Une chaufferie verte et économique à Cattenom

05 12 2022
Léa Surmaire
Mairie de Cattenom
Plus d’une tonne de bois, issue exclusivement de forêts gérées durablement, sera engloutie chaque année par la centrale biomasse de 2 MW.

L’an passé, le village de Cattenom — où se trouve quatre réacteurs nucléaires —, s’est doté d’une chaufferie biomasse de 2 MW pour fournir chauffage et eau chaude à 24 bâtiments de l’intercommunalité ou du département et à sept foyers.

«En moyenne, à comparaison égale du prix du mégawattheure, les factures d’énergie ont baissé de 30 à 40 %. Si l’on prend en compte les prix actuels du marché, ce serait même 70 % », se réjouit Bernard Zenner, le maire de Cattenom. Depuis septembre 2021, une chaufferie bois d’une puissance de 2 MW est en marche. Elle fournit 99 % des besoins en chauffage et eau chaude sanitaire aux 23 bâtiments de la Communauté de communes de Cattenom et Environs, ainsi qu’au collège et à sept maisons individuelles. 

Bilan : un rejet de 400 tonnes de CO2 évité par an, en comparaison à un réseau de chaleur alimenté uniquement au gaz. Le projet a déjà une dizaine d’années.

« Avec les politiques publiques (fermeture de Fessenheim et programmation d’arrêt d’autres réacteurs) annoncées, nous nous doutions que le prix de l’énergie allait augmenter. L’idée de la chaudière biomasse est arrivée parce que nous avons une forêt dans le village, que nous exploitons, et cela nous permettait de rentrer dans le cercle vertueux des énergies renouvelables puisque les arbres absorbent le CO2 rejeté par la combustion », se remémore Bernard Zenner.

Après un premier appel d’offres infructueux en 2013, la commune propose de mettre la main à la poche. Dans le deuxième appel d’offres, en 2019, elle prévoit une prise en charge de 300 000 euros pour la construction de la chaudière et du réseau. Trois entreprises concourent, dont Idex, finalement désignée pour la conception, l’exploitation et la maintenance du réseau pendant 24 ans dans le cadre d’une délégation de service public.

Devant « l’engouement des riverains » selon le maire, la puissance du projet, auparavant de 1 MW, a été doublée, et la prise en charge communale étendue à 400 000 €. Finalement, la chaufferie a coûté 2,8 millions €, dont une moitié assumée par l’Ademe et par le fonds européen Feder.

À cela s’ajoute 1 M€ pour le remplacement des chauffages électriques, la mise en place d’un circuit secondaire de chaleur puis d’échangeurs de chaleur dans plusieurs bâtiments communaux. Aussi, huit chaudières fioul et une fonctionnant au gaz ont été supprimées. Pour ces bâtiments, seule l’installation d’échangeurs de chaleur était nécessaire. Le réseau mesure 1,5 kilomètre et dessert 22 sous-stations.

Du bois local

Annuellement, la chaufferie consomme 1 100 tonnes de bois (bois de scierie, bois déchet et plaquette forestière). Selon Idex, il est exclusivement issu de forêts « gérées durablement » et situées dans un rayon de 50 km autour de Cattenom.

« La commune fournit du bois brut à l’intercommunalité, qui le transforme en plaquettes et l’achemine. Il est vendu 50 € le mètre cube à Idex. Si la commune n’a pas de matière première disponible, c’est la Communauté de commune qui s’en charge, il coûtera alors 55 € le m3. Toutefois, pour éviter la « distorsion de concurrence », l’intercommunalité ne peut alimenter les chaufferies biomasse de son territoire qu’à hauteur de 20 % de matières premières. Idex doit donc également s’approvisionner ailleurs », expose Bernard Zenner.

En guise d’appoint, l’installation fonctionne avec une chaudière fioul de 800 kW. En effet, la commune de Cattenom ne bénéficie pas d’accès à un réseau gaz, à cause de sa proximité avec la centrale nucléaire, située dans le village même.

Double filtration
Durant la combustion, pour limiter le rejet de polluants dans l’air, les poussières sont filtrées deux fois : le filtre multicyclone retient les plus grosses particules et celles encore incandescentes ; l’électrofiltre les plus fines. « Ainsi, nous respectons le seuil règlementaire d’émissions de 50 mg/m3 de poussières », indique Francis Moussu, directeur régional Est d’Idex. Les cendres restantes sont ensuite traitées puis distribuées auprès des agriculteurs locaux pour épandage afin de fertiliser leurs sols.

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