Un quartier d’Issy chauffé et refroidi grâce à la géothermie

15 05 2022
Olivier Mary
Altarea

Le complexe Issy Coeur de ville, en cours de construction à Issy-les-Moulineaux sur plus de 100 000 m², se veut exemplaire. Énergie, végétalisation, mobilités et gestion de l’eau ont été pensées pour le rendre peu émetteur en carbone. Le réseau géothermique développé par Engie Solutions alimente ses besoins en chaleur et en froid à plus de 70 %.

Avec 607 logements, 17 000 m² de commerces et presque 41 000 m² de bureaux, soit un total de plus de 100 000 m², le complexe Issy Coeur de ville qui est actuellement en cours de construction au centre d’Issy-les-Moulineaux est un chantier de grande ampleur. Conçu et développé par Altarea et la municipalité, il a débuté en avril 2019 et devrait se terminer cet été. Il est bâti sur l’ancien site du centre de recherche et développement de France Télécom. Les porteurs de projet ont souhaité que ce nouveau quartier piéton émette le moins possible de carbone. Pour atteindre cet objectif, ils ont choisi de mettre en œuvre une boucle géothermique développée par Engie Solutions. Elle fournira à l’ensemble 73 % de ses besoins en chaleur et en froid.

Besoins en chaleur et en froid

Le système puise par l’intermédiaire de quatre puits dans la nappe phréatique présente à 35 mètres de profondeur une eau dont la température oscille entre 14°C et 16°C. Cette eau passe ensuite dans quatre thermofrigopompes qui produisent selon les besoins en chaud (pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire) ou en froid. Trois circuits indépendants acheminent cette eau. Un est dédié à l’acheminement de l’eau géothermale. Il fonctionne au côté d’un circuit horizontal et d’un autre vertical. Ces trois installations échangent des calories entre eux mais leurs eaux ne se mélangent donc pas. L’eau est ensuite réinjectée dans la nappe phréatique via un puits de réinjection.
De plus, un système de stockage de glace a été mis en place. Concrètement, le stockage de nodules, sortes de « billes » qui se chargent en froid, permettra d’accumuler de la fraicheur la nuit pour injecter dans le réseau lorsque celui-ci est fortement sollicité en froid, par exemple lors d’épisodes caniculaires. 160 m3 de glace sont stockés à une température de - 5°C. Le réseau de huit kilomètres produira 5 GWh de chaleur et 3 GWh de froid par an. Le tout en économisant 90 % de fluides frigorigènes par rapport à une climatisation classique.

Renouvelables et efficacité énergétique

Pour émettre le moins possible, le fluide utilisé est le R-1234ze. Cet hydrofluoroléfine (HFO) remplace le R-134a, un hydrofluorocarbure (HFC) désormais interdit. Son pouvoir de réchauffement global (PRG) est de 7, bien plus bas que celui du R-134a qui s’élève à 1 430. La géothermie est complétée par deux chaudières à gaz d’une puissance cumulée de 1,9 MW. Engie Solutions a investi 8,6 millions d’euros pour installer ces équipements, dont 532000 euros proviennent d’une subvention de l’Ademe. À moyen terme, « un système de récupération de chaleur La boucle géothermique développée par Engie Solutions fournira 73 % des besoins en chaleur et en froid à l’ensemble du complexe Issy Coeur de ville. fatale sur des datacenters complètera l’ensemble », précise Christelle Rougebief, directrice d’Engie Solutions Île-de-France.
Le nouveau quartier produira aussi de l’électricité. « Des panneaux solaires photovoltaïques seront installés sur les toitures des immeubles de bureaux. Ceux-ci seront d’ailleurs à énergie positive », mentionne Dominique Goudard, directeur du projet Issy Coeur de ville chez Alterea. Pour économiser au maximum l’énergie, l’enveloppe des bâtiments est bioclimatique. Les logements atteignent d’ailleurs un niveau de performance RT -10 %. Une ventilation performante double flux à variation électronique de vitesse équipe les bâtiments. Des luminaires LED ont été installés dans les habitations, les bureaux, mais aussi dans les parkings souterrains et en extérieur. Les ascenseurs des immeubles sont également moins énergivores car ils sont équipés de systèmes de récupération d’énergie. Enfin, 13 000 m² d’espaces verts ont été plantés, dont 7 000 m² de forêt urbaine. La mairie a l’intention de solliciter le label éco-quartier pour ce projet.

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