Un nouveau réseau bas carbone au Futuroscope

20 12 2022
Léa Surmaire
Futuroscope
Pour produire froid et chaleur en parallèle, trois TFP d'un mégawatt chacune, dont une d'appoint, ont été installées

Cet été, dans le cadre de son plan neutralité carbone en 2025, le Futuroscope a inauguré un nouveau réseau de chauffage et de climatisation bas carbone pour l’extension de son parc. Il utilise notamment la géothermie.

Dans le nouvel hôtel du Futuroscope à la décoration similaire à une station spatiale, et son restaurant gastronomique, les clients sont chauffés et climatisés grâce à des thermofrigopompes (TFP), qui fabriquent du froid et du chaud en simultané. Les calories récupérées sont transportées dans un nouveau réseau souterrain d’une longueur de 1,6 km. Inauguré en juin 2022, il doit desservir toute l’extension du parc de Jaunay-Clan (Vienne). Un deuxième hôtel prévu pour 2023 et un parc aquatique pour 2024 seront donc raccordés également mais aussi une salle de spectacle, située au-delà de l’enceinte du parc. Dikeos, une filiale de Dalkia du groupe EDF, après l’avoir conçu et réalisé, l’exploitera pendant 14 ans. Cet équipement s’inscrit dans l’objectif de neutralité carbone fin 2025 affiché par le parc. « Le Futuroscope, par sa taille et ses installations s’apparente à une petite ville, c’est rare et cela mérite d’être souligné », souligne Sylvie Jéhanno, présidente directrice générale de Dalkia.

Du chaud et du froid en parallèle

Pour produire froid et chaleur en parallèle, trois TFP de 1 MW chacune, dont une d’appoint, ont été installées. Pour chauffer le circuit d’eau primaire à 72°C, elles compressent le fluide caloporteur HFO RE 234 ZE, dont le pouvoir de réchauffement global (PRG) est inférieur à 1. En boucle fermée, ce circuit dessert des sous-stations dans chaque bâtiment qui alimentent des réseaux secondaires. Si la demande en chaleur est faible, en été notamment, l’eau chaude est stockée dans des ballons pour être injectée plus tard dans le réseau. Dans ce cas, pour éviter que la température de l’eau dans le réseau retour primaire ne monte à 67°C alors qu’elle doit rester à 50°C afin de garantir un rendement optimal des TFP, un dispositif aéroréfrigérant, qui fonctionne à partir de l’air extérieur et de ventilateurs, a été prévu. 

Pour produire du froid, les TFP abaissent, grâce à un échangeur thermique, l’eau d’une autre boucle primaire de 12°C à 7°C. Lorsque la demande est faible, notamment en hiver, il faut éviter qu’elle ne revienne dans les TFP à moins de 12°C pour les préserver. Elle est alors réchauffée grâce à la géothermie sur sonde avec deux forages à 120 mètres de profondeur. Des échangeurs thermiques permettent aux fluides de transmettre chaud et froid sans se mélanger.

Géothermie Thermofrigopompes

16 GWh de chaleur et 6 GWh de froid

Ainsi, le réseau assure une production de 16 GWh de chaleur et de 6 GWh de froid. Les trois TFP sont alimentées par une électricité certifiée verte. N’émettant pas de GES, elles permettront selon le parc d’éviter l’émission de 200 tonnes de gaz à effet de serre (GES) équivalent CO2 chaque année, soit l’équivalent de 109 véhicules retirés de la circulation.

« Lorsque nous avons défini le projet d’extension, nous avons mis en concurrence trois technologies pour la production de chaleur : l’hydrogène, la biomasse et la géothermie via les TFP. Finalement, cette dernière s’est révélée être la solution adaptée », contextualise Christine de Samie, responsable client et environnement à Futuroscope Maintenance et Développement (FMD).

« Deux éléments sont essentiels : une nappe phréatique peu profonde avec un débit minimum, au moins 80 m³/h, et une alimentation électrique pour les thermofrigopompes. Certains systèmes fonctionnent à l’air mais le rendement n’est pas le même », étaye Romain Lavigne, responsable bâtiment énergie à FMD.

Impossible dès à présent d’évaluer l’impact de la géothermie sur les factures du parc. « Nous sommes toujours en phase d’optimisation de l’installation et tous les bâtiments qui seront chauffés et refroidis grâce aux TFP n’ont pas été livrés », précise Romain Lavigne. Le projet a coûté 3,5 millions d’euros, dont 40 % pris en charge par l’Ademe dans le cadre du Fonds Chaleur.

Un plan environnemental plus large

Ce projet s’inscrit dans une démarche environnementale du parc de loisirs, détenu notamment par la Compagnie des Alpes (55 %), la Banque des territoires, et le département de la Vienne. Pour atteindre la neutralité carbone en 2025, le parc vise une diminution de ses GES à hauteur de 80 %. Les 20 % restants seront séquestrés sous forme de puits carbone. Ses responsables ont d’ores et déjà noué des partenariats, notamment avec le Centre National de la Propriété Forestière (CNPF) visant à planter des arbres dans le département. Ils projettent également une réduction de sa consommation d’énergie de 20 % par rapport à 2017. Ainsi, ces derniers espèrent éviter le rejet de 3 500 tonnes de CO2.

Fin 2025, « le parc ne consommera plus d’énergie fossile, les chaudières à gaz et la cogénération des autres bâtiments vont être arrêtées », expose Christine de Samie. Ils ne pourront pas tous être chauffés grâce aux TFP, le département étant en stress hydrique. « Pour les TFP, nous privilégions des installations proches du réseau de chaleur, c’est pour cette raison qu’un bâtiment extérieur, l’Arena Futuroscope, a été inclus plutôt que celui de l’attraction “ Chasseurs de tornades” par exemple », expose Romain Lavigne. Pour les autres, des chaufferies biomasse sont notamment prévues.

Le parc planifie également de produire 70 % de son électricité grâce à l’installation de panneaux photovoltaïques d’une capacité globale comprise entre 6 à 16 MW sur les ombrières de parking. « Nous nous sommes lancés dans un projet d’investissement de 304 M€ qui vise notamment à la rénovation et l’optimisation du Futuroscope. 10 % est dédié à la dimension environnementale et au développement durable du parc », selon Rodolphe Bouin, président du Directoire du Futuroscope.

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