En Guyane, Voltalia stocke sur tous les fronts
Voltalia gère en Guyane le complexe Toco, un ensemble de batteries réparties sur trois sites d’une puissance totale de 13,1 MW. Deux d’entre eux produisent aussi de l’énergie via une centrale photovoltaïque au sol et une chaudière biomasse.
Si la Guyane n’est pas une île, elle reste tout de même une zone non-interconnectée (ZNI). Mais contrairement à d’autres territoires d’Outre-mer, elle a déjà un mix énergétique très largement décarboné. Son électricité est produite aux deux tiers par des sources renouvelables, en particulier par le barrage hydroélectrique de Petit Saut, qui développe une puissance de 113,6 MW. Elle reste toutefois dépendante des combustibles fossiles. Tous les soirs, pour gérer la pointe de consommation électrique, EDF fait tourner des turbines à combustion polluantes et très coûteuses. En effet, en Guyane, les technologies renouvelables sont toutes plus compétitives que les fossiles. « L’hydroélectricité coûte environ 110 €/MWh contre 300 à 400 €/MWh pour le diesel », affirme Gautier Le Maux, directeur de Voltalia en Guyane. Le territoire pourrait donc être neutre en carbone en 2030. Mais pour y parvenir, des capacités de stockage devront obligatoirement y être implantées. La société Voltalia, née en Guyane en 2005, a déjà installé des batteries sur trois sites.
13,1 MW de batteries
L’ensemble des batteries installées par Voltalia en Guyane est baptisé “complexe Toco”. L’installation la plus importante atteint 10 MW : c’est la centrale de stockage de Mana qui fonctionne depuis la fi n de l’année dernière. Elle a été lauréate d’un appel à projets de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) en 2018 et bénéficie d’un contrat de rémunération d’une durée de dix ans. Les batteries lithium-ion sont achetées directement chez Samsung en Corée. Elles sont installées dans deux blocs avec des buts différents. Le premier contient une unité d’arbitrage. Elle est pilotée par EDF et charge les batteries pendant les heures creuses pour les décharger aux heures de pointe, lorsque le coût de production est plus élevé. La seconde unité, de réserve rapide, est capable de libérer très rapidement de la puissance supplémentaire sur le réseau. « Sa fonction est de soutenir le réseau en cas de panne d’un moyen de production. Elle doit éviter les coupures et fournir de l’électricité pendant trente minutes le temps de réparer », précise Gautier Le Maux. Ce projet a bénéficié du soutien du Fonds européen pour le développement régional (Feder).
Les deux autres installations de Voltalia sont adossées à des systèmes de production. La centrale photovoltaïque Savane des Pères, installée sur le terrain d’une ancienne décharge de la commune de Sinnamary, a été inaugurée en 2019. D’une puissance de 3,8 MW, elle est associée à un système avancé de prévision et à une unité de stockage de 2,6 MW utilisant des batteries lithium-ion. Elles servent à augmenter le niveau de prédictibilité et de fiabilité de la production de la centrale solaire en injectant de l’électricité sur le réseau lorsque la demande des ménages est la plus forte.
Centrale biomasse
Enfin, une autre batterie, plus modeste, a été intégrée à une centrale biomasse. De 500 kW, elle doit permettre de moduler instantanément la puissance de la centrale et contribuer ainsi à stabiliser le réseau en cas de défaillance. D’une puissance installée de 5,1 MW, la centrale biomasse est implantée sur la commune Roura, dans l’Est guyanais, à proximité des grands bassins forestiers. L’approvisionnement en bois sera local et proviendra de scieries et de parcelles gérées durablement par l’Office national des forêts (ONF). Par ailleurs, les cendres issues de la combustion seront mises à disposition des agriculteurs pour favoriser l’amendement des sols. Prochainement mise en service, elle portera le complexe Toco a une capacité de 13,1 MW (14,8 MWh). Il devrait encore grandir. Voltalia souhaite en effet construire une nouvelle centrale biomasse dans les années à venir, à laquelle sera adossé un autre système de stockage.