Salaisons du Lignon booste son efficacité énergétique

15 10 2024
Philippe Bohlinger
© Ph. Jacob/A. Goulard
L’entreprise Salaisons du Lignon vise une réduction de 1,2 % de la consommation électrique de son site de Saint-Maurice-de-Lignon en 2024.

Décrochée en 2023, la certification ISO 50001 a permis à Salaisons du Lignon, filiale du groupe Agromousquetaires, d’être mieux armée pour mettre en musique une stratégie de management de l’énergie.

Il n’y a pas d’âge pour apprendre. Du haut de ses 92 ans, l’entreprise Salaisons du Lignon, en Haute-Loire, continue de progresser notamment grâce à son engagement dans la certification ISO 50001 pour le management de l’énergie. Ce spécialiste des produits de charcuterie et salaison, filiale du groupe Agromousquetaires, a économisé 1,2 GWh depuis sa certification en mai 2023, soit un gain de 220 000 euros, pour un investissement total de 92 000 €.

« Nous ne partions pas de zéro », insiste Julien Desage, le responsable maintenance de Salaisons du Lignon, en référence à l’attention historique de l’entreprise de 228 salariés à optimiser ses consommations de gaz et d’électricité. À Saint-Maurice-de-Lignon, le plus important des deux sites de production, un système de récupération de la chaleur fatale sur les groupes froids à ammoniac fournissait déjà la chaleur nécessaire aux laveuses agroalimentaires, en remplacement de résistances électriques. L’usine, qui consomme chaque année 12 GWh d’électricité, a toujours suivi sa consommation mais à un niveau global, sans avoir les détails par usage (production de chaud, de froid, de vapeur, etc.) ou par machine. Un nouveau regard, plus précis, était par conséquent indispensable dans un contexte de forte tension sur le marché de l’énergie.

Ratios peu pertinents

« Historiquement, nous avions mis en place des ratios en kilowattheure par tonne fabriquée. Mais cet indice n’est pas extrêmement pertinent, car les opérations de transformation diffèrent fortement selon les produits : pour les salaisons tranchées, l’opération principale, le tranchage, demeure peu énergivore. De plus, elle est réalisée grâce à des équipements très modernes. En revanche, la fabrication de saucissons demeure, elle, très consommatrice d’énergie. Il faut stocker la viande, fabriquer la pâte, embosser le mélange dans un boyau, étuver et sécher le tout », illustre Julien Desage.

Cet ancien technicien de maintenance a suivi une formation d’un an à partir de septembre 2020 à l’Institut supérieur des techniques productiques (ISTP) de SaintÉtienne (Loire). Son mémoire sur « le management de l’énergie », soutenu en fin de cursus l’a fortement aidé à mettre en oeuvre l’ISO 50001. En parallèle, un de ses adjoints a suivi Prorefei. Porté par l’Association technique énergie environnement (ATEE), ce programme de montée en compétences est dédié aux « référents énergie », autrement dit les salariés en charge de l’énergie dans l’industrie.

Les planètes étaient donc alignées pour l’industriel de l’agroalimentaire. D’autant plus alignées que son responsable sécurité-environnement avait été formé à la certification ISO 50001 lors de ces précédentes fonctions. En outre, Agromousquetaires avait engagé une politique d’économie d’énergies sur ses 59 usines de fabrication en France.

L’équipe technique énergie du groupe a donc accompagné Salaisons du Lignon sur l’optimisation énergétique comme elle le fait pour les autres sites. « À l’heure actuelle, trente sites représentant 87 % de la consommation d’énergie du groupe ont été certifiés. Cela représente une économie de 1 % d’énergie par an depuis 2018 », note Mélissande Le Cloirec, cheffe de projet Énergie chez Agromousquetaires.

Rapidement l’entreprise fait le constat de ses lacunes en termes de précisions dans le comptage de ses consommations d’électricité et investit 50 000 € pour équiper ses deux sites. Pour être accompagnée dans sa stratégie de réduction de son bilan carbone, elle a en outre déployé la solution logicielle de la société Dametis choisie par Agromousquetaires. « Cette solution simple à paramétrer nous donne des informations en continu et au jour le jour sur les données de l’usine, avec la possibilité de paramétrer des alertes par SMS ou WhatsApp. Elle permet d’établir des corrélations bien plus rapidement qu’avec des tableaux Excel », se félicite Julien Desage.

Un suivi continu

Pour mettre en musique l’ISO 50001, une équipe énergie a été mise sur pied associant le directeur, le responsable maintenance et ses trois adjoints, le responsable production, le responsable travaux neufs et amélioration continue, ainsi que le responsable sécurité et environnement. Ensemble, ils travaillent à sensibiliser les salariés en organisant des visites « terrain » une fois par trimestre (1 heure de visite terrain, 2 h de réunion) à l’image des pratiques existantes en matière de sécurité. Des points sur l’énergie ont également lieu avec le comité opérationnel toutes les semaines et le comité de direction tous les mois.

Effacement des consommations

De cette nouvelle organisation résulte une politique énergétique ambitieuse qui a pour objectif d’abaisser de 1,2 % la consommation électrique du site de Saint-Maurice-de-Lignon en 2024. L’entreprise compte notamment sur l’optimisation de ses séchoirs avec un décalage heure pleine-heure creuse. « Nous coupons la ventilation pendant les pics de consommation entre 20 heures et 21 heures, ce qui permet de réduire notre consommation d’énergie tout en basculant d’heure pleine en heure creuse, le tout sans altérer la qualité de nos produits. De plus, nous avons signé un contrat d’effacement électrique pour 300 à 400 kW avec l’opérateur spécialisé Enerdigit. Si l’équilibre du réseau le nécessite, nous pouvons nous effacer entre 20 et 22 heures en étant prévenus la veille », complète le responsable maintenance. L’entreprise a bénéficié de l’aide du Programme PRO-SMEn qui incite les entreprises de toutes tailles à mettre en œuvre un système de management de l’énergie selon la norme ISO 50001. Une prime allant jusqu’à 40 000 euros est attribuée sur demande une fois le certifi cat ISO obtenu.

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