Le soleil chauffe la ville de Pons

15 07 2022
Olivier Mary
Newheat

Une centrale solaire thermique alimente depuis un an le réseau de chaleur de la ville de Pons. Elle vient compléter une chaufferie biomasse et remplace en partie des chaudières à gaz. Grâce à cette nouvelle installation, le réseau atteint un taux d’énergie renouvelable d’environ 90 %.

Depuis 2010, la ville de Pons, en Charente-Maritime, est équipée d’un réseau de chaleur. Géré jusqu’en 2032 par Dalkia dans le cadre d’une délégation de service public, il est alimenté depuis le départ par une chaufferie biomasse de 2,5 MW qui brûle des plaquettes forestières et des déchets de bois non traités. Il dessert en chauffage et en eau chaude sanitaire trois établissements scolaires (dont le lycée Émile Combes et son internat, plus grand consommateur de la ville), ainsi que le centre de secours SDIS 17, la salle des fêtes, l’hôtel de ville, la piscine, le gymnase et des foyers pour étudiants et retraités.

La chaufferie bois couvre la majorité de la consommation en hiver mais arrive à son minimum technique en été : trois chaudières à gaz (deux de 1,4 MW et une de 2 MW) prennent alors le relai entre mai et septembre. C’est pour se passer de gaz pour des raisons économiques et écologiques qu’une centrale solaire thermique a été mise en service par Newheat en juillet dernier sur une friche jouxtant la chaufferie de Dalkia. L’entreprise bordelaise est également en charge de son exploitation pour les 25 prochaines années. Depuis l’installation de la centrale, le réseau de chaleur atteint un taux d’énergie renouvelable de 90 % sur l’année, contre 73 % auparavant.

Des panneaux montés sur trackers

L’installation se compose d’un champ de panneaux et d’un local technique. Dans celui-ci, deux pompes envoient de l’eau froide dans un tuyau souterrain qui débouchent au niveau des panneaux. Au nombre de 112, ils représentent une surface de 1800 m² et développent une puissance de 1,4 MW lorsque les rayons du soleil sont le plus efficace. Construits par le fournisseur finlandais Savosolar, ils chauffent l’eau, qui est débarrassée de son calcaire pour éviter d’encrasser les tuyauteries, de 70°C à 90°C. Elle est alors renvoyée vers le local technique, passe dans un échangeur, transfère ses calories à un autre circuit qui l’envoie vers le réseau de chaleur pour alimenter ses abonnés.


La particularité de l’installation est que les capteurs solaires sont montés sur des trackers qui bougent très lentement pour suivre la course du soleil et améliorer le rendement. Newheat avait déjà utilisé cette technologie sur le site de la papèterie de Condat, en Dordogne. « Deux moteurs actionnent des barres de commandes. Elles font tourner une vis sans fin qui fait pivoter les capteurs. Grâce à ce système nous produisons environ 20 % de plus par rapport à une installation fixe », détaille Pierre Delmas, cofondateur et directeur technique de Newheat. Les capteurs valorisent également le rayonnement diffus. Il n’y a donc pas forcément besoin d’un ensoleillement maximal pour générer des calories. La production attendue est chiffrée entre 1000 et 1100 MWh par an. Et elle est particulièrement décarbonée : les émissions de la centrale s’élèvent à 12 g de CO2 par kWh seulement sur l’ensemble de sa durée de vie. Installer les capteurs sur trackers a aussi un intérêt pratique. « Lorsqu’il y a des opérations de maintenance nous pouvons positionner la structure dos au soleil pour couper totalement la production », ajoute Pierre Delmas.

Cuve de stockage

L’autre originalité de cette installation est l’utilisation d’une cuve de stockage d’eau chaude. D’un volume de 500 m3, elle représente environ cinq jours de production solaire maximale. Newheat peut donc envoyer l’eau vers la cuve afin d’alimenter le réseau de chaleur plus tard le soir et pendant la nuit grâce aux calories produites en trop grande quantité durant la journée. Il est aussi prévu de stocker prochainement de la chaleur issue de la centrale biomasse de Dalkia. Cette cuve est associée à un appareil dédié à la production d’azote. Il comprime de l’air, lui retire son oxygène, et stocke l’azote restante dans une cuve tampon. « Ce gaz est alors injecté dans le haut de la cuve pour éviter que de l’oxygène passe dans l’eau et entraine des phénomènes de corrosion dans la tuyauterie », explique Pierre Delmas.


Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une opération de financement organisée par Newheat en 2020 portant sur cinq centrales de production de chaleur solaire et récupération, comprenant la mise en place d’un financement bancaire global d’un montant de 13 millions d’euros. À lui seul, il a nécessité 1,3 M€ d’investissement. Il est lauréat de l’Appel à projet « Grandes installations solaires thermiques » du Fonds chaleur de l’Ademe, qui lui a permis de bénéficier d’un soutien financier pouvant s’élever jusqu’à 580 000 € selon ses performances. Le projet a également bénéficié d’une aide financière de la Région Nouvelle-Aquitaine d’un montant de 167 500 €.

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