Deux installations pour produire du méthane et de l’hydrogène
Hymoov est une entreprise créée cette année qui souhaite construire deux unités de pyrogazéification dans la commune de Montoir-de- Bretagne (Loire-Atlantique). La première produira du méthane tandis que la seconde se concentrera sur l’hydrogène.
La pyrogazéification permet de produire du gaz de synthèse à partir de déchets de bois. Celui-ci contient principalement de la vapeur d’eau, de l’hydrogène, du méthane, du monoxyde et du dioxyde de carbone. L’entreprise Hymoov, créée au début de l’année, souhaite épurer et recombiner ce syngaz afin d’obtenir soit du méthane (CH4) soit de l’hydrogène (H2) en fonction de la finalité de l’unité d’exploitation. Hymoov a été lancée par Idea et Imeria. La seconde entreprise est déjà implantée dans la filière bois. Elle produit du bois de chauffage et des granulés. Elle transforme et valorise aussi des déchets de bois de classe A. Les deux sociétés ont investi 200 000 euros à parts égales dans ce projet soutenu par la Région des Pays-de la-Loire, BPI France et GRDF. Pour prouver sa faisabilité technique et environnementale, deux unités vont être construites à Montoir-technico-économique 33 GWh/an seront de-Bretagne. La première produira du méthane. La seconde, qui verra le jour par la suite, se concentrera sur l’hydrogène.
Début d’exploitation en 2023
Les deux équipements prendront place sur une ancienne friche industrielle d’une vingtaine d’hectares appartenant à Idea. Elle est sur le point d’être reconvertie sous forme d’éco-parc avec notamment un parc solaire photovoltaïque. Le choix du terrain ne s’est pas fait par hasard. « Un réseau de gaz naturel passe à proximité, ce qui va nous permettre d’injecter notre méthane sans avoir à réaliser d’importants travaux », explique John Bilheur, président d’Hymoov. L’entreprise a demandé une dérogation réglementaire, qu’elle a obtenue, pour avoir la possibilité d’injecter son futur méthane de synthèse sur le réseau alors que cela est normalement réservé au biogaz. La première installation, dédiée au méthane, valorisera chaque année 12 000 tonnes de bois de classe B*. Pour des raisons économiques et environnementales, il proviendra d’un rayon maximal de 100 kilomètres. 33 GWh/an seront injectés, pour un débit d’environ 400 Nm3/h. « Notre gaz sera racheté mais nous attendons toujours un complément de rémunération comme cela se fait dans la méthanisation et qui devrait être mis en place par l’ordonnance hydrogène et gaz renouvelables qui doit passer devant le Conseil d’État avant d’être publiée », précise John Bilheur.
Hydrogène dédié à la mobilité
En parallèle de ce projet, Hymoov prévoit de construire une deuxième unité dédiée à la production d’hydrogène de synthèse sur le même site. Elle sera développée avec 18 à 24 mois de décalage sur la première. L’unité sera quasi identique : elle produira juste de l’H2 à la place du CH4. Elle devrait consommer la même quantité de bois que sa voisine. L’hydrogène produit sera dédié à la mobilité car les réseaux de gaz ne sont pas adaptés à recevoir de grandes quantités de ce gaz. Hymoov se voit comme un porteur de projets. « Notre modèle est de nous inscrire dans la filière déjà existante de collecte et de recyclage. Nous ne collecterons pas nous-mêmes le bois et nous ne le transformerons pas. Nous ne développerons pas non plus notre propre technologie mais nous utiliserons celles déjà présentes sur le marché », détaille le président d’Hymoov. Ces deux projets doivent prouver la faisabilité technico-économique de la pyrogazéification, avant de la déployer sur tout le territoire avec des unités de taille identiques. « Nous souhaitons nous développer à l’avenir avec des co-investisseurs comme des industriels préparateurs de matière, voire avec des collectivités », conclut John Bilheur. La première installation devrait entrer en exploitation à l’horizon 2023.
* Le bois de classe B est surtout issu du bâtiment. Il comprend des poutres, du bois de démolition, du bois peint, du bois d’ameublement mais aussi des résidus d’exploitation forestière.