Des stratégies de décarbonation à adapter à chaque ville
Selon une étude pionnière portant sur 120 grandes villes, la mise en œuvre de politiques adaptées à chaque territoire pourrait réduire en quinze ans, de manière significative, les émissions de gaz à effet de serre, tout en améliorant la qualité de vie des habitants.
Responsables de 70 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), les villes ont un rôle essentiel à jouer dans la transition énergétique. Plusieurs axes d’action sont mobilisables, notamment les transports urbains. Ces derniers représentent à eux seuls environ 8 % de l’ensemble de ces rejets. Toutefois, plusieurs questions se posent sur les politiques locales à mettre en œuvre afin de rendre les transports moins polluants, tout en améliorant les conditions de vie des habitants. Pour tenter d’y répondre, une étude a été réalisée par des chercheurs de l’École des Ponts ParisTech (ENPC) et du Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired). Publiée en mai 2023 dans la revue Nature Sustainibility, elle porte sur 120 villes, réparties sur cinq continents, et explore quatre grands types de stratégies complémentaires de réduction des émissions liées au transport urbain.
Celles-ci sont assez connues : la taxation des véhicules polluants, les incitations à utiliser des véhicules consommant moins d’énergie fossile, les investissements dans les transports en commun (TC), et les politiques de planification urbaine limitant l’étalement. Sur ce thème, un certain nombre de travaux ont déjà été entrepris, notamment en Europe, afin d’évaluer l’efficacité des diverses politiques publiques menées. Cependant, chaque ville étant unique avec des caractéristiques propres en termes de densité d e population, de développement ou encore d’infrastructures de transport, les impacts d’une politique donnée peuvent varier. « Notre idée a donc été d’appliquer un modèle de simulation urbaine sur un grand nombre de villes différentes, tout en prenant en compte leurs spécificités », précise Charlotte Liotta, doctorante à l’ENPC et coautrice de cette étude. Les données restant un obstacle majeur, un important travail de collecte d’informations a été nécessaire. Outre les données issues des collectivités, des images satellites mondiales ont été utilisées pour estimer par exemple les densités de population. Les chercheurs ont également eu recours au web scraping, c’est-à-dire le moissonnage de données depuis des sites web comme ceux d’agences immobilières.
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