Décarboner sans perdre d’emploi
Le Shift Project publie un rapport sur la décarbonation de l’industrie automobile française. Il propose une série de mesures pour préserver la filière tout en relevant les défi s énergétiques et climatiques auxquels elle est confrontée.
Dans le cadre de son Plan de transformation de l’économie française (PTEF), qui vise à donner des voies pour décarboner l’économie tout en préservant l’emploi, le Shift Project a rédigé un rapport portant sur l’industrie automobile française. Le secteur des transports reste le premier émetteur de gaz à effet de serre (GES) du pays avec 30 % du total. La voiture particulière est responsable de la moitié de ces rejets. C’est un véritable défi de décarboner le domaine. Il doit donc se transformer rapidement pour répondre à trois problématiques : réduire ses émissions de GES et sa consommation de ressources naturelles, sortir des énergies fossiles et préserver l’emploi. Dans son rapport, Shift Project suggère plusieurs pistes
Adapter la réglementation
Pour réduire les émissions, les auteurs recommandent d’alléger les véhicules neufs de 300 kg en moyenne. Dans ce but, une modification de la réglementation européenne sera nécessaire. Il est nécessaire de modifier la réglementation européenne. Cette baisse de la masse doit s’accompagner de leviers complémentaires d’efficacité comme l’aérodynamisme, la maîtrise des équipements consommateurs d’énergie et une motorisation à haut rendement, qu’elle soit hybride avec récupération d’énergie ou qu’elle fonctionne à partir de carburants décarbonés, comme à l’électricité. Il faudrait aussi limiter la taille maximale des batteries des véhicules électriques à 50 kWh.
L’étude préconise de mettre également en place un affichage obligatoire de l’empreinte carbone de la production des véhicules neufs et l’indication du, ou des pays, de fabrication afin d’orienter les consommateurs vers des automobiles moins polluantes. « Nous proposons également de poursuivre et de renforcer les dispositifs d’aides spécifiques aux ménages les plus contraints, en revenu et en mobilité », expliquent les auteurs. Les habitudes des conducteurs doivent aussi changer.
L’éco-conduite doit se généraliser car c’est un moyen facile à mettre en oeuvre qui permet de réduire d’environ 10 % les émissions de GES à l’usage. La généralisation des solutions de connectivité pourrait faciliter son suivi et son pilotage. Lorsque c’est possible, il faut que les Français abandonnent la voiture pour passer à des modes de transports alternatifs comme le vélo, notamment à assistance électrique, ou les transports en commun. D’ici 2050, ce report contractera le marché des véhicules neufs : -40 % pour les voitures particulières et -20 % pour les véhicules utilitaires légers. Cela affectera l’emploi dans la filière.
32 000 emplois sauvés
Le Shift Project anticipe de ce fait la destruction de 373 000 postes. Mais cette tendance pourra être amortie en relocalisant la production des constructeurs français dans l’Hexagone : 32 000 emplois pourraient être sauvés de cette façon. Un soutien organisé au développement d’une filière batterie permettrait aussi de rapatrier 9 000 emplois dans le nouveau modèle économique de l’automobile entièrement électrifiée.
L’essor des infrastructures et des services de recharge pourrait créer 20 000 emplois supplémentaires si 10 millions de bornes sont installées. Mais c’est surtout l’essor du vélo qui permettrait de compenser presque en totalité les pertes d’emplois dans l’automobile. Le potentiel est estimé à environ 45 000 ETP dans la filière industrielle vélo et 185 000 ETP dans l’aval (réparation, entretien, etc.). Encore faudra-t-il convaincre les Français d’utiliser massivement ce mode de transport : la part modale du vélo dans les déplacements quotidiens ne dépasse pas les 2 %.