Garder au chaud nos amis les insectes, avant de les manger

15 12 2021
Clément Cygler
Pingat
Les premières productions du site industriel porteront sur l’élevage et la transformation de la mouche soldat noire, qui présente plusieurs avantages, notamment un cycle de développement court.

D’ici le second semestre 2022 devrait être mis en service le premier site industriel d’élevage et de transformation d’insectes d’Agronutris en France. L’ensemble des installations énergétiques seront financées, construites et exploitées par Engie Solutions.

Sous l’effet de la croissance démographique continue, la Terre devrait être peuplée de près de 9 milliards de personnes à l’horizon 2050. Pour répondre aux besoins de cette population, une hausse de la production alimentaire humaine et animale est attendue, avec son lot d’impacts sur l’environnement tels que la pénurie de terres agricoles, la raréfaction des ressources hydriques ou encore l’augmentation de la consommation d’énergie. Contenant des protéines, des vitamines et des acides aminés essentiels aux animaux comme aux humains, les insectes comestibles pourraient être l’une des réponses à cet enjeu alimentaire de demain.

Et c’est le pari d’Agronutris, créée dix ans auparavant et spécialisée dans l’élevage et la transformation de nos cousins à six pattes. Mais si la start-up basée dans les Ardennes est le premier acteur européen à avoir obtenu l’autorisation en janvier 2021 de commercialiser des insectes pour l’alimentation humaine, c’est avant tout sur l’animal qu’elle concentrera sa production (aquaculture et petfood) pour cette décennie. L’ouverture de 9 sites pour ce marché est ainsi envisagée d’ici 2029. La construction de la première usine de 16 000 m2 vient en outre de débuter à Réthel.

Chaleur décarbonée

Mouches noires
©Pingat

Pour ce site, Agronutris s’est associée avec Engie Solutions pour le financement, la construction et l’exploitation de l’ensemble des installations énergétiques. L’élevage et la transformation d’insectes en farine et en huile nécessitent en effet de nombreuses mécaniques : de la chaleur, du froid, de l’air comprimé ou encore de la vapeur. Pour les besoins de chaleur, le choix d’une source renouvelable et décarbonée s’est naturellement imposée. Alimentée par des plaquettes forestières issues d’une filière d’approvisionnement locale (rayon de moins de 100 km), une chaufferie bois d’une puissance de 2 MW fournira ainsi près de 20 GWh/an de chaleur utile sous forme de vapeur. Engie Solutions sera également chargée de la production 7 GWh/an de froid sous forme d’eau glacée. Des systèmes de récupération de chaleur seront mis en place sur les groupes froid et les calories collectées seront valorisées pour l’eau chaude sanitaire de l’usine. Au total, ces équipements permettront d’éviter l’émission annuelle de 2 690 tonnes de CO2 par rapport à une installation traditionnelle au gaz.

Gestion énergétique

Construction 3D
©Pingat

L’investissement de 14 millions d’euros pour ces installations énergétiques sera porté par Engie Solutions qui en assurera l’exploitation pendant vingt ans. « Un contrat de fourniture et de gestion d’énergie a été signé, à travers une part fixe et des charges variables sur la consommation énergétique avec un certain nombre d’engagements et d’objectifs définis préalablement », indique Damien Terouanne, directeur général délégué d’Engie Solutions. Pour Mehdi Berrada, co-fondateur et président d’Agronutris, cette gestion énergétique est primordiale et fut au centre des discussions entre les deux partenaires. « L’élevage des insectes nécessite à la fois des conditions précises d’humidité et de température. La maîtrise de ces paramètres est un enjeu important pour garantir une production de 70 000 tonnes d’intrants fin 2023 ». Le volet énergétique de ce projet a reçu le soutien du Fonds chaleur de l’Ademe et a été lauréat de l’appel à projet France Relance. Sur les 14 millions d’euros, Engie Solutions a ainsi bénéficié, en prenant en compte les aides du dispositif des certificats d’économie d’énergie (CEE), d’environ 20 % de subventions.

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