Aux Açores, le stockage indispensable à la transition

15 02 2021
D.R.

Sur Terceira, la transition énergétique est en marche et les énergies renouvelables devraient atteindre 60 % du mix local à moyen terme. Pour atteindre cet objectif, l’île dispose de capacités de production renouvelables variées et envisage de mettre en œuvre un des plus grands systèmes de stockage d’énergie autonomes par batteries sur une île européenne.

Terceira, dans les Açores, est encore très dépendante des importations de fioul pour produire son électricité, tout comme les huit autres îles habitées de l’archipel portugais. Leurs systèmes électriques sont petits et ne sont pas interconnectés. Les combustibles fossiles représentent actuellement plus de 80 % de la consommation énergétique globale de ce territoire. Le gouvernement régional souhaite donc doubler sa part d’énergies renouvelables et atteindre 60 % d’EnR à moyen terme dans le cadre de l’agenda européen 20-20-20 pour s’affranchir en partie de ce combustible polluant. À Terceira, les centrales thermiques diesel ont une capacité de 61 MW et produisent plus de 80 % du courant de l’île, deuxième consommatrice des Açores derrière São Miguel. En outre, ses équipements de production sont vieux et peu efficaces.

Production EnR

La petite terre peuplée d’un peu plus de 50 000 habitants et située à 1 500 kilomètres du continent n’est pas pour autant novice en termes de production d’électricité renouvelable. Elle dispose déjà de 12,6 MW d’éolien, d’1,7 MW de valorisation énergétique des biodéchets et d’1,5 MW d’hydroélectricité, complétés par une centrale géothermique de 10 MW installée à Pico Alto. En effet, l’île, d’origine volcanique, dispose d’un grand potentiel en la matière. Le gouvernement régional des Açores prévoit d’ailleurs d’augmenter à l’avenir ses capacités géothermiques du fait de ce potentiel local et, aussi, car cette source n’est pas intermittente.

15 MW de batteries

Pour atteindre l’objectif de 60% d’électricité renouvelable, l’entreprise publique Electricidade dos Açores (EDA) a décidé d’investir dans un système de stockage par batteries qui sera construit d’ici la fin de l’année par Siemens Smart Infrastructure en partenariat avec Fluence (filiale de Siemens et d’AES). « Il facilitera la transition de l’île Terceira vers un nouveau mix énergétique [et] renforcera son indépendance énergétique en offrant davantage de flexibilité, de capacité, de résilience et d’autonomie à son réseau », explique Fernando Silva, directeur de Smart Infrastructure chez Siemens Portugal. Le système installé reposera sur 15 MW de batteries lithium-ion fournies par Fluence, mais aussi sur un logiciel et une intelligence artificielle basée sur les données. Il régulera la fréquence et la tension du réseau électrique, renforcera la sécurité de l’approvisionnement en offrant une réserve tournante, stockera l’excédent d’énergie produit par les sources renouvelables et le réinjectera en cas de pointes de consommation ou de baisse de production.

Suivi en temps réel

Une solution de gestion de micro-réseaux (Spectrum Power Microgrid Management System), développée par Siemens, reliera les différents systèmes énergétiques (moyens de production et batteries) pour faciliter l’exploitation. Elle permettra de suivre et de contrôler l’ensemble de l’infrastructure en temps réel et de prévoir finement la consommation et la production d’énergie. L’objectif est de gérer au mieux les réserves des batteries sur des laps de temps de plusieurs heures ou de plusieurs jours en fonction des prévisions météorologiques afin d’éviter les déséquilibres, voire les coupures électriques. Cette installation pourra éventuellement incorporer 6 MW renouvelables supplémentaires dans le mix de l’île afin d’atteindre le seuil de 60 %. Une fois cet objectif atteint, le système de batterie, de conception modulaire, pourrait être étendu si besoin. Substituer une partie de l’alimentation électrique à base de diesel par des renouvelables entraînera une diminution de la consommation annuelle de combustible de 1 150 tonnes et une réduction des émissions de CO2 de plus de 3 500 tonnes par an.

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