Verdir les transports et favoriser le report modal

Baptisé Remove, un nouveau programme doit accélérer le développement du report modal des marchandises de la route vers le fleuve, le maritime et le ferroviaire tout en améliorant la performance énergétique des flottes.
En France, le fluvial et le ferroviaire ne représentent que 11 % du transport de marchandises, contre 89 % pour les poids-lourds. En 2019, ces véhicules (plus les cars), ont rejeté 30,5 millions de tonnes de CO2, soit 22 % du total des gaz à effet de serre (GES) émis par le secteur des transports. Cette situation est étonnante : le pays dispose des réseaux ferrés et fluviaux les plus étendus d’Europe. Pour pallier à cette contradiction, l’Ademe, en partenariat avec huit porteurs associés (1) et huit partenaires techniques (2), lance le programme Remove. Son objectif : accélérer le report de la route vers le fleuve, le maritime et le ferroviaire. Pour cela, Remove doit également aider les exploitants de matériel à verdir leurs motorisations. Le programme encourage des actions immatérielles très en amont de la décision d’investissement. Il vient donc en complément des fiches CEE existantes, qui, elles, supposent une démarche aboutie.
Un programme en deux volets
Les CEE sont encore sous-utilisés pour le report modal et le verdissement des moteurs même s’il existe déjà des fiches d’opérations standardisées en la matière, par exemple pour acquérir des barges fluviales (TRA-EQ-109) ou un wagon d’autoroute ferroviaire (TRA-EQ-108). « Le fluvial est un mode très fiable et émet quatre à cinq fois moins de GES que le transport routier. Mais il n’est pas toujours aussi compétitif qu’il devrait l’être », regrette Éloi Flipo, responsable du développement du transport fluvial chez Voies navigables de France (VNF). Le programme Remove doit donc compenser le surcoût des modes massifiés via le versement de primes.
Au départ, il devait uniquement concerner le fluvial et était surtout axé sur le verdissement de la flotte. En effet, il accompagnait les transporteurs et les exploitants de matériels dans leurs démarches pour basculer vers des motorisations plus propres. « Au premier trimestre 2021, nous avons donné beaucoup plus d’importance à cet axe et le programme a été élargi aux autres modes de transport dans une démarche plus globale. Des associations du transport ferroviaire, maritime et routier ont alors été associées au projet », explique Éloi Flipo.
Le premier volet est lié au report modal, qu’il entend aider de trois façons. D’abord il financera des sessions d’information ou de formation à destination des donneurs d’ordres qui affrètent les bateaux. Aussi, il subventionnera une partie des études afin de juger de la faisabilité technique, économique et réglementaire (notamment pour le transport de matières dangereuses ou d’aliments) du report modal. Enfin, il prendra en charge un certain nombre de coûts dans la chaîne globale. « Ce type de transport suppose d’abord un acheminement par camion qui entraîne des frais de chargement et déchargement à cause notamment de l’utilisation de grues mobiles. Cela représente des coûts très importants qui vont par exemple compter pour 50 % dans le coût global du transport fluvial et bloque souvent son essor », ajoute Éloi Flipo.
Remove va donc défrayer le pré et le post-acheminement sur une trentaine de projets. Le deuxième volet porte sur le verdissement des flottes. Il mettra en place des phases de sensibilisation et d’information, d’engagement des opérateurs puis de labellisation pour les inciter à passer à l’action. Le programme Remove bénéficie d’un budget de 38,5 millions d’euros, dont 18 M€ pour le secteur fluvial. D’un volume de 5,5 TWh cumac, il doit prendre fin le 31 décembre 2025. La convention qui l’officialisera devrait être signée prochainement et permettra le lancement des premières actions.
(1) E2F, VNF, UTP, CMF, AUTF, OTRE, Union TLF, FNTR
(2) SNCF Réseau, AFRA, Objectif OFP, GNTC, Coopération maritime, UNIM, UPF, Wind Ship