boite à outils, les veilles règlementaire et technique mettent à disposition des informations régulièrement mises à jour. Une ressource qui peut s’avérer d’une grande utilité, par exemple dans des PME ne disposant pas de telles données en interne. « À travers ces veilles nous souhaitons que les référents puissent anticiper les grandes évolutions attendues dans les années à venir, afin d’aiguiller leurs directions », commente l’animateur de la communauté. Susciter des échanges en paires est une des motivations de l’ATEE. C’est l’objet du forum associé à la plateforme. Jean-Marc Piatek souhaite aller plus loin en 2022 en fondant un second pilier de la communauté des référents énergie : « Les référents énergie sont preneurs d’une information descendante, mais sont aussi intéressés par des rencontres, une ou deux fois par an. L’ATEE comptant onze délégations régionales, nous souhaitons profiter de ce maillage pour organiser des réunions entre référents énergie sur les territoires. Ces rendez-vous seraient complémentaires aux webinaires, un format de visioconférence qui fonctionne très bien mais qui ne favorise pas forcément l’expression libre ou les échanges plus directs. »

L’ATEE s’apprête à lancer cette expérimentation dans une ou deux délégations pilotes. Ces rencontres en région ont pour objectif de donner davantage d’agilité à la communauté, en favorisant les rencontres entre professionnels, sans pour autant surcharger leurs agendas. Une des difficultés vient en effet du fait que les référents énergie demeurent des professionnels multitâches. Ils ne consacreraient en moyenne que 15 % de leur temps aux questions énergétiques. Seul 1 % de ces salariés plancheraient à plein-temps sur ces enjeux. Enfin, 80 % ne seraient pas formés à la gestion de l’efficacité énergétique. Démarche Fit for 55 Or, leurs missions demeurent complexes. Elles impliquent de faire le lien entre bureau d’études, fournisseurs d’électricité, de gaz, ou d’équipements… Les changements règlementaires à venir devraient favoriser l’attention des entreprises aux enjeux énergétiques et de décarbonations, selon l’ATEE.

Le 14 juillet dernier, la Commission européenne a présenté sa démarche « Fit for 55 » un ensemble de douze propositions destinées à mettre l’Europe sur la trajectoire d’une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990. « On peut s’attendre à ce que les dispositifs de management des énergies, de plans de performance, d’audits énergétiques soient rendus plus contraignants, analyse Jean-Marc Piatek. Les directions devront dégager davantage de temps pour les missions d’efficacité énergétique en entreprise. » Et donc pour leurs référents.

Témoignage
Jonathan Scherrer est responsable « travaux et énergie » sur le site de production de peintures en poudre AkzoNobel de Dourdan (Essonne). Désireux de monter en compétence, ce professionnel a suivi il y a deux ans le programme « Référent énergie dans l’industrie et le tertiaire complexe » (Prorefei) piloté par l’ATEE. Son entreprise, certifiée ISO 50001 pour le management des énergies, est particulièrement attentive aux enjeux d’efficacité énergétique et de décarbonation. « Dès mon recrutement, il y a quatorze ans, une composante énergie a été inscrite dans mes missions. Nous avons plutôt de bons résultats. Nous avons établi un ratio en kilowattheure par kilogramme de poudre produite. Ce ratio est passé de 0,92 à 0,52 entre 2008 et 2021. Notre site fonctionne à 100 % avec des énergies vertes depuis 2012, se souvient-il. Il a décroché la certification ISO 50001 en 2015. L’opportunité de participer à une formation Prorefei et de rencontrer d’autres professionnels multi-casquettes en charge comme moi de l’énergie, m’a beaucoup enthousiasmé. Parmi la quinzaine de participants, un référent énergie du groupe Fenwick m’a parlé des bornes de recharge pour véhicules électriques qu’il a installées dans son entreprise. Cela m’a beaucoup intéressé. » Le responsable « travaux et énergie » chez AkzoNobel a une conscience aigüe de l’importance du partage d’expériences entre paires.
Suite à la formation Prorefei assurée par la société de conseil Rozo, il a été contacté par une entreprise d’additifs alimentaires de l’Essonne intéressée par ses actions. « Je n’ai aucune difficulté à consacrer une demi-journée par mois à faire visiter mon site », complète-t-il. En septembre dernier, Jonathan Scherrer a participé à un webinaire de l’ATEE présentant la communauté des référents énergie. Ce premier contact a apporté des éléments de réponse à ses principales questions sur le volet des énergies renouvelables, mais aussi des financements de France Relance. Le référent énergie d’AkzoNobel a suivi par la suite deux webinaires sur l’air comprimé via la plateforme collaborative en ligne de la communauté. « Ces webinaires, de 45 minutes à 1 heure, sont extrêmement faciles à glisser dans un agenda. Ils permettent également de tisser un réseau, car on y retrouve assez souvent les mêmes participants. Selon moi, c’est la bonne formule pour impliquer les référents énergie. C’est plus efficace que des formations ponctuelles organisées sur plusieurs demi-journées. On revient motivé à bloc, avant d’être repris par la gestion quotidienne de l’entreprise », conclut le professionnel.

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