La décarbonation de l’administration publique doit accélérer
Dans le cadre de son plan de transformation de l’économie française, le think thank Shift Project a rendu un rapport concernant la décarbonation du service public. Un objectif qui demande des mesures rapides et fortes.
Avec plus de 5,9 millions d’agents, soit 20 % de l’emploi en France, et 30 % de l’immobilier tertiaire, l’administration publique pèse dans toutes les balances. Y compris celle du carbone. Plus qu’un enjeu écologique, la décarbonation de l’administration permettra de construire un service public résilient et continu, comme le décrit le dernier rapport de l’association Shift Project, publié le 21 octobre 2021. Son constat : la branche se décarbone mais pas assez rapidement. Un an et demi après le lancement du programme de recherche « Plan de transformation de l’économie française », le think thank rend donc ses conclusions concernant le service public. Premier point : une lacune concernant la connaissance des émissions de gaz à effet de serre.
La réalisation de bilans carbone détaillés est donc l’un des leviers identifiés dans le rapport. Ceux-ci permettent de déterminer et d’optimiser les actions au niveau local et de prendre en compte des « sujets encore bien souvent oubliés », comme le numérique ou le déplacement des usagers. « Il ne sera pas possible de substituer entièrement l’énergie fossile en énergie décarbonée, peut-on lire dans le rapport. Aussi, tous les scénarios de neutralité carbone en 2050 reposent sur une importante sobriété énergétique. » En conséquence, la décarbonation interne de l’administration publique doit s’organiser dès aujourd’hui et sur de très longues périodes. Il s’agit de « de construire un mécanisme de financement sur le long terme » qui permettrait de financer la rénovation des bâtiments, par exemple, sans renoncer à d’autres mesures comme le transport.
À des niveaux plus locaux, le rapport pointe du doigt le besoin d’engager dans ce processus tous les agents de la fonction publique. Il propose notamment d’inclure aux formations des fonctionnaires des modules sur l’urgence climatique et la transition bas carbone. The Shift Project souhaite aussi rendre plus visible et centraliser les moyens d’accompagner les différentes structures au niveau méthodologique et technique. D’autant plus, que ces mesures pourraient avoir des effets bénéfiques sur le secteur. « La décarbonation de l’administration française n’aura pas d’impact quantitatif significatif sur l’emploi public », rassure l’association. Au contraire même, la sobriété énergétique pourrait contribuer à mieux maîtriser la dépense publique et à « améliorer son image auprès des citoyens ». Quoi qu’il en soit, le Shift Project estime qu’il faudra réduire de plus de 80 % les émissions de GES d’ici à 2050, soit une diminution de 5 % par an. Ou de 10 % annuel, si rien n’est fait avant 2025…