La bioclimatisation se cherche une place en Europe
Alors que les besoins en froid augmentent, le refroidissement adiabatique peut représenter une alternative plus écologique et plus économe que la climatisation classique. Encore très peu répandu en Europe, il est pourtant adapté aux climats tempérés.
D’ ici la fin du siècle, le climat pourrait se réchauffer de plus de 3 °C selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue). Et encore, cela supposerait que tous les engagements pris lors de l’Accord de Paris sont tenus. Par conséquent, les besoins en climatisation seront de plus en plus importants. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que l’énergie nécessaire pour faire fonctionner ces machines atteindra 6 200 TWh dès 2050. En outre, les climatiseurs utilisent des gaz HFC nocifs pour le climat et sont surtout utilisés dans des pays émergents où la production d’électricité est très carbonée.
Pour rafraîchir les bâtiments, une alternative moins polluante est disponible : le refroidissement adiabatique ou bioclimatisation. Son principe est connu et ancien, et les progrès techniques récents permettent de répondre à des demandes variées : établissements recevant du public, bureaux, centres de données, etc.
Une technologie adaptée aux climats tempérés
« Cette technologie repose sur un principe physique naturel qui intervient lorsque l’eau s’évapore dans l’air. Ce phénomène entraîne un refroidissement », explique Xavier Delaigue, directeur commercial de Seeley International pour la zone EuropeMoyen- Orient-Afrique. Un rafraîchisseur d’air adiabatique capte l’air chaud et sec de l’extérieur. Puis cet air traverse un échangeur humide qui le refroidit. Plus l’air est chaud et sec, plus le rafraîchissement est efficace. Ce procédé est donc surtout utilisé dans les pays très chauds (Australie, Arabie saoudite, États du sud des États-Unis). Pourtant, il fonctionne aussi dans des régions plus tempérés. Pour bien fonctionner, il nécessite des températures extérieures d’au moins 28°C.
Deux types de centrales existent : directes et indirectes. Les premières sont plus simples. L’air chaud passe à travers un échangeur en nids d’abeille imbibé d’eau, puis il est insufflé dans le bâtiment. Dans les secondes, l’échangeur est bien plus complexe. « Il est composé de deux circuits de distribution : l’air diffusé dans le bâtiment n’est jamais au contact de l’eau », précise Xavier Delaigue. Quel que soit le type de centrale, les avantages restent identiques. « La consommation d’énergie est jusqu’à 80 % inférieure à la climatisation classique. Avec 1 kW d’électricité, on peut restituer 40 kW de refroidissement », détaille Xavier Delaigue. Plus les installations sont importantes, plus l’adiabatique est compétitif par rapport à la climatisation. En outre, contrairement à celle-ci, cette technologie n’utilise pas de gaz réfrigérants qui sont d’importants gaz à effet de serre (GES). Elle garantit aussi une humidité relative autour de 50% contrairement à la climatisation qui assèche l’air. Toutefois, elle a aussi des défauts. Ce dispositif ne peut être régulé avec précision car il dépend largement de l’hygrométrie extérieure. De plus, il consomme 0,02 m3 d’eau par heure et cette ressource doit être de bonne qualité pour éviter l’entartrage des tuyauteries ainsi que les problèmes de développement de légionelles.
Une technologie adaptée au territoire français
Enfin cette technologie ne fonctionne pas dans les régions où le climat est trop humide. Elle ne pourra donc jamais remplacer la climatisation dans des pays où la demande est très forte (Inde, Chine, Japon, etc.). En France, la majorité du territoire pourrait bénéficier de la bio- climatisation, surtout avec l’augmentation des températures et la multiplication des canicules. Pour l’instant, elle reste peu présente dans le pays. Seeley, qui dispose d’un parc de moins de 5 000 machines, espère s’y développer en particulier dans le secteur industriel. L’entreprise souhaite aussi investir le marché des petits espaces tertiaires. Elle vient de commercialiser le CW 3, un nouveau modèle plus compact qui leur est spécialement destiné. L’appareil, dont l’encombrement n’excède pas 1 m3, traite 5 000 m3 d’air par heure et peut abaisser la température jusqu’à 19 ou 21 °C.