Du lait de chaux pour diminuer les coûts à la ferme

03 06 2021
Clément Cygler
Adobe Stock

Développé par Engie, le dispositif Picachaux pourrait permettre de diminuer de 30 % les coûts liés à l’épuration du biogaz pour les petites unités à la ferme. Sa logique d’économie circulaire devrait faciliter son acceptation par le secteur agricole.

Réduction des coûts, décarbonation et économie circulaire. Trois grands enjeux auxquels pourrait répondre une nouvelle solution d’épuration de biogaz, développée depuis 2017 par Engie. Baptisé Picachaux, le dispositif, actuellement au stade de démonstrateur, vise en effet à diminuer les coûts induits par l’étape d’épuration du biogaz, tout en valorisant le carbonate de calcium coproduit. Le principe est relativement simple. Il consiste à faire « buller » du biogaz dans un lait de chaux. Le CO2 va réagir avec ce substrat et former d’une part du biométhane et de l’autre un précipité de carbonate de calcium. « Engie a adapté une solution habituellement utilisée dans le traitement des fumées pour le biogaz. La seule différence est que dans notre cas, il n’y a pas de régénération de la chaux car on souhaite justement valoriser ce carbonate de calcium », explique Marine Juge, chef de projet du Lab Méthanisation au centre de recherches Crigen d’Engie. Selon les études menées, cette technologie réduirait les coûts d’environ 30 % (capex et opex) de l’épuration du biogaz par rapport à des procédés plus classiques comme la filtration membranaire ou l’adsorption par variation de pression (PSA). La phase de démonstration sur une unité de méthanisation a débuté cette année et devrait se poursuivre jusqu’en 2022 avant le lancement de la commercialisation.

Différentes voies de valorisation étudiées

Avant tout destiné aux petites unités de méthanisation agricole ayant une capacité inférieure ou égale à 150 Nm3/h, le dispositif Picachaux offre, outre un gain financier, plusieurs avantages, notamment sa simplicité. Tout d’abord, il est entièrement automatisé et nécessite juste une phase de réglage afin d’optimiser le fonctionnement et la consommation de chaux. Il fonctionne à pression et température atmosphériques et sans machine tournante. La chaux utilisée est en outre un matériau facilement disponible sur le marché. Enfin, une économie circulaire se crée avec Picachaux. Le carbonate de calcium peut en effet être valorisé en amendement pour nourrir les sols pauvres en calcaire, mais aussi en complément alimentaire pour les ovins et bovins. « Avec Picachaux, l’agriculteur produira lui-même le carbonate de calcium qu’il aurait dû normalement acheter. Cette logique d’économie circulaire permet ainsi de participer à l’objectif de réduction des coûts et apporte une autre dimension à cette technologie qui peut aider à son acceptation », note Marine Juge. D’autres filières de valorisation sont également étudiées par Engie, notamment les cimenteries où le carbonate de calcium sert à fortifier le ciment. L’industrie papetière l’utilise aussi pour blanchir le papier. Ces filières industrielles pourraient ainsi représenter des solutions pour éviter à l’agriculteur une perte de revenu lorsque ses sols ne nécessiteront pas d’être amendés.

Guerre en Ukraine : des conséquences sur l’énergie en mer Noire

15 07 2024
Olivier Mary

L’invasion militaire de l’Ukraine par l’armée russe a reconfiguré les flux énergétiques dans la région de la mer Noire, espace historique de confrontation géopolitique entre la Russie et l’Union européenne. L’Institut de relations internationales et stratégiques vient de publier un rapport sur ce thème.

Lire la suite

Des incertitudes sur le dimensionnement de Cigéo

05 07 2024
Olivier Mary

L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire a présenté les conclusions du premier volet de son évaluation de sûreté du projet Cigéo. Il conclut que le stockage des déchets nucléaires du parc actuel et des six futurs EPR devrait se dérouler sans problème mais pointe des incertitudes en cas de nouveaux réacteurs.

Lire la suite

Zones d’accélération des EnR : une mise en route complexe

26 06 2024
Léa Surmaire

Alors que l’échéance était fixée en mars dernier, un tiers des communes seulement a défini sa zone d’accélération des énergies renouvelables. Les collectivités font notamment face à un manque d’ingénierie territoriale.

Lire la suite